mariageNicolas Sarkozy vire sa cuti

Par Jérémie Lacroix le 05/02/2016
Sarkozy

Sarkozy vire sa cuti. Vraiment, me direz-vous plein de doute et de circonspection ? "Virer sa cuti", c'est peut-être un peu fort de café, je vous l'accorde. Alors, disons plutôt qu'il est versatile. Vous avez bien entendu : versatile ! (Carla n'a qu'à bien se tenir).

Car, bien que les règles d'orthographe viennent de connaître une réforme historique, il y a encore, en France, des choses immuables telles les définitions. Et que nous apprend le Larousse quant à la définition du mot versatile : "Qui change facilement d'opinion, qui est sujet à des volte-face subites".

Au regard des déclarations de Nicolas Sarkozy sur le mariage pour tous, dans l'émission Des Paroles et des actes, diffusée hier soir sur France 2, il semble que cette définition le caractérise à merveille. En effet, le candidat Républicain, a déclaré avoir compris ses erreurs et regretté de ne pas avoir autorisé l'union civile des couples homosexuels durant son mandat.

Pourtant, en 2013, Sarkozy, comme une majorité de la droite, s'était fermement opposé à la loi Taubira. Opposition qui, en 2014, s'était transformée, face aux militants réunis lors d'un meeting de Sens Commun, en une volonté manifeste de réécrire la loi : "La loi Taubira doit être réécrite de fond en comble". Et de déclarer face à la ferveur des sympathisants : "Ca ne sert à rien de dire qu'on est contre la GPA et la PMA si on n'abroge pas la loi Taubira". On en prend bonne note !

Mais Nicolas Sarkozy a "changé", nous rappelle-t-il à l'envie. Au point de faire preuve d'une empathie à l'égard des couples LGBT, que nous aurions aimé découvrir il y a quelques années certes, mais qui hier soir nous prend à la gorge tant l'émotion et la sensibilité sont palpables :

"Je n’ai pas toujours mesuré la douleur qu’il y avait derrière. L'amour a besoin d'une reconnaissance sociale. J'ai toujours cru qu'on ne choisissait pas son identité sexuelle. On ne la choisit pas, on choisit de l'assumer. C'est une affaire difficile et sensible qui engage la souffrance de beaucoup de personnes"

L'émission est également l'occasion, pour lui, de revenir sur les raisons de son opposition à la loi sur le mariage pour tous. A l'époque, il craignait que la loi ne règle pas les problèmes de filiation engendrés par cette nouvelle législation. De plus, il considérait que les français n'auraient pas compris que le gouvernement se saisisse de cette question alors que leurs attentes, vis-à-vis d'une reprise économique et d'une baisse du chômage, étaient criantes.

Le style rhétorique auquel se prête Nicolas Sarkozy à travers son livre confession La France pour la vie, paru le 25 janvier dernier, est politiquement louable mais risqué. A vouloir contenter la chèvre et le chou, il pourrait décevoir une partie de ses soutiens, sans pour autant rassembler les déçus ou les indécis. Souhaitons lui de trouver sa voie d'ici aux primaires Républicaines, qui devraient se tenir les 20 et 27 novembre prochains.

En tout cas, une chose est sûre "On ne démariera pas".