Christiane Taubira80 candidats à la députation sont contre les droits des LGBT ou ont tenu des propos homophobes

Par Aurore Gayte le 09/06/2017
députés 2017 loi avia

TÊTU a listé au moins 80 candidats à la députation qui ont tenu des propos ouvertement homophobes pendant les débats sur le mariage pour tous, voté contre les droits des personnes LGBT ou activement soutenu la Manif pour tous.

80 potentiels futurs députés, sur les 577. Si ce n'est pas un chiffre affreusement élevé, cela reste tout de même alarmant en 2017. Cela montre surtout que les partis politiques qui les ont investis ne considèrent toujours pas la défense des droits des personnes LGBT comme une priorité dans leur programme, ni les propos homophobes comme des raisons valables de les exclure de leurs rangs. Si la grande majorité d'entre eux se représentent, d'autres sont candidats pour la première fois.
Le travail de TÊTU s'est appuyé sur l'enquête de Buzzfeed qui a fouillé les profils des candidats FN, sur l'Observatoire des déclarations homophobes de Libération, ainsi que sur le travail de recherche du compte twitter @AvisDefavorable.
 

Les partis républicains

En plus des 225 députés ayant voté contre la loi Taubira qui légalisait le mariage et l'adoption pour tous en 2013, au moins 23 élus les Républicains ont tenu de graves propos pendant les débats à l'Assemblée nationale et sont pourtant à nouveau investis par le parti de droite. Tous leur propos homophobes ont été retrouvés par le compte Twitter @AvisDefavorable et par la rédaction de TÊTU.
Il s'agit de :
Elie Aboud (6ème Hérault), pour sa déclaration "le temps du triangle rose est terminé", éliminé au 1er tour,
Julien Aubert (5ème Vaucluse), qui "comme pour les OGM", demande un principe de précaution pour les enfants de couples de même sexe, éliminé au 1er tour,
Xavier Breton, (1ère Ain), qui évoque les "mariages à trois", en ballotage défavorable derrière le candidat de la République en marche,
Philippe Cochet (5ème Rhône), qui accuse les pro-mariage pour tous "d'assassiner des enfants", en ballotage défavorable derrière la candidate de la République en marche,
Olivier Dassault (1ère Oise), pour qui le mariage des couples de même sexe représente "la fin du monde", arrivé en tête,
Nicolas Dhuicq (1ère Aube), pour qui les enfants d'homos sont "des terroristes" en puissance, en ballotage défavorable derrière le candidat de la République en marche,
Jean Pierre Door (4ème Loiret), qui compare les couples de même sexe et "une femme père Noël", en ballotage défavorable derrière le candidat de la République en marche,
Georges Fenech (11ème Rhône), pour qui le mariage pour tous est "un mariage pour personne", en ballotage défavorable derrière le candidat de la République en marche,
Annie Genevard, (5ème Doubs), pour qui mariage pour tous rime avec "suppression de la fête des mères", arrivée en tête,
Philippe Gosselin (1ère Manche), qui compare mariage pour tous et "carte Navigo"en ballotage défavorable derrière le candidat de la République en marche,
Claude Greff (2ème Indres et Loire), pour qui le mariage est un "changement de civilisation"en ballotage défavorable derrière le candidat de la République en marche,
Henri Guaino (2ème Paris) [maintenant dissident LR, ndlr], prévoit lui aussi "la fin de la cohésion nationale", en cas de mariage pour tous, éliminé au 1er tour,
Patrick Hetzel, (7ème Bas-Rhin), pour qui le mariage "nie l'évidence de l'altérité", arrivé en tête,
Marc Le Fur (3ème Côtes d'Armor), pour qui le mariage pour tous est "un contre-sens" et une preuve de "catho-phobie", et qui a également été sanctionné par l'Assemblée pour s'être battu dans l’hémicycle pendant ces débats, arrivé en tête,
Jean François Legaret (1ère Paris), qui est allé dans toutes les Manifs pour tous "par conviction", éliminé, et dont l'adversaire a été élue au 1er tour,
Céleste Lett (5ème Moselle), pour qui le mariage pour tous, c'est "la décadence", arrivé en tête,
Yannick Moreau (3ème Vendée), qui parle de "choc de civilisation", éliminé,
Jacques Myard (5ème Yvelines), pour qui l'homosexualité est "une perversion", en ballotage défavorable derrière la candidate de la République en Marche,
Bernard Perrut (9ème Rhône), pour qui le mariage pour tous va créer des "inégalités entre enfants", en ballotage défavorable derrière la candidate de la République en marche,
Jean Frédéric Poisson (10ème Yvelines), qui estime que la "différence des droits" est une chose normale, en ballotage défavorable derrière la candidate de la République en marche,
Dominique Tian (2ème Bouches du Rhône), qui encourage les participants à la Manif pour tous, et est accusé d'avoir frappé un policier, en ballotage défavorable derrière la candidate de la République en marche,
Camille de Rocca Serra (2ème Corse du Sud), qui dit que les familles homoparentales sont "contre-nature", arrivé en tête,
et Paul Salen (6ème Loire), qui a co-signé 68 amendements concernant la loi Taubira, et la proposition de loi visant à limiter la PMA aux seuls couples hétérosexuels, en ballotage défavorable derrière le candidat de la République en marche.
 
Mais ce ne sont cependant pas les seuls. Au moins cinq candidats La République en Marche se sont opposés au mariage pour tous :
Vincent Bru (6ème Pyrénées Atlantique), arrivé en tête,
Ary Chalus (3ème Guadeloupe), ancien membre du Parti radical de gauche, éliminé,
André Dupont (1ère Ardèche), arrivé en tête,
Gabrielle Louis-Carabin (2ème Guadeloupe), n'avait au final pas eu d'investiture de la République en marche,
Olivier Serva (1ère Guadeloupe), est même allé jusqu'à dire que "l'homosexualité est une abomination"arrivé en tête.
 
Ils sont également trois candidats investis par le Parti socialiste à s'être opposés lors du vote sur l'ouverture du droit du mariage à tous les couples :
Bernadette Laclais, (4ème Savoie), en ballotage défavorable derrière le candidat de la République en marche,
Jérôme Lambert, (3ème Charente), en ballotage défavorable derrière la candidate de la République en marche,
Gilles Savary, (9ème Gironde), qui estime que le mariage homosexuel "n'est pas légitime", en ballotage défavorable derrière la candidate de la République en marche,
ainsi que Anne-Yvonne Le Dain (2ème Hérault), également opposée à la GPA, éliminée,
et Bruno Nestor Azerot, (2ème Martinique), tous les deux du groupe parlementaire Divers Gauche, arrivé en tête.
 
L'extrême gauche n'est pas non plus en reste, avec deux candidats à la députation ayant voté contre le mariage pour tous.
Patrice Carvalho, (6ème Oise), pour le PCF / Front de Gauche, éliminé,
Jean-Philippe Nilor, (4ème Martinique), ancien du PCF et maintenant candidat pour le parti de gauche Rassemblement démocratique de la Martinique, arrivé en tête.
 

Chez le FN et Civitas, l'homophobie assumée

Nos confrères de Buzzfeed ont fait le tour des comptes Facebook et Twitter des candidats FN aux législatives dans une très longue enquête. Parmi eux, 14 candidats à la députations ont tenu des propos homophobes. TÊTU en a malheureusement trouvé d'autres.
Les candidats à la députation du FN, soutenu par le FN ou affiliés à l'extrême droite : 
Alain Avello, (4ème Loire Atlantique), qui a dit que l'homosexualité "était une perversion", éliminé,
Madi Anli Boinali (2ème Mayotte), pour qui le mariage pour tous est immoral, éliminé,
Jeoffrey Bollé, (5ème Seine et Marne), qui pense que les homosexuels portent des robes, en ballotage défavorable derrière le candidat des Républicains ouvertement gay Franck Riester,
Jacques Bompard, (4ème Vaucluse), soutien de Nicolas Dupont-Aignan dont la femme a refusé de marier un couple de même sexe (et a été poursuivie pour cela), avait signé un amendement contre le mariage pour tous et proposé de simplement supprimer le mariage civil, en ballotage défavorable derrière la candidate de la République en marche,
Maïthé Carsalade, (4ème Haute Garonne), fâchée que Disney "diffuse des scènes gay aux enfants", éliminée,
Claudie Cheyroux, (1ère Pyrénées Atlantique), qui critique "l'homosexualisme" enseigné à l'école par les socialistes, éliminée,
François Helie, (3ème Essonne), pour avoir publié des caricatures et des dessins satyriques homophobes, éliminé,
Pascal Gannat, (3ème Sarthe), qui avait critiqué l'homosexualité de Frédéric Mitterand, éliminé,
Christian Lechevalier, (4ème Ille et Vilaine), qui était contre le don du sang des homosexuels, éliminé,
Anne-Laure Maleyre, (10ème Hauts de Seine), qui compare homosexualité et pédophilie,  éliminée,
Marie-Mauricette Martinez, (6ème Gironde), qui estime que "la France éduque un peuple homosexuel", éliminée,
Marie Mavande, (11ème Seine Saint Denis), qui parle des "valeurs gênantes du lobby gay", éliminée,
Emmanuelle Ménard, (6ème Hérault), femme du maire de Béziers Robert Ménard, et directrice du média d'extrême droite Boulevard Voltaire sur lequel de nombreux propos homophobes ont été relevés, arrivée en tête,
Amaury Navarranne, (1ère Var), qui avait défendu un cadre du FN ayant tenu des propos homophobes, éliminé,
et Grégory Stich, (2ème Haut-Rhin), qui a partagé des images et caricatures à caractère homophobe sur les réseaux sociaux, éliminé.
 
À tous ces noms s'ajoutent ceux des candidats de Civitas, récemment devenu un parti politique, et qui s'est déjà fait remarqué par ses actions homophobes. Leur programme consacre 7 points - sur les 24 qu'il comporte - à la réduction des droits des LGBT, notamment l'abrogation de la loi Taubira.
Voici la liste des candidats à la députation et les suppléants Civitas:
Thibault Barge et son suppléant François Sabatier, (9ème Isère), éliminés,
Jacqueline Berger et son suppléant Robert Davion, (5ème Moselles), éliminés,
Marthe Caude et son suppléant Christophe Liger, (3ème Paris), éliminés,
Pierre Dinet et sa suppléante Charline Villert (1ère Gironde), éliminés,
Arnaud Fournet et sa suppléante Diane Helage (3ème Hauts-de-Seine), éliminés,
François Gauche et sa suppléante Laetitia Guegan, (9ème Moselle), éliminés,
Karine Harouche et son suppléant Nicolas Ardizzoni (3ème Bouches-du-Rhône), éliminés,
Elie Hatem et sa suppléante Corine Pace, (7ème Var), éliminés,
Alexandre Gabriac et sa suppléante Christiane Canestrari, (2ème Isère), éliminés,
Anne Le Baut et son suppléant Georges Arnaud, (4ème Hauts-de-Seine), éliminés,
Cyrille Rey-Coquais et son suppléant Xavier Isnard, (2ème Yonne), éliminés,
Michel Simmonot et son suppléant Eric Locaputo, (4ème Paris), éliminés,
Céline Thomas et son suppléant Yann Esteveny, (5ème Loire), éliminés, [c'est dans cette circonscription que Civitas a obtenu son meilleur score, avec 1,11%, ndlr]
et Marie-Jeanne Vincent et son suppléant Fabrice Gontier, (7ème Pas-de-Calais), éliminés.
 
Si votre député.e ou un.e candidat.e de votre circonscription a tenu des propos homophobes, envoyez un mail à [email protected]; la rédaction étudiera son cas et le rajoutera à la liste le cas échéant.
 

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