LGBTphobieUn élu de Thiais enchaîne les propos homophobes dans une vidéo

Par Marion Chatelin le 03/07/2018
Thiais

Mourad Ghazli, élu municipal de l'opposition de la ville de Thiais, a enchaîné propos homophobes et comparaisons à la zoophilie dans une violente vidéo publiée sur sa page Facebook le jour de la Marche des fiertés parisienne, samedi 30 juin 2018.

Un torrent d'insultes envers la communauté LGBT diffusé dans une vidéo postée sur le compte Facebook d'un élu municipal de la ville de Thiais... La nouvelle semble confirmer le récent rapport annuel sur l'homophobie publié par l'association SOS Homophobie, dénonçant une augmentation de 5% des actes homophobes en France. Une vidéo de quatre minutes, repérée par l'amicale des jeunes du Refuge, dans laquelle l'élu se filme lui-même avec son smartphone depuis une piscine. Dès les premières secondes le ton est donné.

« Ça commence vraiment à me fatiguer vos histoires de Gay Pride, homosexuels et compagnie là. Je ne vais pas commencer à vous dire que j'ai un pote qui est homo pour me justifier. J'ai honte de rien du tout, je ne vais pas me cacher. [...] Beaucoup de français n'osent pas dire ce qu'ils pensent de peur d'être traités d'homophobes. » 

« Tapez vous un âne ! »

S'en est suivi un flot d'insultes et d'amalgames. D'abord entre homosexualité et exhibition sexuelle : « Les mecs qui sont naturistes ou partouzeurs on ne le sait pas. Demain aussi ils peuvent crier je suis discriminé parce que je partouze. [...] Les mecs qui vont au tapin ils se tapent les escortes ils se tapent les putes et ils ferment leur gueule ». L'élu a ensuite jugé opportun de conseiller aux personnes LGBT : « Tapez vous même un âne, mais surtout fermez vos gueules ». 

Mais pire encore, ce père de huit enfants a tenté de comparer l'inceste et la pédophilie au sein des familles hétérosexuelles et homosexuelles. Et selon lui, le taux d'inceste serait supérieur à la moyenne dans les familles de parents homosexuels.

« Vous croyez que dans les couples homosexuels, y'en a pas qui vont aller toucher le petit zizi du petit ? Les deux papas, les deux barbus ? Ça n'existera pas ? [...] Compare-moi les meilleurs parents hétéros avec les meilleurs parents gays, et tu vas voir la grosse différence. »

Une énième provocation

L'ancien international de judo s'est senti provoqué par l'obscénité de la Marche des fiertés parisienne, censée visibiliser les luttes contre les discriminations faites envers la communauté LGBT. Il a notamment dénoncé, dans un tweet publié deux jours après la vidéo, une Gay Pride rassemblant des « sans limites » qui n'ont pas à être dans l'espace public.

Un véritable florilège. Dans la suite de la vidéo, Mourad Ghazli accuse, à tort, l'Assemblée nationale d'avoir retiré les drapeaux tricolores au profit des drapeaux arc-en-ciel à l'occasion de la Marche des fiertés. Une énième provocation, qui montre selon lui que l'Etat a « pété un câble ». Si l'Assemblée nationale a bien été pavoisée aux couleurs LGBT lors du week-end de la Marche des fiertés parisienne, les rainbow flag ont flotté à côté des drapeaux « bleu-blanc-rouge », un symbole qui n'est pas passé auprès de ce soutien du président turc, Recep Tayyip Erdogan.
Sûr de lui, il va même jusqu'à proposer une mesure fiscale d'un autre temps : « Je suis pour que tous les homosexuels qui n'ont pas d'enfants paient une sur-cotisation sociale pour les retraites ». Les couples hétérosexuels seraient, selon lui, victimes d'une discrimination puisque leurs enfants financeraient les retraites des couples homosexuels sans enfants.

Une possible sanction juridique ?

Mourad Ghazli avait déjà été sanctionné pour des propos tenus sur Daesh et destitué de ses fonctions d'adjoint au maire de Thiais. Mais il a depuis conservé sa position « de conseiller municipal d'opposition ».
Une telle récidive pourrait-elle lui faire risquer une sanction juridique ? Le président de l'association SOS Homophobie, Joël Deumier, « condamne fermement des propos indignes d'un élu, nourris d'amalgames et d'idées reçues sur l'homosexualité ». L'association étudie actuellement « les différentes options juridiques » qui permettraient de qualifier ces propos d'insulte à caractère homophobe ou d'incitation à la haine, deux infractions condamnées par la loi.
 
Crédit photo : compte Facebook de Mourad Ghazli.