enquêtePremière enquête de grande ampleur sur la bisexualité

Par Jérémie Lacroix le 11/02/2016
bisexualité

SOS Homophobie, Act Up-Paris, Bi’Cause et le MAG Jeunes LGBT ont mené une enquête nationale sur la bisexualité. Partant du constat que la question était peu, si ce n'est pas du tout, traitée par les médias et que la visibilité des personnes bisexuelles était pratiquement nulle que ce soit dans la société en général ou dans le milieu LGBT en particulier, il leur a semblé urgent de collecter des données pour mieux comprendre le rapport à la bisexualité et mieux combattre la biphobie.

L'orientation sexuelle des répondants a volontairement été demandée car la bisexualité semble générer de nombreuses craintes tant chez les hétérosexuels que sur les homosexuels. Cela permettant d'affiner l'analyse de la perception de chacun. Les personnes LGBT sont-elles plus ouvertes à l'acceptation de la bisexualité que les personnes hétérosexuelles ? Le genre a également été pris en compte car tout aussi déterminant dans la perception de la bisexualité. La bisexualité masculine et la bisexualité féminine n'étant pas perçues de la même manière. L'une serait-elle plus acceptable ?

L'enquête cherche donc à donner une meilleure visibilité aux personnes bisexuelles, à questionner les gens sur leur conception de l'orientation sexuelle et du genre dans la société.

On apprend ainsi que 85% des sondés répondent que la bisexualité est une orientation sexuelle comme les autres, ce qui est plutôt rassurant bien que le détail de l'étude nuance les réponses suivant les critères précédemment cités et démontre que de nombreux clichés subsistent encore (effet de mode, libido démesurée...).

La présence connue de bisexuels dans l'entourage des répondant est également questionnée. Dans 76% des cas il s'agit d'un ami. C'est chez les lesbiennes qu'il y le plus fort taux de personnes connaissant des bisexuels (83%) alors qu'il est de 69% chez les gays et de 65% chez les hétérosexuels. Tout ceci est lié à la perception que les gays peuvent avoir des bisexuels (indécis, refoulé...) et par le manque de visibilité que ces derniers ont dans les médias. Les hétéros fréquentant moins les milieux LGBT et étant moins au courant de cette culture, leur réponse est plus facilement explicable.

Les hétéros sont les moins enclins à envisager la possibilité d'une relation avec un bi (57%) alors qu'il semble que l'orientation sexuelle soit beaucoup moins déterminante pour les lesbiennes et les gays, avec un taux respectif de 77 et 83%. Cependant, de nombreuses craintes resurgissent notamment sur la capacité à satisfaire son partenaire, sur sa fidélité...

Enfin, toute orientation et genre confondus, les répondant déclarent à 73% que les bisexuels peuvent être discriminés en raison de leur orientation.

L'enquête démontre clairement que, bien que la bisexualité soit vue comme une orientation sexuelle à part entière, elle n'en reste pas moins source de discrimination et de préjugés. Actuellement, aucune étude ne démontre que les pratiques et comportements diffèrent chez les bisexuels par rapport aux autres orientations sexuelles.  Une meilleure visibilité et une sensibilisation dès le plus jeune âge est essentielle pour lutter contre la biphobie et détruire les stéréotypes dont sont encore victimes les bis.

Cet article résume brièvement les analyses et conclusions de l'enquête menée par SOS Homophobie. Nous vous invitons à consulter leur site pour plus de détails chiffrées, d'informations et d'analyses : http://www.sos-homophobie.org/sites/default/files/rapport_bisexualite_2015.pdf.