L'amour est dans le préThomas de "L'amour est dans le pré" : "Ce genre d’émission peut être un formidable haut-parleur"

Par Youen Tanguy le 24/09/2018
L'amour est dans le pré

Cette saison de « L'amour est dans le pré » a vu arriver son premier candidat gay, Thomas. Lors du premier épisode, le jeune ostréiculteur de 31 ans a choisi de s'engager dans l'aventure avec l'énergique Garett et le plus sensible Romain. Dans l'émission de ce lundi 24 septembre, ils vont vivre leurs premiers émois. Pour TÊTU, Thomas revient sur ses motivations à intégrer le show, ses sentiments pour les deux prétendants, mais aussi sur les accusations de « follophobie » à l'encontre de Karine Le Marchand. 

TÊTU : Déjà, comment vas-tu ?

Thomas : Ça va super bien, je suis très heureux en ce moment et je me sens bien dans mon corps.

Qu’est-ce qui t'a donné envie de faire cette émission ?

J’ai postulé car j’étais en peine d’amour. J’avais rencontré plusieurs mecs via des applications mais ça n’avait mené à rien. Bref, j’étais malheureux et je me suis dit que j’avais ma place, que j’étais agriculteur, jeune et que ce genre d’émission pouvait être un formidable haut-parleur. Un moyen d'émettre un signal d’alerte en disant : je suis un coeur à prendre. J’avais des critères bien précis - travail prenant, déplacements constants - et c’est peut-être ça qui freinait à la rencontre.

Le côté « télé-réalité » ne t'a pas trop dérangé ?

Je ne l’ai pas mesuré immédiatement pour être honnête. Je ne savais pas à quoi m’attendre, je connaissais le principe, mais je n’étais pas un assidu. Après, j'avais confiance en cette émission et je ne me suis pas dit que je n’allais pas supporter les caméras ou que le nombre de courriers que j’allais recevoir serait ingérable. Je l’ai pris au fur et à mesure que ça arrivait. 

Thomas de "L'amour est dans le pré" : "Ce genre d’émission peut être un formidable haut-parleur"
THOMAS / Château Prieuré de La Caussade près de Saint Emilion.

Tu as choisi de vivre cette aventure avec Romain et Garett. Pourquoi eux ?

Il s’est passé quelque chose lors du speed dating. En tout cas, c’est l’impression que j’avais. J'ai voulu continuer l’aventure avec ces garçons car c’était les plus intéressants, ceux avec qui j’avais le plus de connexion. Je ne peux pas l'expliquer avec des mots. C’est quelque chose d’impalpable. Je suis resté dans le côté émotionnel pour pouvoir faire mon choix.

Tu avais quand même eu un gros crush pour Vincent. Qu'est-ce qui s'est passé ?

Déjà, c’était bizarre, car je l’ai appelé Julien tout au long de l’émission, et jusqu'au dernier moment pour lui dire au revoir. Je suis allé le voir et je lui ai dit : 'Je suis désolé Julien, mais ça va pas être possible'. Il m'a répondu : 'Je m’appelle Vincent'... La boulette. Autre chose aussi : c’est le seul mec qui a réussi à me filer son numéro pendant le speed dating. Il l'avait écrit sur la bouteille de vin qu'il m'a offerte. Le coquin... J’ai trouvé ça tellement injuste vis-à-vis des autres. Et puis il était sûr de gagner, il avait une assurance qui ne m’a pas plu. Il m'a dit qu'il était certain que j'allais le choisir quand il m'a envoyé la vidéo. J’ai préféré la sincérité de Romain, et le fait que Garett soit énergique et touchant à la fois. Pourtant, Vincent était canon et il partait avec des bons points d’avance.

« Il y avait une symbiose entre nous trois qui disparaissait quand on se retrouvait à deux »

Ce n'est pas trop compliqué de rencontrer l'amour quand on est trois ?

C'est étrange parce qu'il y avait une symbiose entre nous trois qui disparaissait quand on se retrouvait à deux. On était vraiment trois copains en fait et j’ai d’extraordinaires souvenirs avec ces deux mecs. Mais une fois que l'on se retrouvait à deux, la timidité reprenait le dessus. On n'avait plus d’excuses et il fallait que l’on apprenne à se connaitre. Comme on est tous fair play à la base, on ne voulait pas blesser le troisième. Du coup, ça a avancé, mais tout doucement. A un moment donné, la journaliste est même intervenue pour nous dire : 'Les gars, vous êtes au courant qu’on fait une émission pour chercher l’amour quand même' (rires).

Vous avez eu une semaine de tournage seulement, c'est suffisant ?

Je pense qu’il aurait fallu que ce soit plus long même si on comprend les contraintes de l'émission. Il est vrai que s'investir dans une relation amoureuse prend plus de temps. Mais on a été tous les trois déstabilisés par le fait qu’il a fallu prendre le chemin inverse. Habituellement on baise d’abord et on voit ce que ça donne après (rires). Là, il a fallu se séduire d’abord et baiser après. Et ça, je ne l’ai jamais fait donc ça a été très compliqué. Je fais partie d'une génération où l'immédiateté prime et là, il a fallu apprendre à se séduire.

Thomas de "L'amour est dans le pré" : "Ce genre d’émission peut être un formidable haut-parleur"

Qu'est-ce que ça fait d'être le premier candidat gay de « L'amour est dans le pré » ? 

Je ne me suis jamais considéré comme porte-drapeau de la communauté LGBT. Je suis moi. Après, est-ce que je suis représentatif de la communauté ou pas ? Pour moi, ça n'est pas important. Ce qui m’intéressait, c'était surtout de trouver quelqu’un. Finalement, peu importe que je sois gay ou hétéro, je suis le même que tout le monde.

Est-ce que tu suis un peu ce qui se dit sur les réseaux sociaux ?

On nous conseille de ne pas regarder. On nous a prévenu de ne pas nous attarder sur les réseaux sociaux et de ne pas lire jusqu'au bout si l'on tombait sur quelque chose. J’ai appliqué ça, je me suis tenu à ne rien lire. Mes potes m’en parlent, mais les presses à scandale ne m’intéressent pas. Je ne regarde pas.

« Les gens ont repris les propos de Karine Le Marchand, les ont condensés et en ont fait une énorme connerie »

Est-ce que tu as suivi un peu la polémique sur Karine Le Marchand, accusée de « follophobie » (une personne hostile aux gays efféminés) avec ses propos dans Le Parisien ?

C’était un faux sujet, les gens ont mal compris. Elle essayait juste de connaître mes goûts chez les mecs et de construire mon homme idéal. Donc elle a évoqué des mecs efféminés, des mecs virils, plein de types de garçons en fait... Pas de quoi se scandaliser ! Les gens ont repris tous ses propos, les ont condensés, en ont fait une énorme connerie et l’on traitée de 'follophobe'. Mais où va le monde ? Il n'y a pas plus protectrice qu’elle. Elle m’a pris sous son aile et je ne comprends pas pourquoi on l’accuse de ça. C’est idiot.

Mais là, elle parlait bien de ses critères pour trouver un candidat et non des tiens pour trouver un prétendant...

Sincèrement, je ne comprends pas cette polémique et j’apporte mon soutien à Karine. Elle a voulu faire comprendre quelque chose, mais je ne sais pas si les gens avaient envie de comprendre. Ils sont restés sur leurs propres idées et ils ne l'ont pas écoutée.

Thomas de "L'amour est dans le pré" : "Ce genre d’émission peut être un formidable haut-parleur"
THOMAS / Château Prieuré de La Caussade près de Saint Emilion

Tu racontes que beaucoup de tes prétendants t'ont remercié de les représenter. C'est-à-dire ?

J’ai reçu beaucoup de courriers de mecs 'comme moi'...

C'est quoi, des mecs 'comme toi' ?

Des mecs qui recherchent un garçon plutôt viril, avec une allure de bonhomme, qui ont été contents de se reconnaître en moi. Contents de se voir et de se dire que, bien qu'on adore nos copains 'folles', on est attirés par d’autres mecs.

« Assumez-vous et ça ira mieux »

Tu n'aurais pas pu rencontrer ces mecs-là autour de chez toi ?

Tu sais, il n'y a pas beaucoup de monde chez moi (rires). On doit être 70.000 habitants donc ça restreint un peu. En plus de ça, je suis dans un milieu agricole, donc ça ne se dit pas trop. C’est compliqué…

Justement, tu as subi de l’homophobie en tant qu'agriculteur ?

Oui oui, clairement. J'ai eu des attitudes qui n'étaient pas forcément celles d'un mec hétéro, donc oui on m’a emmerdé. J’ai été victime d’homophobie durant toute ma scolarité aussi, mais à partir du moment où je me suis assumé, on m’a fiché la paix. J'ai commencé à ne plus répondre aux mauvaises blagues. Sûrement que ça continue à se dire, mais je ne les entends plus. Un conseil donc : assumez-vous et ça ira mieux.

Crédit photo : Cecile Rogues/M6.