Christiane TaubiraRoselyne Bachelot : “Je me suis battue pour que mon petit-fils ait toutes les possibilités dans sa vie”

Par Julie Baret le 25/01/2017
Roselyne Bachelot

Roselyne Bachelot a défendu le Pacs et défilé pour le mariage pour tous. Son apparition sur France 3 hier nous fait regretter une personnalité politique aussi gay-friendly...

J'ai été convoquée par l'évêque d'Angers. Moi, l'élue de la République. Pour m'appeler à la raison et me faire passer une sorte de conseil de discipline. Ah c'était lourd. Il a pas regretté de m'avoir appelé le gars...

Hier conviée à s'installer sur Le Divan de Marc-Olivier Fogiel, Roselyne Bachelot n'a rien perdu de son franc-parler. Surtout quand il s'agit d'aborder son engagement féroce en faveur du Pacte civil de solidarité (le Pacs) en 1999, épisode incontournable de sa biographie et première reconnaissance légale des couples homos en France.
Roselyne Bachelot était alors la seule députée de droite - à l'époque le RPR - à soutenir ardemment cette avancée sociétale. Au point de monter au perchoir de l'Assemblée Nationale pour défendre son point de vue devant une opposition socialiste et une famille politique entachée par les dérapages homophobes.
https://www.facebook.com/ledivandemof/videos/1243108325779678/

"Le mariage pour tous, c'est la seule fois où j'ai regretté d'avoir quitté la politique"

Ce discours ? "C'est un moment d'une puissance inouïe. C'est une parcelle brillante de ma vie" a-t-elle expliqué hier, fière d'avoir "donné une leçon" à de nombreux parlementaires. Contre son camps, Roselyne Bachelot se serait engagée pour ses convictions personnelles atteste d'ailleurs Jean-Luc Romero, et notamment pour Christian, son "meilleur ami homosexuel" mort du sida.

J'ai ressenti ça comme une telle injustice... Il faut se battre contre ces injustices sinon à quoi sert-on sur la Terre ? A rien.

Abandonnant la politique en 2012, Roselyne Bachelot n'a pas participé aux débats entourant le mariage pour tous en 2013, sorte de revival nauséabond des dérapages de 1999 dont elle regrette la tournure  :

Je n'ai aucun regret d'avoir quitté la politique, sauf là. Là je me suis dit (...) : peut-être que dans cette Assemblée, et en particulier dans ma famille politique, j'aurais porté des valeurs, j'aurais donné des explications pour permettre à la cause d'avancer.

Défilés pour l'égalité et challenges sportifs contre l'homophobie

Celle qui se décrit volontiers comme une activiste n'est toutefois pas restée les bras ballants. Elle raconte à Marc-Olivier Fogiel qu'elle a emmené ses enfants et même ses petits-enfants dans la rue pour défiler, fière d'affirmer qu'elle "n'a loupé aucune" des manifestations pro-mariage pour tous en 2013, afin d'assurer l'avenir des générations futures :

Je pense que ce sont des combats qu'on mène pour soi. Je ne sais pas encore quels seront les choix et les options de mon petit-fils. Mais peut-être que demain il sera heureux de savoir que sa grand-mère s'est battue en tant qu'élue, en tant que citoyenne lambda ayant abandonné ses mandats politiques, pour qu'il ai toutes les possibilité dans sa vie.

L'émission d'hier abordait aussi son passage dans l'émission Fort Boyard avec la journaliste Françoise Laborde afin de récolter des fonds pour le Refuge qui accueille les jeunes LGBT sans-abris. Roselyne Bachelot aurait accepté de participer sans avoir la moindre idée du concept de l'émission, pas gênée pour un sous d'enfiler un jersey bleu électrique pour la bonne cause.
Roselyne Bachelot

La "grande soeur" de François Fillon

Ombre au tableau arc-en-ciel, la grande amitié qui lit Roselyne Bachelot avec un opposant aux droits LGBT. François Fillon, vainqueur de la primaire de la droite, a promis d'amender la loi Taubira de manière à retirer l'adoption plénière aux couples homosexuels, si durement acquise. Tout au long de sa campagne, le candidat LR a maintenu un cap conservateur et hostile au progrès social qui inquiète fortement les associations LGBT.
La défenseuse du Pacs a pourtant annoncé qu'elle soutenait François Fillon dans sa course présidentielle dès mai 2015. Elle a seulement émis des désaccord avec celui qu'elle désignait comme son "petit frère" deux ans plus tôt. Les deux points de scission concernent le droit à l'avortement (qui n'est pas "fondamental", dixit François Fillon lors d'un meeting le 22 juin dernier) et la place de la France dans la Cour européenne des droits de l'Homme que ce dernier souhaite abolir. Pas un mot sur la menace anti-mariage pour tous. François Fillon est pourtant le candidat officiel de Sens Commun, émanation politique de la Manif pour tous...
Revoir Le divan de Marc-Olivier Fogiel avec Roselyne Bachelot ici (thématiques LGBT à partir de 00:51:00).