LGBTphobieAssos locales, le gouvernement peut financer vos projets contre les LGBTphobies

Par Adrien Naselli le 25/01/2018
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La DILCRAH a lancé, en présence de Marlène Schiappa et Jacques Toubon, un appel à projet pour les structures locales qui luttent contre les LGBTphobies. Culture, sport, Marche des fiertés... Il y a mille façons de participer !

En 2017, 157 projets de lutte contre les LGBTphobies, répartis dans 42 départements, avaient reçu un soutien financier de la part de la DILCRAH (Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT) qui disposait d'une enveloppe de 1,5 millions d'euros pour son premier appel à projet. Placée sous l'autorité du Premier ministre, la Délégation remet le couvert en 2018 avec un volet spécifique pour les structures locales. Cette initiative inédite dispose d'un budget de 500 000 euros.
Le délégué interministériel, Frédéric Potier, annonce à TÊTU que la DILCRAH avait reçu 170 projets en 2017. Il s'était par exemple rendu au festival culturel BisQueer, à Reims, en présence du maire et du préfet, pour constater l'efficacité de ces subventions. Mais Potier insiste sur la variété des projets soutenus : "Dans d'autres territoires, ça va être des expositions, des guides, des choses dans le domaine du sport, comme par exemple le documentaire de Yoann Lemaire sur le foot que nous diffuserons le 17 mai", énumère-t-il à TÊTU.

Marlène Schiappa hôtesse

"J'ai coutume de dire que la DILCRAH est placée sous mon autorité en ce qui concerne le H", commence Marlène Schiappa devant ses invité.e.s ce 24 janvier au soir. Les bureaux de la Délégation interministérielle se situent juste au-dessus du secrétariat d’État à l'égalité entre les femmes et les hommes. Marlène Schiappa avait mis les petits plats dans les grands pour lancer cet appel à projet et recevoir notamment SOS homophobie, qui avait elle aussi bénéficié de l'appel à projet 2017, et qui publie son Guide pratique contre les LGBTphobies 2018 : "Tous les sujets y sont abordés, du Pacs au don du sang en passant par le travail et les couple binationaux", a complimenté la secrétaire d’État.
Cette nouvelle édition du guide a été soutenue et relue par Jacques Toubon, le défenseur des droits. Marlène Schiappa en a profité pour blaguer : "Cher Monsieur Toubon, puisque Twitter se souvient de tout, vous vous rappelez qu'au moment de votre nomination, j'avais protesté. Parce que vous étiez blanc, parce que vous aviez l'air hétérosexuel, et parce que vous étiez un homme. Si je pouvais retourner dans le passé, je parlerais avec le moi d'il y a quelques années et qui s'apprêtait à tweeter, en lui disant quel travail vous faisiez. Je salue votre engagement formidable pour défendre tous les droits".
Marlène Schiappa a ensuite défendu l'idée de cet appel à projet local :

Au-delà de la vie parisienne avec ses méandres, ses splendeurs et ses moments moins grandioses, il y a une véritable réalité qui est différente et spécifique selon les endroits de France où on habite. Ces projets locaux pourront par exemple se dérouler à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre l'homophobie et la transphobie, le 17 mai, ou lors des Marches des fiertés dans tout le pays.

Elle a profité de la présence d'un certain nombre d'associations dans ses salons pour réaffirmer son engagement sur les batailles politiques à venir : "Les engagements du président de la République ont été clairs pendant la campagne présidentielle, aussi bien sur l'ouverture de la PMA à toutes les femmes que sur la reconnaissance à l'état civil de la filiation des enfants nés par GPA à l'étranger. J'en parlais encore ce matin avec la ministre de la Justice, Nicole Belloubet. Je crois que vous connaissez ma conviction sur ces sujets".
Marlène Schiappa a en outre rappelé que 1 084 infractions LGBTphobes avaient été enregistrées par le ministère de l'Intérieur en 2016. "1 084 infractions de trop, des injures, des discriminations, des menaces et parfois, trop souvent, des violences physiques ou sexuelles".

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Photo : Franck Aubry. De gauche à droite : Frédéric Potier, Marlène Schiappa, Jacques Toubon et Joël Deumier

Comment recevoir une subvention ?

Le délégué Frédéric Potier a détaillé sa méthode à TÊTU : "En 2017, l'appel à projet n'était que national. Cette fois-ci, on a décidé de dédier une partie de nos fonds à des actions de terrain, dans les départements, gérés par les préfets. Ce qui permet de mettre en contact des associations locales avec des représentants de l’État au niveau local, pointe-t-il. On croit beaucoup à ça : une petite action de 500 euros dans un collège ou un lycée peut faire changer les mentalités, pas seulement les grandes manifestations comme les Gay Games ou le guide de SOS homophobie."
Pour postuler, il faut déposer un dossier directement à la préfecture du département dans lequel l'action est envisagée. "Attention, ce n'est pas seulement parce que l'asso est LGBT qu'on va la soutenir, prévient Frédéric Potier. Seuls les projets qui prévoient véritablement de lutter contre la haine anti-LGBT seront retenus. Nous sommes une politique publique neuve, il faut qu'on soit extrêmement vigilants sur l'utilisation des deniers publics."
Et le délégué de vanter sa méthode : il paraît que Randy Boissonnault, l'envoyé spécial de Justin Trudeau sur les questions LGBT qu'il rencontrait quelques heures plus tôt, veut imiter l'appel à projet français...
 
Attention, vous n'avez qu'un mois pour postuler. Il faudra déposer le dossier en préfecture avant le 25 février. Rendez-vous sur la page de la DILCRAH pour tous les détails.
 
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Photo de couverture : crédit Franck Aubry. De gauche à droite : Frédéric Potier, la députée LREM Laurence Vanceunebrock-Mialon, le président de SOS homophobie Joël Deumier, Marlène Schiappa et Jacques Toubon.