Marche des fiertésPolémique à la Pride de Paris : les "LGBT - En Marche" avec Macron bloqués plusieurs fois

Par Julie Baret le 27/06/2017
LGBT - En Marche Marche des fiertés de Paris

Deux cortèges, l'un "en marche" et l'autre "à reculons", se sont fait face, samedi 24 juin à la Marche des fiertés de Paris. Au cœur de la discorde, la politique macroniste.

"So-so-solidarité avec les réfugiés", "Collomb on t'encule pas, la sodomie c'est qu'entres amis", "De l'air, de l'air, ouvrez les frontières". Tels sont les chants qui ont accueilli samedi 24 juin, le cortège des "LGBT - En Marche". Le ton était donné : contre un mouvement étiqueté majorité gouvernementale et parlementaire, des militants issus de plusieurs collectifs ont voulu manifester. Une vingtaine de personnes se sont postées devant les soutiens d'Emmanuel Macron qui défilaient sous un immense ballon d'hélium "EM LGBT+". Deux points saillants d'opposition : critiquer l'utilisation d'une "image LGBT-friendly pour recouvrir l'homophobie interne au gouvernement" et dénoncer les violences à l'encontre des migrant·e·s - LGBTI ou non - qui s'exécutent en parallèle d'une "instrumentalisation de la question tchétchène", nous a explicité l'un des activistes.
Derrière les mots durs, le blocage fût pacifique : appuyée par des t-shirt Act Up-Paris "pour maintenir la confusion et rester dans la Marche", l'action a démarré place de la Concorde par le déroulement d'une banderole face au cortège officiel, en face à face tout au long du parcours, ponctué par plusieurs arrêts du cortège des "LGBT - En Marche".


L'action résonne avec l'agitation qu'avait connu l'association GayLib, affiliée alors à UMP (aujourd'hui UDI), lors des Pride de Paris. En 2009, "les LGBT de droite et du centre droit" étaient alors escortés par Act Up-Paris et les Panthères Roses en fin de cortège. Cette année, le char de GayLib, les vélos de HES (Homosexualité et socialisme) qui travaille avec le Parti socialiste et les marcheur·se·s de la Commission LGBT d'Europe Écologie Les Verts, d'autres mouvements LGBT affiliés à des partis politiques, ont participé à la Marche sans débordement.
 

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La situation diffère quelque peu : les "LGBT - En Marche" ne sont pas officiellement affiliés au parti d'Emmanuel Macron. "Mais quand bien même", avec leur iconographie et la présence de Marlène Schiappa, secrétaire d'État chargée de l'égalité femme-homme, Mounir Mahjoubi, secrétaire d'État chargé du numérique, et de huit député·e·s EM derrière leur banderole, "ils deviennent représentatifs de la République en Marche."
De l'autre côté du blocus, "on entend les critiques" avancent Rémi et Emmanuelle, cofondateurs du mouvement des "LGBT - En Marche", notamment en ce qui concerne les investitures et les nominations, "mais on veut regarder ce qu'ils vont dire aujourd'hui qu'ils sont à EM" et on défend que "c'est aussi en étant à l'intérieur du parti qu'on pourra faire bouger les choses."  Ils gardent pour autant un bon souvenir de la Pride."En dépit de ça, d'autres personnes nous ont soutenu et même applaudi".

https://twitter.com/LGBTEnMarche/status/879055028853641216
 

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Mais pour ce militant qui a fait barrage au cortège, la fracture est plus profonde, et relève en toile de fond de la politisation progressive et problématique des Marches des fiertés :

Lorsque les partis ont commencé à défiler c'est apparu comme quelque chose de progressiste. Mais il y a problème quand ces mêmes partis valident des mesures qui écrasent ces minorités. Dans les Pride du monde entier, des groupes commencent à contester la manière dont on veut exprimer notre fierté car des crises humanitaires se jouent en même temps.

Le blocage, fortement médiatisé, n'entame pas la volonté des "LGBT - En Marche" avec Macron, bien décidé·e·s à défiler l'année prochaine.
 
Couverture : Capture écran YouTube/Joffrey Speno
 
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