"Comment pleurent les vrais hommes"

Par Julie Baret le 14/08/2016
What Real Men Cry Like Maud Fernhout stéréotypes du genre

TÊTU a interviewé Maud Fernhout, une photographe hollandaise qui travaille sur les stéréotypes de genre dans "What Real Men Cry Like".

Qui ne s'est jamais entendu dire "sois un homme" ou encore "un garçon, ça ne pleure pas" ? Maud Fernhout, une étudiante islandaise de 19 ans, entend bien bousculer ces stéréotypes grâce à la photographie. L’œil vissé derrière son objectif, elle balaie les clôtures érigées entre hommes et femmes et revisite cette dualité imposée dans une première série intitulée "What Real Women Laugh Like" (comprendre : à quoi ressemblent les vraies femmes qui rient) :

J'ai choisi de photographier des femmes qui rient car dans les médias, les mannequins ne sourient presque jamais et ne rient encore moins. Même nous, nous ne postons pas de photo où nous éclatons de rire - peu importe combien de personne nous disent qu'elles l'adorent - nous on la déteste. On croit que les rides nous rendent laides, on met la main devant la bouche. Mais ce projet et ces femmes disent non. Non, ce n'est pas moche ou bizarre de renifler ou de rire de bon cœur - c'est magnifiquement humain.
J'ai voulu faire pareil avec les garçons mais ils ne subissent pas le même stigmates avec le rire. Alors j'ai opté pour les pleurs.

What Real Men Cry Like Maud Fernhout stéréotypes du genre
© Maud Fernhout

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© Maud Fernhout

Parmi ses sujets, beaucoup de jeunes gens de son âge rencontrés sur le campus de l'Université d'Utrecht :

Nous appartenons à une génération qui a grandi avec le multimédia et les médias de masse. Nous sommes parmi les premiers à avoir été intrinsèquement imprégnés par tout cela durant notre puberté, et en même temps, on arrive à un âge où on est capable d'analyser ces stéréotypes et, je l'espère, de les refuser.

What Real Men Cry Like Maud Fernhout stéréotypes du genre
© Maud Fernhout

What Real Men Cry Like Maud Fernhout stéréotypes du genre
© Maud Fernhout

Pour "What Real Men Cry Like", une dizaine de garçons se sont assis face à elle et ont dévoilé leurs sentiments, avec plus ou moins de facilité :

Presque tous ces garçons ressentaient ces stéréotypes et avaient généralement des difficultés à pleurer comme ça, tout seul devant l'objectif de quelqu'un qui leur était relativement étranger. Donc au départ j'essayais d'apaiser les tensions en leur offrant une tasse de thé et en discutant. Chaque shooting était différent. Mais globalement, pour être à la fois sérieux et dans l'émotion, on écoutait de la musique, on regardait des films ou bien on s'asseyait en silence ou on parlait de sujets qui les touchaient tout particulièrement.

What Real Men Cry Like Maud Fernhout stéréotypes du genre
© Maud Fernhout

What Real Men Cry Like Maud Fernhout stéréotypes du genre
© Maud Fernhout

En dernier recours, il m'est arrivé de couper des oignons ! Parfois ça permettait de faire couler les larmes dans des yeux déjà bien humides, à d'autres moments ça permettait de penser à autre chose, d'oublier l'appareil photo et tout le reste. Deux ou trois fois, je crois aussi que ça leur donnait une "excuse" pour pleurer. Mais dans tous les cas, on peut voir dans leurs yeux que leurs émotions sont sincères et qu'ils soutiennent le message du projet. C'est le plus important pour moi.

What Real Men Cry Like Maud Fernhout stéréotypes du genre
© Maud Fernhout

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© Maud Fernhout

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© Maud Fernhout

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© Maud Fernhout

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© Maud Fernhout

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© Maud Fernhout

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© Maud Fernhout

Après avoir capturé des femmes riant aux éclats et des hommes en pleurs, Maud Fernhout souhaite désormais dénoncer le harcèlement sexuel à travers une nouvelle série de photos consacrée aux victimes de ces abus. La jeune femme n'exclut pas non plus, à l'avenir, un projet sur les droits LGBT.
Retrouvez ses œuvres sur son site officiel.

Pour en savoir plus :

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Crédit photo couverture Maud Fernhout