Marche des fiertésAnton Hysén : "C'est insulter les supporters de croire qu'ils ne soutiendront pas un footballeur gay"

Par Julie Baret le 05/12/2016
Anton Hysén footballeur

Anton Hysén, footballeur professionnel, a fait son coming-out en 2011. Depuis, il encourage les autres joueurs à suivre son exemple pour renverser le machisme et l'homophobie qui gangrènent ce sport.

"Si personne n'a fait [son coming-out], comment pouvez-vous savoir que l'Angleterre n'est pas prête pour ça ?" interrogeait hier le joueur de football suédois Anton Hysen aux journalistes du Mirror. Ce pas, lui l'a franchit en 2011, dans les colonnes du magazine de football Offside, et déjà à l'époque, il n'avait pas peur de mettre les points sur les "i" :

Je suis footballeur. Et je suis gay. Quand je joue, je ne pense pas que le fait que j'aime les filles ou les garçons ait la moindre importance. Je ne jouerai peut-être pas en Premier League, mais je veux montrer qu'on peut être footballeur et homosexuel.  Il y aura toujours des gens qui ne supportent pas les homos, comme il y a des gens qui ne supportent pas les immigrés. Je peux intéresser un club, et puis l'entraîneur change d'avis en découvrant que je suis gay, mais c'est son problème, pas le mien.

Anton Hysén footballeur
© @antonhysen/Instagram

Anton Hysén n'est alors âgé que de 20 ans. Il joue en 3ème division suédoise et il est le fils de Glenn Hysén, ancien footballeur star du Liverpool FC. Il devient aussi le premier joueur de football professionnel en activité à faire état de son homosexualité. Avant lui, seul Justin Fashanu avait fait pareille annonce en 1990, mais s'était suicidé huit ans plus tard, après une tragique campagne homophobe conduite à son égard. En 2013, un joueur américain franchit également le pas. Il s'agit de l'américain Robbie Rogers. "Où diable sont les autres ?" demandait  Anton en 2011. Lui qui révélait recevoir des appels anonymes de joueurs désirant faire leur coming-out à leur tour... Sans suite. Car dans l'univers du ballon rond, les joueurs ont davantage tendance à annoncer leur homosexualité une fois qu'ils ont raccroché les crampons par peur des insultes et des représailles, à l'instar de l'Allemand Thomas Hitzlsperger ou du Français Olivier Rouyer.

Anton Hysén footballeur
© @antonhysen/Instagram

"Si un joueur de Premier League fait son coming-out, ça sera énorme pour le monde du football"

A 25 ans, Anton Hyvén enfile encore le maillot (même pour aller à la Pride de Stockholm), expose fièrement des drapeaux arc-en-ciel sur ses photos Instagram et urge toujours les joueurs de Premier League - qui d'après lui comptent plus d'un gay - à sortir du placard pour ouvrir une discussion sur l'homosexualité à l'intérieur du football :

Nous avons eu Justin Fashanu il y a longtemps, mais je sens que nous sommes devenus bien plus progressistes depuis lors. Le football a complètement changé et la société aussi. Et c'est la même chose en Suède : jusqu'aux années 1970, l'homosexualité était considérée comme une maladie. Il n'y a pas si longtemps que ça, les homos ne se sentaient pas en sécurité dans la rue. Mais les choses semblent aller mieux et le contexte peut permettre à un joueur de foot de faire son coming-out.

Anton Hysén footballeur
© @antonhysen/Instagram

D'après le jeune suédois interviewé par The Mirror, il revient ainsi aux joueurs d'être forts, mais aussi aux autorités du football de faire preuve de soutien, car "c'est insulter les supporters britanniques que de supposer qu'ils ne sont pas prêt à soutenir un joueur de football gay. Les joueurs qui sont là pour jouer au football soutiendront n'importe quel joueur qui progresse." Or "si un joueur de Premier League fait son coming-out, ça sera énorme pour l'univers du football, pas seulement en Angleterre mais dans le monde entier".
Anton Hysén est d'ailleurs force d'exemple. Lui qui jouait en 3ème division lorsqu'il annonçait son homosexualité a rejoint une équipe de 2ème division en 2015 : Torslanda IK, en Suède. Il est aussi une personnalité médiatique dans son pays où il a remporté l'émission Let's Dance en 2012.