courrier du cœurCourrier du Coeur : A partir de quand commence l’infidélité ?

Par Môôôsieur Jérémy le 27/07/2017
courrier du coeur infidélité

Môôôsieur Jérémy assure la « hotline » de TÊTU, distille ses conseils très avisés en matière de LOVE. Mère nourricière de la scène drag, elle en a vu des histoires d’amour (d’un soir) se nouer, elle en rafistolé des cœurs brisés (avec son pistolet à colle). Nos lecteurs se sont confiés à notre fausse diva, vraie conseillère. Elle leur répond… à sa manière (comme dirait Dalida) !

De : Jean-Pierre, 36 ans, Lyon  
Objet : A partir de quand commence l’infidélité ?  
Avec mon mari, nous avons depuis quelques semaines une envie de redéfinir les contours de notre relation. Pas totalement ouverte, mais pas non plus totalement fermée, nous cherchons nos limites… On se demande où commence l’infidélité, par exemple… Qu’en pensez-vous MôôôôôôôôôôôôôôsieurDame ? 
Môôôôôsieur : Je me pose souvent cette question métaphysique : « Sucer son mari, est-ce tromper  son amant ? » Oui, je suis tordue. Mais après tout, qui ne l’est pas un peu ? Car voyez-vous, c’est souvent quand on retourne la situation qu’on comprend les vrais enjeux.

 
Chaque couple est, s’il se le permet, unique, et libre de définir les termes de son contrat moral. Cela étant dit, on le sait bien, la  jalousie règne et les couples sont plus souvent exclusifs qu’en mode open space. J’ai un bon ami qui dit que son mari est son « actionnaire majoritaire », c'est-à-dire qu’il détient 51% des parts. Le reste, ce sont les petits investisseurs qui se le partagent. Le tout en bonne intelligence. Ils ont défini ensemble les limites dans leur chambre syndicale : pas de relations suivies, pas de mec à la maison, pas de sexe non-protégé, pas de plan « organisé », mais ok pour les combustions spontanées. Pour  d’autres, c’est l’extrême inverse : « NE REGARDE PERSONNE ! » Attention, loin de moi l’idée de valoriser le libertinage par rapport à la fidélité. Je crois simplement qu’il ne faut juger ni l’un ni  l’autre, ni l’un par rapport à l’autre. Chacun trouve son équilibre comme il le peut.

 
Nous, LGBT, avons lutté pour définir nous-mêmes nos identités et qu’elles soient respectées, ce n’est pas pour ensuite juger nos formes d’amour. L’infidélité, c’est juste le mensonge qui survient, qu’importent les limites fixées. Et un couple n’est jamais aussi fort que lorsqu’il sait se dire sa vérité. Contrairement aux idées reçues, tous les gays ne sont pas forcément en couple ouvert (comme si les autres étaient en couple coincé !) Certes, nombreux sont ceux qui, grâce à la remise en cause d’un modèle dit « hétéro-normé » (papa-maman-deux enfants et un drapeau Manif pour tous dans chaque main), cherchent leur équilibre en dehors du couple à deux. Trouple, polyamour… et célibat aussi : les gays ne sont pas forcément infidèles, mais plus libres d’inventer les limites de leurs relations…

 
Arnaud Lerch, un de mes amis sociologues (oui, j’ai le bras long), dit que l’infidélité sexuelle des gays aurait des explications historiques : on s’est souvent construit dans le secret et même la honte. L’homosexualité n’a été dépénalisée qu’en 1982. Nos relations ont donc été souvent cachées et éphémères. Parallèles. Or avec l’acceptation et la reconnaissance grandissante de nos couples, certains gays renouent avec des velléités monogames. Chacun s’invente et cherche son harmonie. A vous de trouver la vôtre.
La question principale, c’est : qu’est ce qui rend l’autre jaloux ? qu’est-ce qui lui fait peur ? Lorsque l’on aime, on veut posséder l’autre. Il est a priori difficile de le partager. Certains, au contraire, y trouvent une liberté qui renforce le couple, une expérimentation sensuelle et intellectuelle de soi-même et des autres. Le « mari » devient le point d’ancrage, la bitte d’amarrage. Les autres, des histoires, parfois éphémères, souvent contingentes, des sources de plaisirs différents. Il faut en tout cas savoir accepter qu’il est impossible d’apporter à l’autre tout ce dont il a besoin. Tout simplement parce qu’on ne peut pas être TOUS les autres à la fois.

 
 

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