LGBTphobieCreuse : le couple de boulangers victime d'homophobie s'est confié à TÊTU

Par Jérémie Lacroix le 29/02/2016
David Laurent boulangers Creuse

Un couple de boulangers de la commune de Saint-Pierre-Bellevue, dans la Creuse, a été victime d'homophobie. Nous les avons contacté pour qu'ils nous racontent leur histoire.

David et Laurent tenaient un boulangerie/patisserie à Paris, revendue il y a quelques années. Après un break de six mois, ils décidèrent de reprendre leur activité, en Creuse cette fois. En effet, une petite annonce retint leur attention. Une boulangerie était en attente de repreneur dans le petit village de Saint-Pierre-Bellevue, en Creuse. Ils déposèrent alors leur candidature auprès de la mairie, propriétaire du local et du matériel.

Lorsqu'ils se rendirent en mairie il y a un peu plus de 2 ans pour connaître la décision du conseil municipal, ils n'imaginaient pas être retenus parmi les autres couples hétérosexuels ayant également postulé. En effet, d'après David et Laurent : "cinq à six conseillers paraissaient assez rustres et peu enclins à louer la boulangerie à un couple d'homos". Cependant à leur grande surprise, ce sont eux qui ont été choisis car ils pouvaient commencer très rapidement.

Cette nouvelle aventure est un succès phénoménal et les habitants semblent ravis. "On fait tout nous-même. Il y a même des gens de Limoges qui viennent acheter nos patisseries. C'est génial ! ", s'exclame Laurent.

Cependant, certains actes homophobes viennent entacher leur réussite. La pancarte de la boulangerie est vandalisée, des insultes sont proférées à leur encontre, laissant les habitants perplexes. Mais David et Laurent n'y prêtent guère attention, préférant continuer à apporter satisfaction à la majorité des gens qui les soutiennent.

Les vrais ennuis commencent lorsque six conseillers, sur les onze que compte la commune, signent un manifeste reprochant aux deux commerçants d'être "arrogants, méprisants...", de ne pas accepter les règles, notamment en terme d'horaires, que les conseillers jugent insatisfaisants. Pour David et Laurent, autant de prétextes fallacieux pour les déloger. Verdit : leur bail ne sera pas renouvelé.

C'était sans compter la mobilisation incroyable des habitant du village et de la région. La pétition, mise en place pour les soutenir, récolte 900 signatures dont celles des maires des communes avoisinantes, également parties prenantes dans la boulangerie/patisserie, ainsi que celle d'un sénateur. Le maire de la commune est même de leur côté, considérant que leur présence est positive pour le village, qu'elle est un signe d'ouverture et que les deux commerçants font tout simplement du bon travail, qu'ils sont sympathiques. Cependant, l'édile ne peut aller à l'encontre de l'avis exprimé par la majorité du conseil municipal.

Mais revirement de situation. L'un des signataires du manifeste se rétracte, n'ayant, semble-t-il, pas mesuré la portée des attaques personnelles dont ils faisaient l'objet. La mairie continuera donc à leur louer le local, pour un bail commercial classique de 3, 6 et 9 ans. David et Laurent sont soulagés et peuvent continuer leur activité sereinement. Surtout qu'ils sont tombés amoureux de la Creuse et ne souhaitent vraiment pas en partir.

D'ailleurs, ils nous ont fait une petite confidence. Leur mariage sera célébré dans la mairie du village pour remercier les habitants et le maire de leur soutien. Nous leur souhaitons tout le bonheur du monde.