Des chiffres du ministère de l'Intérieur britannique montre que le nombre de réfugiés LGBT augmente fortement. Les lois anti-LGBT à travers le monde ainsi que des changements dans le traitement des demandes d'asile expliquent cette augmentation.
Le gouvernement britannique - qui se refusait jusqu'alors a dévoiler les chiffres de demandes d'asile concernant des personnes LGBT - vient de changer de politique. Ceci fait suite à différents rapports dénonçant des traitements dégradants et les nouveaux défis auxquels doit faire face le ministère de l'Intérieur. En 2014, 1115 réfugiés ont demandé l'asile au Royaume-Uni sur la base de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre. Cela représente une augmentation de plus de 400% par rapport à 2009, où le nombre de demandes d'asiles de personnes LGBT s'élevait à environ 200.
Deux raisons principales expliquent cette augmentation. Tout d'abord, malgré les progrès constatés dans de nombreux pays du monde, des lois anti-LGBT continuent d'être adoptées dans de plusieurs pays, notamment africains. C'est le cas de l'Ouganda qui mène une répression d'Etat féroce contre cette population. Cependant, le plus grand nombre de demandes d'asile de personnes LGBT reçues au Royaume-Uni proviennent du Pakistan, où l'homosexualité est punie de 2 ans d'emprisonnement.
Des changements dans le traitement des demandes d'asile formulées par des personnes LGBT expliquent également cette augmentation significative. En effet, le ministère de l'Intérieur a été épinglé par un rapport indépendant de l'inspecteur en chef de l'agence des frontières et de l'immigration, lequel dénonçait des interrogatoires dégradants et véhiculant des stéréotypes sur les personnes LGBT. Le ministère de l'Intérieur a accepté 7 des 8 recommandations formulées par l'inspecteur en chef de l'agence des frontières et de l'immigration.
En France, les chiffres concernant les réfugiés LGBT sont très difficiles - voire impossible - à obtenir tant la question des statistiques est sensible. En effet, la CNIL encadre très strictement leur recueil et porte une attention toute particulière à la finalité des enquêtes ainsi qu’à l’anonymat et au consentement des répondants. Et ce, afin d’éviter toute dérive tel que le fichage (formellement interdit par la loi) ainsi que la discrimination et la stigmatisation de certaines populations. Une situation que certains déplorent, arguant que les discriminations se basent sur des caractéristiques précises et qu'une image chiffrée permettrait de mieux les combattre. Cependant, on peut raisonnablement penser que l'augmentation constatée au Royaume-Uni se vérifie également en France.
