sexoLyon : une vingtaine de décès soupçonnés d'être en lien avec le "chemsex"

Par Clément Boutin le 17/07/2018
chemsex

Depuis septembre 2017, à Lyon, une vingtaine de décès seraient liés à la pratique du « chemsex ». L'instance publique régionale CoreVIH Lyon - Vallée du Rhône a lancé une campagne de sensibilisation sur le sujet.

Un chiffre alarmant. A Lyon, depuis septembre 2017, une vingtaine de décès seraient liés au « chemsex », une pratique à risques dans laquelle le sexe est associé à la prise de drogues, selon l'instance publique régionale Comité de coordination régionale de lutte contre le VIH (CoreVIH) Lyon - Vallée du Rhône. « On soupçonne ces décès d'être liés au chemsex au vu des situations dans lesquelles les faits se sont passés », souligne à TÊTU Raphaël Greget, chargé de communication de la structure.

« De manière sûre, un rapport d'Aides a montré qu'il y avait quatre décès liés au chemsex entre septembre et novembre 2017, poursuit-il. Ensuite, en 2018, il y en a eu d'autres : trois pendant le week-end de Pâques et un la veille de la fête de la musique... Ce n'est pas toujours évident, selon les circonstances de la mort et le moment où les autorités sont prévenues, de savoir si c'est vraiment dû au chemsex ou à une mauvaise redescente. Au bout d'un certain laps de temps, le GHB, utilisé lors du chemsex, n'est plus détecté dans le corps... »

Raphaël Greget raconte notamment qu'une des personnes est décédée après un G-Hole. Or le G-Hole, une overdose de GHB, n'est pas toujours pris au sérieux par les chemsexeurs, révèle le membre de CoreVIH :
« Quand on prend trop de GHB, on peut soit s'endormir tranquillement, soit convulser, soit s'évanouir, soit tomber dans un coma, ce qui peut entraîner un décès. Il y a beaucoup de G-Hole qui se passent dans des afters ou des partouzes mais les gens ne s'inquiètent pas toujours. Ça peut être du 'allonge-le et il se réveillera demain'. J'ai un ami qui ne s'est pas réveillé... Quand on fait un G-Hole il faut appeler le Samu. »

Une campagne de sensibilisation

Afin de faire connaître cette pratique et ses effets dévastateurs sur le corps humain, CoreVIH Lyon - Vallée du Rhône a récemment lancé une campagne de prévention. Cette dernière est centrée autour d'un court-métrage de cinq minutes, très explicite, sur une soirée hard où l'on voit des hommes pratiquer le chemsex. Sa division en quatre actes est censée montrer le processus d'addiction à la pratique qui mène jusqu'à l'isolement. Des chemsexeurs étaient présents sur le tournage pour aider à rendre la campagne plus proche de la réalité.

Sur le site, de nombreux liens permettent de contacter les associations et lieux de santé compétents à Lyon pour discuter de cette pratique. Raphaël Greget déclare avoir reçu de nombreux retours positifs, notamment car il n'y a pas encore eu de campagne de sensibilisation de la part du gouvernement sur le sujet. Le membre de la structure a, par ailleurs, rencontré la brigade des renseignements territoriaux qui veut « faire remonter une note tout en haut ».

Crédit photo : capture d'écran YouTube.