LGBTphobieLe concours de l'Eurovision, trop "gay" pour la Turquie ?

Par Romain Burrel le 07/08/2018
Eurovision

La Turquie boycotte l'Eurovision depuis 2012. Interrogé sur un éventuel retour de son pays dans la compétition, le président de la télévision publique turque a déclaré qu'il refuse de « diffuser en direct à 21h00, une heure où les enfants regardent la télévision, un Autrichien qui porte à la fois une barbe et une jupe, (...) et qui se dit à la fois homme et femme ». Vous avez dit « LGBTphobies » ?

L’Eurovision, trop gay pour la Turquie ? C'est ce que semble croire le président de la télévision publique turque TRT, Ibrahim Eren. Dans une récente interview, ce dernier a indiqué que son pays, qui boycotte la compétition internationale de chansons depuis 2012, ne participerait pas non plus à la prochaine édition du concours de l'Eurovision.
Motif ? La compétition serait inadaptée au jeune public, selon Ibrahim Eren : « Nous n'envisageons pas de participer à la compétition », a-t-il confié au quotidien Hürriyet. Avant d'ajouter:

« En tant que chaîne publique, nous ne pouvons diffuser en direct à 21h00, une heure où les enfants regardent la télévision, un Autrichien qui porte à la fois une barbe et une jupe, (...) et qui se dit à la fois homme et femme. »

« Quand cela sera corrigé, nous reviendrons à l’Eurovision »

Une référence directe à la drag queen autrichienne Conchita Wurst, gagnante du concours en 2014. « Nous l'avons dit à l'Union européenne de radio-télévision (UER), 'vous avez dévié de vos valeurs' », a poursuivi le président de la télévision publique turque. « Quand cela sera corrigé, nous reviendrons à l’Eurovision. »
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L'édition 2019 de l'Eurovision doit se tenir en Israël, dont la représentante, Netta Barzilai, remporté la dernière compétition, en mai dernier.

En 2012, la télévision publique turque avait claqué la porte du concours de l'Eurovision, citant un audimat faible et sa désapprobation pour les règles de vote en vigueur qui, à ses yeux, n'accordaient pas une part suffisante au choix du public.

Déclin « moral » de la compétition

Autre blâme, la Turquie déplorait officiellement un système qui, depuis 2009, accordait systématiquement aux cinq principaux contributeurs financiers à l'événement (Allemagne, Espagne, France, Grande-Bretagne, Italie) une place en finale.
Mais selon de nombreux observateurs, la décision turque s’explique surtout par ce que les autorités islamo-conservatrices considèrent comme un déclin « moral » de la compétition. En effet, le retrait de la Turquie est intervenu après que la Suède, le pays hôte en 2013, a retransmis les images de deux danseurs suédois s'embrassant pendant les répétitions.

Positions homophobes

Le régime d’Ankara est connu pour ses positions homophobes. Chaque année, le gouvernement turque interdit et réprime violemment toutes tentatives de marche de fiertés à Istanbul. Cette année encore, 11 personnes ont été arrêtées.
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