Suisse : un ado de 15 ans envoyé en thérapie de conversion

Par Jérémie Lacroix le 14/03/2016
thérapie de conversion

Un jeune helvète a été envoyé en thérapie de conversion dès l'âge de 15 ans et ce pendant une dizaine d'années. Aujourd'hui, il raconte les dégâts psychologiques occasionnés par de telles pratiques.

A.B, jeune homme aujourd'hui âgé d'une trentaine d'années, a grandi dans les milieux évangélistes, dans lesquels l'homosexualité est considérée comme une abomination menant directement en enfer. Pour traiter cette "maladie", il a été envoyé en thérapie de conversion dès l'âge de 15 ans, comme de nombreux autres jeunes de sa communauté. Le but étant de le débarrasser de ses penchants condamnables et d'arriver, ainsi, à construire une relation avec une femme.
Pour y parvenir, pas de décharges électriques sur les parties génitales comme c'est le cas en Chine ou d'examens anaux comme pratiqués en Egypte mais un lavage de cerveau sur la durée et des mises en situation perverses. Vous n'aimez pas le foot ? Alors vous intégrerez une équipe afin de fréquenter des hommes dans une situation non-sexuelle, raconte A.B au journal suisse Schweiz am Sonntag.
Un autre moyen pour soigner cette "déviance" consiste à déconstruire la vision que le jeune peut avoir des hommes dont il est tombé amoureux ou à tenter de susciter le désir érotique pour le sexe opposé. Bien évidement, "ça ne marche pas comme ça", explique A.B. Et d'ajouter :

J’ai fini par me rendre compte que tout cela était une arnaque et j’ai cessé cette thérapie. Mais il m’a fallu au moins un an pour m’en remettre.

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Des pratiques inefficaces, dangereuses voire mortelles

En effet, les dégâts psychologiques, occasionnés par de telles pratiques, sont profonds et persistants. L'adolescent, qui n'avait jusqu'alors aucun problème, perd toute estime de soi, se sent rabaissé, nié dans ce qu'il est. "On te fait haïr ce que tu aimes" déclare le jeune helvète.
En Suisse, de nombreuses associations s'élèvent pour que ces thérapies pseudo-scientifiques soient interdites, surtout pour les mineurs, sous peine de poursuites judiciaires. Un des membres de l'association suisse Pink Cross enjoint le gouvernement fédéral à se saisir de la question :

L’Etat doit intervenir pour mettre fin à ces pratiques sauvages de la part des fondamentalistes au sein des Eglises protestantes et catholiques.

A titre d'exemple, la société américaine de psychiatrie condamne ce type de thérapies, jugeant ces dernières inefficaces, dangereuses voire mortelles. Alors que la Californie ou le Brésil ont interdit de telles pratiques, elles persistent toujours dans certains États américains, au Royaume-Uni et dans bien d'autres pays.