enquêteQuestionnaire : grâce à vos réponses, on pourra mieux lutter contre la biphobie

Par Julie Baret le 25/09/2017
biphobie première enquête nationale

La biphobie en France, qu'est-ce qu'on en sait ? La réponse est : pas grand chose. Pour combler ce "grand vide" pointé par les associations, la toute première enquête nationale est lancée. Tous vos témoignages seront utiles.

Après 24 ans de mariage et cinq enfants, Henri s’est séparé de son épouse. Depuis qu’il lui a annoncé qu’il était bisexuel, sa vie est devenue un enfer. Son ex-femme monte l’une de ses filles contre lui et les insultes pleuvent : «PD», «Tu te fais des jeunes», «Va te faire enculer, pervers».

Témoignage recueillis par SOS homophobie dans son rapport 2017

Ce samedi, Paris a vibré au rythme de la Technoparade, des manifs anti-loi Travail, mais aussi des slogans de la "Grande marche inter-associative de tous les bisexuel-le-s, pansexuel-le-s, non-bianires, hétérosensibles, homoflexibles et autre" qui partait de la place du Colonel Fabien.
Journée Internationale de la Bisexualité clôturant la BIWEEK et ponctuée du hashtag #BiVisibilityDay encourageant les internautes à s'exprimer sur les réseaux sociaux, le 23 septembre a aussi permis le lancement de la toute première Enquête nationale sur la biphobie.
"Nous voulons théoriser et quantifier la biphobie dans le pays" renseigne pour Libération Vincent-Viktoria Strobel qui préside Bi'cause, association lancée en 1997 sous un slogan simple qu'on croirait désuet : "la bisexualité existe".
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Accompagné de quatre autres associations (FièrEs, Act Up-Paris, le Mag Jeunes LGBT, SOS homophobie), Bi'Cause a réalisé un questionnaire mis en ligne sur le site de SOS homophobie pour cerner les violences spécifiques aux bisexuel-les et aux pansexuel-les puis mener une "bataille institutionnelle contre la biphobie" auprès des autorités publiques, s'enquiert Vincent-Viktoria Strobel. Car on connaît déjà trop bien les préjugés qui pleuvent sur les bis et les pans.

"Pas besoin d'alibi / J'aimais Ken et Barbie"

"Phénomène de mode", "passade", "période transitoire" voire hypersexualisation... Être attiré par les deux sexes/genres, c'est être confronté aux remarques désagréables sur sa prétendue instabilité, aux accusations d'homosexualité refoulée, aux fantasmes de plan à trois et aux critiques sur l'existence même de son attirance. C'est aussi être la cible d'agression verbales ou physiques portées par les homophobes, et de rejet de la part des personnes LGBT elles-mêmes dont certaines y voient une "traîtrise à la cause homosexuelle".
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La bisexualité gênerait en cela qu'elle remet en cause "un système de pensée binaire", analysait SOS homophobie dans son rapport 2017 qui compile et renseigne les appels à l'aide reçus par l'association.
En 2012, les quatre associations précitées (FièrEs exclue) lançait un première enquête pour examiner cette population invisibilisée par les monosexualités. À la question "Seriez-vous prêts à vous engager dans une un-e bi-e ?", seuls 61% des sondés répondent "oui". Bien que 73% d’entre eux admettent que ces derniers peuvent être discriminés en raison de leur orientation sexuelle, une personne sur cinq refuse catégoriquement de se projeter dans une relation durable avec un·e bi·e.
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La biphobie au crible

Ces résultats publiés en 2015 donnaient à voir la prégnance des idées reçues; l’enquête de 2017 s’inscrit en continuité de ce premier recueil de données, et interroge cette fois-ci la visibilité des personnes bisexuelles ou pansexuelles (avec qui parle-t-on librement de sa vie amoureuse et de ses partenaires ? Êtes-on aussi tendre dans la rue avec les deux sexe ? Etc.), les agressions dont elles pourraient être victimes, leur bien-être et les autres formes d'oppression à laquelle elles pourraient être sujettes.
Afin de capter un maximum d'expériences vécues, le questionnaire, anonyme, s'adresse aux pans, aux bis, mais aussi à toute personne se sentant concernée par le sujet (qu'elles ou ils se définissent comme lesbienne, gays, hétéro...).

À vous de jouer : https://www.sos-homophobie.org/enquete-biphobie

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Couverture : photographie prise lors de la Marche interassociative pour la Journée Internationale de la Bisexualité  - crédit photo @AssoBiCause/Facebook