LGBTphobieItalie : pour le ministre de la Famille, la PMA et la GPA doivent rester illégales

Par Marion Chatelin le 27/07/2018
italie

Dans une session parlementaire, le ministre de la Famille italien, Lorenzo Fontana, a fermement condamné les couples de même sexe ayant recours à la PMA et la GPA à l'étranger, pour concevoir leurs enfants. La procréation médicalement assistée y est pourtant autorisée pour les couples hétérosexuels ayant des problèmes d'infertilité, mais la GPA est, elle, totalement interdite. Deux pratiques qui devraient rester illégales selon lui. Un pas de plus dans le conservatisme.

En juin dernier, le nouveau ministre de la Famille italien, Lorenzo Fontana, a expliqué qu'il n'était pas « contre les gays », puisqu'il a vécu « plusieurs années à Bruxelles, là où beaucoup d'homosexuels occupent des positions très importantes ». Le ton est donné, par ce membre de la ligue du nord, parti populiste d'extrême-droite italien, quelques jours seulement après sa prise de fonction. Deux mois plus tard, celui qui réfute toute accusation d'homophobie faite à son encontre, enfonce le clou, en rappelant que les couples de même sexe qui font une PMA ou une GPA à l'étranger, sont dans l'illégalité la plus totale.

Des pratiques illégales, qui doivent le rester

Lors d'une session parlementaire, le ministre s'est exprimé devant les parlementaires de façon assez ferme, confirmant qu'il n'y aura pas d'ouverture de la PMA pour les couples de femmes et les femmes célibataires :

« Le droit de la famille ne permet pas la reconnaissance légale des enfants conçus par PMA ou par GPA à l'étranger, par des couples de même sexe. Concevoir des enfants de cette façon est une pratique illégale qui doit le rester. » 

Celui qui est aussi député européen, membre du parti d'extrême-droite Europe des Nations et des Libertés (ENL), réagissait à la décision prise par le maire de Turin, de reconnaître un couple de lesbiennes, ayant réalisé une PMA au Danemark, comme les parents légaux de l'enfant. Une première en Italie.

« Les familles LGBT+ n'existent pas »

Dans une interview donnée au quotidien italien Corriere della Sera, celui qui est connu pour ses positions très conservatrices concernant les droits des LGBT+ en Italie, a précisé sa vision du mariage et de la famille, forcément constituée d'un homme et d'une femme, « la famille naturelle », selon lui. Et d'ajouter :

« Aux yeux de la loi italienne, les familles LGBT+ n'existent pas. »

La phrase a déclenché de nombreuses protestations de la part de la communauté LGBT+ italienne et notamment sur les réseaux sociaux avec le hashtag « #Noiesistiamo » (« #Nous existons »)  :

https://twitter.com/Leeenos_/status/1003616649499627520
La communauté LGBT+ italienne voit ses droits de plus en plus restreints, tandis que l'homophobie ne fait que croître dans le pays. Samedi 21 juillet 2018, un jeune homme homosexuel de 19 ans s'est fait violemment agresser sur une place réputée pour son agitation nocture, dans le centre ville de Turin. Projeté à terre et sauvagement frappé, le tout sous l'oeil des turinois, qui n'ont rien fait pour lui venir en aide. Deux hommes l'ont emmené à l'hôpital, pour passer des examens. Bilan : la clavicule et le pied cassé. L'agresseur, lui, n'a pas été retrouvé. Un fait révélateur de l'homophobie ambiante, dans un pays de plus en plus conservateur, loin derrière ses voisins européens dans le classement des pays œuvrant en faveur des droits des LGBT+.
 
Crédit photo : capture YouTube.