EurovisionIsabelle Huppert hantée par le "Souvenir" de l'Eurovision

Par Adrien Naselli le 22/12/2016
Isabelle Huppert hantée par le "Souvenir" de l'Eurovision

Le réalisateur belge Bavo Defurne présente une Isabelle Huppert en chanteuse de l'Eurovision oubliée de tous (ou presque) dans Souvenir. Kitsch et mélancolique.

Ils sont de plus en plus rares, les rôles dans lesquels Isabelle Huppert n'incarne pas une femme puissante. Dans Elle de Paul Verhoeven, pour lequel elle pourrait prochainement remporter l'Oscar de la meilleure actrice, son personnage était cheffe d'une grande entreprise et se vengeait seule de l'homme qui l'avait violée. Dans L'Avenir de Mia Hansen-Love, elle était une professeure bourgeoise de philosophie à Paris qui décide de changer de vie.
Pour le deuxième long-métrage de Bavo Defurne, elle incarne Liliane, une ex vedette de l'Eurovision tombée dans l'oubli. La chanteuse d'un seul tube. Depuis, Liliane travaille dans une usine de pâté et vit seule, se remémorant ses heures de gloire dans son appartement en buvant du whisky.

C'est sans compter sur l'arrivée à l'usine de Jean, joué par le jeune Kévin Azaïs, un garçon à peine sorti de l'adolescence qui la reconnait. Son père était un grand fan de la charismatique Liliane de l'Eurovision. De fil en aiguille, le jeune homme parvient à la convaincre de reprendre sa carrière en main... et tombe amoureux d'elle. Une histoire d'amour pas si atypique que cela pour le réalisateur, Bavo Defurne :

Ce qui m’intéresse, ce sont les contrastes. Au début du film, Liliane est froide et distante, mais on devine tout un vécu. Il fallait alors faire revivre la star derrière la vedette oubliée. Jean va ouvrir la boîte de Pandore. L’irruption de ce jeune homme fait resurgir l’aura disparue de Liliane. Par sa simple présence, il la projette de nouveau dans la lumière. Finalement, Liliane et Jean sont tellement faits l’un pour l’autre qu’on se fiche de leur différence d’âge. La réciprocité de leur passion est là et c’est tout ce qui importe. Ma vision du monde n’est pas clivée. Mes personnages ont des doutes, ils ont chacun leur façon d’évoluer émotionnellement. C’est pourquoi dès qu’ils se rencontrent, il fallait que le spectateur ait envie de leur couple, que ça soit une évidence à l’écran.

L'évidence, c'est aussi la coloration gay que le réalisateur a voulu donner au film, à commencer par son affiche signée du duo d'artistes Pierre et Gilles. Un hommage à l'Eurovision et à son kitsch, célébré par de nombreux gays européens.
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