Marche des fiertésCivitas échoue à perturber la Marche des fiertés de Grenoble

Par Aurore Gayte le 07/06/2017
Grenoble gay pride marche des fiertés

Le groupe d'extrême droite et catholique intégriste Civitas, bien connu pour ses sorties homophobes pendant les Manifs pour tous, et qui est depuis devenu un parti politique, a fait des siennes samedi 3 juin, pendant la Marche des fiertés de Grenoble.

[EDIT 08/06/2017 à 9h07 : Frank Sinisi, élu municipal FN à Fontaine, en banlieue de Grenoble, était également présent et tenait la banderole Civitas. En février, cet élu s'est fait connaître en proposant en plein conseil municipal d'arracher les dents en or des Roms afin de financer de possibles futurs logements pour eux.]
Pour sa quatrième édition, celle-ci a rassemblée pas moins de 1.200 personnes, qui ont continué à défiler malgré une pluie intermittente. Mais peu après le départ, les personnes en tête de cortèges sont tombées sur un imprévu : quelques membres de Civitas les attendaient, munies d'une banderole où l'on pouvait lire le délicat slogan "Homofolie, ça suffit".
"Ils s'étaient mis en plein milieu de la rue, ils nous bloquaient la route. Ils voulaient être sûrs de nous provoquer", raconte Léo, qui a participé à l'organisation la Marche avec le Centre LGBTI de Grenoble et qui était en tête de cortège. Les militants Civitas n'étaient pas nombreux : d'après une des photos publiées sur leur compte Twitter, ils étaient cinq sur place, dont le photographe et deux candidats aux législatives dans l'Isère, Alexandre Gabriac et Thibault Barge.

"Ça s'est passé très vite, 5 minutes tout au plus. Il n'y a que les personnes qui étaient en début de cortège qui ont pu voir ce qu'il se passait." En effet, les policiers encadrant la Marche des fiertés les ont évacué rapidement. "Et en attendant que les policiers arrivent, les musiciens sont venus tout de suite encercler les gens de Civitas et ont joué de la musique avec leur tambours, par dessus leur slogan homophobe, pour que personne de la Pride n'entende ce qu'ils disent."

Vidéo de Place Gre'net.
Les perturbateurs sont évacués sans heurts, les organisateurs ayant appelé au calme et répétant de ne pas répondre aux provocations. "C'était notre baptême du feu avec Civitas, mais nous sommes contents que ça n'ait pas débordé plus et qu'il n'y ait pas eu d'incident. On a presque envie de les remercier pour la communication qu'ils nous on faite ! (rires)."
S'ils en rigolent, les organisateurs de la Marche ne comptent pas pour autant en rester là : "nous sommes sur quelque chose de très grave. Nous préparons un communiqué de presse, et envisageons peut-être de porter plainte pour provocation et incitation à la haine".

Des Manifs pour tous au parti politique

Civitas, qui se décrit comme un "lobby catholique traditionaliste", selon ses propres mots, a connu son heure de gloire pendant les Manifs pour tous (dont ils seront rapidement exclus à cause de leur violence), en 2012 et 2013. L'association Civitas a été créée en 1999, et, depuis avril 2016, est reconnue comme un parti politique à part entière. Dans sa déclaration au Journal Officiel, Civitas se donne pour but d'"œuvrer en tant que parti politique à promouvoir et défendre la souveraineté et l'identité nationale et chrétienne de la France en s'inspirant de la doctrine sociale de l'Eglise, du droit naturel et des valeurs patriotiques, morales et civilisationnelles indispensables à la renaissance nationale". Un bien beau programme, qui a à ce jour séduit environs 1.250 adhérents, selon Franceinfo.
Civitas a surtout joué un beau coup en devenant formation politique : la loi autorise en effet les partis à profiter d'exonérations fiscales très importantes. Les dons qui y sont adressés peuvent ainsi être déduits des impôts à hauteur de 66%. Une vraie mine d'or pour Civitas, quasi-exclusivement financé par les dons de ses adhérents.
Parmi les préoccupations principales de ce groupuscule, les LGBT et leurs droits figurent en tête : l'abrogation de la loi Taubira, avec clause de rétroactivité, arrive ainsi en deuxième place de leur programme politique. Sur leurs 24 revendications, 7 impactent directement les personnes LGBT. Et le président de Civitas, Alain Escada, est déjà allé jusqu'à déclarer, lors d'une interview à Marianne en juin 2016 : "Que le lobby LGBT et les organisations laïcistes se rassurent. Nous n'allons pas seulement utiliser notre avantage fiscal, nous allons les ennuyer beaucoup plus que cela !" Vous avez dit obsession ?

Campagne homophobe et raciste

Pour ces élections législatives, ils sont 28 candidats estampillés Civitas à faire campagne en France, de la région parisienne au Var, en passant par la Moselle et le Pas-de-Calais. Leurs candidats dans l'Isère, Alexandre Gabriac (sur la 2ème circonscription) et Thibault Barge (sur la 9ème), publiaient ces mots, par communiqué, avant d'intervenir à la Marche des fiertés de Grenoble : "Les militants et candidats de Civitas Isère ont décidé de faire barrage à leur manière à cette marche des horreurs, dont nombre des participants n'hésitent pas à s'exhiber devant les passants, y compris de jeunes enfants".
Ces candidats ne font pas que dans l'homophobie; sur le compte Twitter d'Alexandre Gabriac, les images racistes et islamophobes pullulent.

 

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