Taïwan prend une décision historique pour le mariage pour tous en Asie

Par Aurore Gayte le 24/05/2017
Taiwan premier pays d'Asie Mariage pour tous

Le Conseil constitutionnel taïwanais a rendu aujourd'hui sa décision concernant l'avenir de la loi sur l'ouverture du mariage aux couples de même sexe, une première en Asie.

Le Conseil constitutionnel a reconnu que le Code civil actuel, qui interdit le mariage aux couples d'hommes ou de femmes, constituait un "viol" de la Constitution taïwanaise. Cette décision de justice doit être retranscrite dans la loi d'ici deux ans; passé ce délai, les couples de même sexe pourront tout de même se marier par interprétation de cet arrêt.
Depuis l'arrivée au pouvoir en 2016 de Tsai Ing-Wen, l'actuelle présidente progressiste et ouvertement gay-friendly, la possible ouverture du mariage secoue la société taïwanaise, comme ce fut le cas en France en 2012 et 2013. Après un premier projet de loi présenté devant l'Assemblé en novembre 2016, l'Association pour le bonheur de la prochaine génération et le groupe Taïwan Family ont organisé plusieurs manifestations pour afficher leur opposition, mobilisant jusqu'à 200.000 personnes dans les rues.
L’origine du projet de loi sur le mariage entre personnes de même sexe est pourtant tragique. Le 16 octobre 2016, Jacques Picoux, un professeur de français à l’université de Taiwan proche du milieu du cinéma, trouve la mort en tombant du 10ème étage d’un immeuble de Taipei où il résidait. Selon ses proches, la chute n’est pas accidentelle ; l’homme de 67 ans installé depuis 1979 à Taïwan se serait donné la mort. Il était en effet tombé dans une grave dépression après le décès de son compagnon, Tseng Ching-chao, atteint d’un cancer. Les couples de même sexe ne bénéficiant pas de reconnaissance légale à Taïwan, Jacques Picoux avait été écarté des décisions médicales cruciales concernant Tseng Ching-chao à la fin de sa vie. Après le décès de ce dernier, Jacques Picoux s’était même vu renier ses droits sur le logement que les deux hommes partageaient. « Combien de vies humaines devons-nous encore perdre à cause de la négligence du gouvernement ? », s’étaient alors insurgées les associations LGBT taïwanaises, provoquant un élan d’émoi en faveur de l’égalité des droits dans l’opinion publique, et relançant par la même occasion la machine législative.
Aujourd'hui, à Taïwan, l'heure est à la fête :

 
Couverture : @pinkdotsg/Instagram
 

Retrouvez TÊTU en kiosque :