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témoignages"Comment je suis devenu acteur dans le porno gay"

Par Jérémy Patinier le 11/01/2017
gay porn

Notre vaillant reporter est reparti en immersion chez les «impudiques», témoins de notre époque qui acceptent de se livrer sans fausse pudeur. Aujourd’hui, rencontre avec B., jeune homme timide qui a trouvé sa place dans le monde du porno gay. Il nous raconte ses débuts.

Je connais B. depuis presque deux ans. En apparence c’est un garçon timide, mais à chaque réplique, il fait mouche. Il observe parfois sans rien dire et sort une des catchphrases dont les timides ont parfois le secret. Il vous regarde profondément sans rien dire et sait vous déstabiliser. B., c’est l’impudeur et la timidité. Évidemment il y a un lien. Pour lui, briser la glace se fit devant le feu des projecteurs des films, dans le monde du porno gay. Depuis deux ans, il tourne scène après scène, en France et maintenant à l’international, demande oblige. Je lui ai demandé de m’expliquer son parcours de baby pornstar… De façon anonyme, pour ne pas dévoiler à tous sa vie privée. Son corps, ok, mais la timidité ne se cache pas toujours au même endroit que la pudeur.

"J'ai commencé ma carrière dans le porno en janvier 2014, j'étais à l'époque âgé de 20 ans. J'ai commencé pour une production française avec qui j'ai été en contrat d'exclusivité jusqu'en mai 2015, j'ai tourné 16 scènes pour cette production en un an et demi. Les tournages se sont faits principalement à Nice et Paris avec cette production puis deux scènes on été tournées à Montréal au Canada. Ensuite en mai 2015 j'ai rompu mon exclusivité car les demandes à l'étranger se multipliaient. J'ai commencé à tourner pour une production des pays de l'Est en juin 2015, à Prague en juin et en Espagne en septembre 2015 dans une ville proche de Sitges. J'ai tourné 10 scènes en tout avec celle ci. Puis j'ai fait une pause dans ce que j’appelle « ma carrière » jusqu'en mai 2016 où l'on ma proposé un tournage à Manchester pour une production anglaise spécialisée dans le SM. Je n’avais jamais fait ça, j’ai tenté l’expérience et j'ai tourné 6 scènes avec eux. Voilà donc en tout j'ai fait 32 scènes en 2 ans et demi. Et j'ai été nominé trois fois pour des Porns Awards durant l'année 2016.

J’ai été démarché en décembre 2013 via Gayromeo…

Je pense que j'ai toujours été, depuis mon plus jeune âge, quelqu'un qui aime le sexe alors je me suis dit : pourquoi pas me faire de l'argent avec quelque chose que j'aime faire ? Quand j’ai été démarché en décembre 2013 via Gayromeo par un producteur qui ne fait que des films de twinks (ndlr : des physiques de « garçons d’à côté », assez fins et jeunes), j’ai décidé de sauter le pas. C’était déjà la deuxième production à me contacter, mais à l'époque je ne me sentais pas encore prêt. Et je préférais la seconde maison de prod. Alors comme on dit : « la nuit porte conseil »… Je me suis je fait un tournage pour le fun… Et voilà que j’en ai fait 32 !

La première fois, c’était un peu spécial évidemment. Quand je suis arrivé là-bas, je ne connaissais la tête de personne à part celle du producteur que j'avais vu en photo. J'étais assez anxieux et stressé dans un premier temps – ça a fait ressortir mon côté timide mais très vite je me suis lié d'amitié avec un des acteurs. Le premier jour, c'était les présentations, ce fut aussi l’occasion de choisir nos noms de scène. Puis la première nuit et le premier jour de tournage qui, heureusement pour moi s'est déroulé avec le garçon avec qui je me suis lié d'amitié. On avait une scène ensemble. Cette première fut compliquée car il est dur de jouer un rôle quand tu n'es pas comédien dans l'âme... mais on y prend vite goût ! La deuxième chose est de faire abstraction des caméras car on se sent observé et du coup, ça devient compliqué de se concentrer sur son érection et ne pas les regarder. Le tournage a duré 5 jours, j’ai fait 4 scènes en tout, les choses se sont plutôt bien enchaînées… Disons que je me suis vite fait à la présence des caméras… En rentrant chez moi, j'étais satisfait de mon travail, si je peux me permettre. Les productions avec lesquelles j'ai travaillé jusqu'à présent ont toutes été respectueuses : si l’on n’a pas envie de faire un truc, on ne le fait pas ! Mais il me semble n'avoir jamais rien refusé jusqu'à présent car je suis quelqu'un qui aime les défis et repousser ses limites.

Mon père est au courant mais fait abstraction et c'est mieux ainsi.

Ma mère est au courant et d'ailleurs sa première réaction pourrait en surprendre plus d'un… Comme elle fréquente le milieu gay, je préférais qu'elle l'apprenne par moi plutôt que par un ami gay à elle. Je pense que mon père est au courant mais fait abstraction et c'est mieux ainsi. Il m’arrive parfois que les gens me reconnaissent en soirée ou même sur les applications de rencontre, mais je ne m'en cache pas : j'assume totalement! Il n'y a pas de honte à aimer le sexe et vouloir donner du plaisir aux gens. Je me dis que toute remarque est bonne à prendre, mais je connais mes valeurs et mes raisons de faire ça…

J'ai toujours aimé le sexe depuis mon plus jeune âge... Je ne sais pas d'où ça vient... La génétique ? Non, je plaisante. Je n'étais pas libéré sexuellement pour autant, j'étais même plutôt sage avant le porno, ça a été un peu comme une libération pour ma vie sexuelle... Je dirais que le porno m'a libéré de ma timidité, attention je ne dis pas que je le suis plus. Mais aujourd'hui j'ose faire le premier pas vers un homme, ce que je n'aurais jamais fait avant. En soirée, je suis plus sociable qu'avant. J'ai maintenant des pratiques que je n'aurais jamais eues sans cette expérience : avant le porno j'avais été très peu passif, aujourd'hui je le suis à 75%. Le sexe à plusieurs était inimaginable pour moi alors qu’aujourd'hui, je suis un adepte du sexe avec des couples... Je n'avais jamais eu de pratiques SM non plus... Et sûrement d'autres choses que je vais encore découvrir…"

B. a l'art d'en dire sans tout dévoiler, de teaser du regard comme dans ses films... Un jeu ? Certainement... Un acteur ou un séducteur ? Les deux. Il baigne dans son rêve et crée des illusions, des envies... Dommage, finalement, qu'il ne parle pas dans ses scènes. Le porno manque parfois des catchphrases dont il a le secret.

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