homosexualitéEmprisonné pour avoir brandi le drapeau arc-en-ciel en Egypte, il affirme "ne rien regretter"

Par Louise Guibert le 25/07/2018
Egypte

Le 22 septembre 2017, Ahmed Alaa brandissait le drapeau arc-en-ciel lors d'un concert, au Caire. Après un séjour en prison et l'obtention d'un visa pour le Canada, il affirme « ne rien regretter ».

Une victoire sur la répression anti-LGBT+ en Egypte. Dans une vidéo publiée ce lundi 23 juillet, le site américain BuzzFeed revenait sur l'histoire d'Ahmed Alaa, jeune égyptien homosexuel. Le 22 septembre dernier, lors d'un concert au Caire, il brandissait le drapeau des fiertés. Un acte courageux dans un pays qui brille par l'absence de reconnaissance de l'homosexualité, tout en sanctionnant ses citoyens ouvertement LGBT+ de peines pouvant aller jusqu'à 17 ans de prison.
Le moment est filmé, et l'image fait bientôt le tour des journaux du pays : « L'homosexualité est un crime aussi grave que le terrorisme », peut-on entendre de la bouche d'un présentateur dans la vidéo de BuzzFeed. Après l'arrestation de sept personnes, c'est au tour d'Ahmed d'être activement recherché par le gouvernement. Se sachant pertinemment en danger, il se cache pendant plusieurs jours... jusqu'à son arrestation par 12 policiers, début octobre. Il est emprisonné en cellule de confinement, où sont habituellement enfermés les condamnés à mort. Il y restera trois mois.

« Love wins »

Le 9 mai dernier, Ahmed obtenait finalement son visa pour le Canada. À l'aéroport, il parvient à cacher son drapeau au fond de sa valise, pour ne pas alerter la douane égyptienne. Il s'est depuis installé à Toronto.  Il y a récemment rencontré Amro Helmy, un journaliste et producteur de BuzzFeed, lui-même d'origine égyptienne et ouvertement homosexuel. Il lui confie être toujours en contact avec sa famille, qui est au courant de tout ce qu'il s'est passé en Egypte. « La relation avec mon père est devenue un peu instable, mais ma mère m'aime et m'accepte. Elle sait tout de moi. »
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Revenant sur le concert du Caire, Ahmed explique n'avoir jamais eu peur de brandir les couleurs du drapeau : plus qu'un acte politique, c'était « un moment de liberté ».  Cette sensation indescriptible, Ahmed l'a vécue une nouvelle fois, le 24 juin dernier. Vêtu d'un T-shirt sur lequel il est inscrit « Love wins » et armé de son fidèle drapeau, il a marché lors de la 38e édition de la Marche des fiertés de Toronto. « En Egypte, ils m'ont emprisonné pour avoir brandi un drapeau arc-en-ciel et aujourd'hui je célèbre les fiertés au Canada, que ça leur plaise ou pas. Je suis fier d'avoir pu représenter tous ces gens. Si je meurs aujourd'hui, peu importe : j'ai fait passer un message et j'en suis fier. » 
 
Crédit photo : Capture d'écran/BuzzFeed.