thérapies de conversionCette députée veut mettre fin aux "thérapies de conversion" en France

Par Youen Tanguy le 11/07/2019
Laurence Vanceunebrock-Mialon

La députée LREM Laurence Vanceunebrock-Mialon a annoncé ce mercredi 10 juillet l'ouverture d'une mission d'information sur les "thérapies de conversion". Pour TÊTU, elle détaille son plan d'action.

Les "thérapies de conversion" seront-elles bientôt condamnées par la loi française ? C'est ce que souhaite la députée La République En Marche de l'Allier Laurence Vanceunebrock-Mialon. En avril 2018, elle déclarait avoir rédigé une proposition de loi visant à interdire ces pratiques, censées faire changer un individu d’orientation sexuelle ou d'identité de genre, dans l'hexagone.

Cette proposition prévoyait notamment des peines de prison allant de trois à dix ans d’emprisonnement, dans le cas où ces « thérapies » auraient entraîné le suicide d’une personne LGBT. Mais le texte, qui devait être présenté par la députée mi-mai à l’Assemblée nationale, avait été éclipsé par d’autres priorités parlementaires.

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Un an et demi plus tard, la députée vient d'annoncer ce mercredi 10 juillet l'ouverture d'une mission d'information sur "les pratiques prétendant modifier l'orientation sexuelle ou l'identité" de genre d'une personne" par la commission des loi de l'Assemblée nationale.

"Nul ne peut prétendre (...) pouvoir changer l’orientation sexuelle ou l’identité de genre revendiquée d’une personne. Pourtant, divers acteurs tels que des médecins, des psychiatres ou apparentés, et certaines autorités religieuses prétendent pouvoir réaliser ce type de changements sur notre territoire", constate-t-elle dans un communiqué de presse publié ce mercredi 10 juillet. Une mission qu'elle portera avec le député La France Insoumise Bastien Lachaud. Interview.

TÊTU : Pourquoi vous êtes-vous emparée de ce sujet ?

Laurence Vanceunebrock-Mialon : L'alerte m'a été donnée par Aurélien Heiligenstein, un jeune homme qui a lancé une pétition pour faire interdire les "thérapies de conversion" en France (elle a atteint près de 100.000 signatures en deux ans, ndlr). Je savais que ça existait sur le territoire américain, mais j'ai été choquée d'entendre que cela pouvait arriver en France et pire, que ça tendait même à s'étendre avec le développement du mouvement évangélique. Mais la conférence organisée en Guyane en mai dernier ou l'atelier au collège parisien Stanislas démontrent qu'il y a urgence à agir.

Beaucoup de "thérapies de conversion" se font officieusement. Passer par une loi va-t-il permettre d'interdire dans les faits ?

C'est vrai que ce sont des séminaires qui ne disent plus leurs noms, mais qui, sous le manteau, sont bien connus pour être liées aux "thérapies de conversion". Pour l'instant, ça n'est tout simplement pas interdit, il est donc essentiel de légiférer. Ensuite, il va falloir que nous, parlementaires, nous parlions de ce sujet, que l'on dise que ça existe et que c'est désormais interdit.

Il sera donc aussi important de former les fonctionnaires concernés...

En effet. Ce ne sont pas des délits qui arrivent régulièrement, mais c'est important de sensibiliser les forces de l'ordre pour que les dépôts de plainte se déroulent bien et que l'accueil se fasse normalement. C’est déjà traumatisant de vivre ça, alors s'il faut l'expliquer en plus aux fonctionnaires... On peut pas juste écrire dans le code pénal que c’est interdit et en rester là. Il faut former et communiquer pour qu'il y ait une meilleure connaissance du sujet.

"Ma proposition avait été un peu balayée d’un revers de la main l'an dernier"

Pourquoi avoir lancé une mission parlementaire plutôt que de proposer directement le projet de loi ?

Ma proposition de loi avait été un peu balayée d’un revers de la main l'an dernier. J’ai donc continué à investiguer et, en parallèle, à mener une petite bataille avec le groupe (LREM, ndlr) pour défendre la nécessité de déposer le texte tel que rédigé ou de demander la mise en place d'une mission d’information. Forte de cette idée de donner de l’épaisseur au texte, j’en avais conclu que ce serait une bonne idée de faire une mission.

Quand est-ce que va débuter cette mission ?  Qu'en attendez-vous ?

Ca devrait commencer en septembre pour se terminer courant décembre. Mais avec les débats sur la loi bioéthique à la rentrée, le gros du travail devrait très certainement débuter en octobre. Nous allons procéder à des auditions d’associations, de victimes et de témoins. Elle aura pour objectif d’élaborer des recommandations claires pour mettre un terme à ces pratiques. Le but : qu'une proposition de loi puisse ensuite être rapidement présentée au Parlement.

C'était important pour vous de porter cette mission parlementaire avec un député de l'opposition, à savoir Bastien Lachaud (LFI) ?

 Je suis très contente qu’on ait pris la décision de travailler avec Bastien. Quand il a appris que je planchais sur ce sujet, il m’a demandé si on pouvait travailler ensemble. Nous avons des points de vue différents sur beaucoup de choses (rires), mais c'est un sujet sur lequel on se retrouve. 

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