Emmanuel MacronAction percutante de militant·e·s LGBT contre la politique migratoire de Macron

Par Ambre Philouze-Rousseau le 19/07/2017
collectif Claq,militant·e·s

Des militant·e·s queer du collectif Claq ont déroulé une immense banderole sur le Pont des Arts, à Paris.

Il était 10 heures passées ce mercredi 19 juillet quand une vingtaine de militant·e·s "trans, pédés, gouines, bi" ont investi le Pont des Arts, à Paris. Les uns à la suite des autres, ils se sont disposés rapidement le long du pont, dos à la Tour Eiffel. En quelques minutes, ils déploient une banderole de 15 mètres de long et plus de 2 mètres de hauteur. Sur un tissu noir, en lettres roses et violettes, un slogan frontal : "Macron starves the migrants. Queers against borders" ("Macron affame les migrant·e·s. Queers contre les frontières"). Quelques fumigènes plus tard, les militants laissent derrière eux la banderole et quittent au plus vite les lieux. Alertés par la fumée rose bonbon des fumigènes, des policiers arrivent quelques minutes après leur départ pour s'employer à détacher la banderole.
Bilan de l'action : "Une réussite, une banderole déployée, visible de loin, et aucune intervention policière", récapitule l'un des activistes.
Action percutante de militant·e·s LGBT contre la politique migratoire de Macron

Dénoncer le double-discours gouvernemental

Cette action est signée du Claq, le collectif de lutte et d'action queer. Né il y a seulement quelques mois, ce collectif LGBTQI est également à l'origine du blocage pacifique du cortège "LGBT - En Marche" pendant de la Marche des fiertés parisienne du 24 juin dernier. Lors de cette action, leurs revendications étaient déjà claires : dénoncer les violences de l'État à l'encontre des migrant·e·s et le double-discours du président de la République sur les LGBT. Selon le collectif, La République en Marche (LREM) utilise "une image LGBT-friendly pour recouvrir l'homophobie interne du gouvernement." Ce mercredi, Claq souhaitait de nouveau signaler ce double-discours. Mais, cette fois-ci, le collectif s'est focalisé sur les questions liées aux migrant·e·s. Ainsi, sous couvert d'un discours dit "humaniste", le gouvernement serait responsable de politiques "racistes" à l'égard des migrant·e·s :

Nous, militant-es trans, pédés, gouines, bi, dénonçons la politique raciste et inhumaine que mène le gouvernement d'Emmanuel Macron à l'égard des migrant-es.

Les insuffisances du "plan asile"

Les activistes dénoncent notamment le "plan asile" qui vise officiellement à "garantir le droit d'asile et mieux maîtriser les flux migratoires." Dévoilé par le premier Ministre Edouard Philippe le 12 juillet dernier, ce plan a été orchestré par le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, d'une main de fer. Les militants le voient d'un très mauvais œil puisqu'il comporte, entre autres, un volet sur la "dissuasion migratoire". Un terme cher à la droite extrême et qui a valu à Gérard Collomb les félicitations de Génération identitaire, un groupuscule d'extrême-droite. Claq juge les réponses apportées aux besoins d'accueil et d'hébergement "très insuffisantes" tout en dénonçant les moyens supplémentaires alloués aux "dispositifs répressifs".
Un plan qui leur semble donc loin de pouvoir répondre aux attentes du Tribunal administratif.  Saisi par onze associations d'aide aux migrants, ce dernier stipulait le 27 juin qu' "il n’est pas possible de laisser sans aide aucune des personnes en état de dénuement total, à défaut de pouvoir les faire entrer dans les dispositifs d’aide auxquels elles peuvent légalement prétendre, en espérant qu’elles finissent par se lasser et par partir d’elles-mêmes ailleurs." L'État a depuis fait appel de cette décision tandis que, quelques jours plus tôt, le défenseur des droits, Jacques Toubon, s'alarmait des "atteintes aux droits fondamentaux" des migrants à Calais "d’une exceptionnelle et inédite gravité". Il évoquait "des conditions de vie inhumaines" et exhortait "les pouvoirs publics à ne pas s’obstiner dans ce qui s’apparente à un déni d’existence des exilés." 

Mettre la forme pour parler du fond

Avec cette immense banderole, déployée dans un lieu touristique (malgré la disparition des célèbres cadenas, le Pont des Arts reste un lieu très touristique), Claq cherchait à interpeller visuellement. "Notre volonté est d'attirer les gens et les médias par l'image pour ensuite pouvoir parler du fond", explique l'un des militants.
 

Action percutante de militant·e·s LGBT contre la politique migratoire de Macron
@JoffreySpeno

LGBT et migrant·e·s : des luttes communes

Si certain·e·s ne sont pas au fait du principe de "convergence des luttes", l'un des membres du collectif rappelle pourquoi il est important et rationnel pour les LGBT de se mobiliser sur d'autres thématiques que celles qui concernent uniquement les droits de cette communauté :

En tant que LGBTQI, nous faisons l'expérience de l'ostracisme, du rejet et des discriminations. Nous souhaitons donc que d'autres ne vivent pas la même chose. Nous militons solidairement pour cela.

À l'avenir, le collectif souhaite ainsi investir d'autres terrains de lutte, notamment sur les questions environnementales et sociales. Il y a donc fort à parier que les banderoles de Claq viendront orner d'autres lieux parisiens dans les prochains mois.
 Photo couverture : Joffrey Speno

À LIRE AUSSI

Retrouvez le numéro d'été de TÊTU en kiosque !