santé5 choses à savoir sur le Truvada

Par Luc Biecq le 07/01/2016
Truvada
Autorisé en France en prévention, le Truvada est prescrit à des personnes séronégatives, pour réduire le risque de transmission du VIH. Gilles Pialoux, professeur en maladies infectieuses et chef de service des maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital Tenon à Paris, nous dit tout.

1 La PrEP, c'est quoi ?

La PrEP (prophylaxie pré-exposition), c'est quand une personne séronégative prend un traitement dans l'objectif de réduire le risque d’être infectée par le virus. Gilles Pialoux précise que c'est différent du traitement post exposition (TPE) aussi appelé traitement d'urgence, pris après un rapport à risque. La PrEP est un outil de prévention supplémentaire, très efficace. Personne ne doit vous juger si vous décidez que c'est pour vous. A San Francisco, la PrEP a permis de faire baisser le nombre de nouvelles contaminations chez les gays.

2 Le Truvada, c'est pour qui ?

La PrEP (le Truvada, un médicament remboursé) s'adresse « à ceux qui s'estiment à risque, à ceux qui utilisent mal le préservatif et bien sûr à ceux qui ne l'utilisent pas. » Dans la consultation ouverte à l'hôpital Tenon, le professeur Pialoux reçoit tous ceux qui le souhaitent. Ce médicament préventif est également prescrit au conjoint séronégatif des personnes nouvellement dépistées séropositives au VIH. L'idée, c'est de réduire la contamination dans le couple, le temps nécessaire aux trithérapies pour « écraser » la charge virale (le virus présent dans le sang) et rendre le séropo non contaminant. Ça peut prendre jusqu'à 6 mois.

3 Quelles sont les contraintes ?

Prendre du Truvada en prévention, c'est accepter de consulter un professionnel de santé habilité. C'est faire des prises de sang régulières, afin de surveiller les effets secondaires (réels et connus, la molécule est sortie il y a plus de 10 ans). C'est aussi se faire dépister pour le VIH et les autres infections transmissibles sexuellement (IST), en forte hausse chez les gays. « A l'hôpital Tenon, ça dure au moins une heure, avec un médecin et un militant de Aides. C'est une véritable consultation de santé sexuelle, avec dépistage et traitement des IST et prise en charge des addictions si besoin » précise le médecin. « L'idée n'est pas de se transformer en distributeur de Truvada » insiste-t-il. Les personnes (gays et bi principalement) ne sont pas jugées. « On adapte la prévention aux pratiques » explique l'expert. Lors de cette consultation, le médecin décide avec vous du mode de prise (quotidien ou à la demande). L'efficacité est très élevée, à condition de comprendre comment ça fonctionne et comment on le prend.

3 Où s'en procurer ?

Pour le moment, au moins 5 services d'infectiologie ont choisi d'ouvrir une consultation dédiée (deux à Paris, à l'hôpital Tenon et à l'hôpital Saint Louis, un à Lyon, un à Marseille, un à Nice). Un groupe Facebook, où l'on retrouve beaucoup de militants de l'association AIDES, délivre des informations à ce sujet (PrEP'Dial). Au début de le semaine, les médecins hospitaliers spécialistes du sida ont reçu une notification de l’Agence nationale de sécurité des médicaments (ANSM), leur signalant que le Truvada était désormais disponible en recommandation temporaire d’utilisation. « Tous les CEGIDD (Centre Gratuit d’Information, de Dépistage et de Diagnostic) seront habilités à délivrer le Truvada en prévention, certains ne seront sans doute pas prêts avant mars ou avril. » L'Agence régionale de santé Ile de France vient de mettre on line une liste des CEGIDD sur la région, disponible ici.

4 Faut-il se débrouiller sans consulter ?

Non. Le plus judicieux, c'est de se rendre dans l'une des cinq consultations françaises pour bénéficier d'une consultation spécialisée, car votre généraliste n'est pas autorisé à cette prescription. Se lancer dans la PrEP tout seul n'est pas une bonne idée. « Acheter du Truvada sur Internet, c'est comme acheter de la drogue. Vous ne savez pas ce qu'il y a dedans, ni comment c'est dosé » rappelle Gilles Pialoux. Avouez que ça serait dommage.