Jon Ralston est un présentateur télé et journaliste américain. Sur son blog ralstonreports.com, il raconte l'histoire de son fils transsexuel.
Jon Ralston débute son billet en déclarant son amour inconditionnel pour sa fille et ce depuis sa naissance, il y a 21 ans. Puis, ce père bienviellant raconte que depuis toujours elle détestait les trucs "girly" comme ils disent outre-Atlantique, allant jusqu'à menacer de couper la tête des poupées qu'il lui offrirait. Bien évidement, ce rejet du genre qu'on cherchait à lui imposer s'exprimait dans tous les aspects de sa vie, jusqu'à l'école :
Elle a refusé de porter la jupe de son uniforme scolaire, lui préférant un pantalon kaki. Même avant le lycée, c'était un vrai garçon manqué qui se fichait d'être une ravissante petite fille blonde aux yeux bleus. Elle préférait passer des heures à pêcher à Sunset Park plutôt que d'aller faire du shopping avec ses copines. Elle m'a dit vouloir être un garçon.
Jon Ralston raconte la difficulté qu'il a eu d'y voir autre chose qu'une passade, se disant "Ça ne durera pas. (...) Je connaissais plein de femmes qui disaient avoir été un garçon manqué". Pourtant, il admet également "Pour moi, ça n'avait pas vraiment d'importance. C'était ma fille, et je l'adorais". La relation père/fille devient très forte, quasi fusionnelle, le père assistant à tous ses matches de football, basket-ball, volley-ball...
Les années lycée de Maddy et le déni de son père
Mais Jon Ralston s'inquiète pour sa fille. Une fois au lycée, cette dernière commence à faire l'objet d'insultes et de moqueries ; les lycéennes - impitoyables les uns envers les autres - la traitant de lesbienne et d'abomination divine. Son père se dit qu'elles ont peut être raison de penser que Maddy est lesbienne mais lui s'en contre fiche éperdument. Il raconte :
Pendant un temps, elle est sortie avec un garçon. Mais ça n'a pas duré. Elle ne le sentait pas vraiment, je le voyais bien. Ensuite, elle est sortie avec une fille. Ça a duré un moment, mais elle n'était pas heureuse. Quelque chose n'allait pas.
En effet, avant son année de première, Maddy ne parlait pas trop de ce qu'elle ressentait, ne s'était jamais vraiment épanchée sur la question. À moins que son père n'ait pas réussi à l'entendre :
Je ne crois même pas l'avoir vraiment écoutée, il y a quelques années, quand elle m'a dit qu'en fait, à l'intérieur, elle était un garçon. Qu'elle était transsexuelle. "C'est ça", ai-je pensé. "Ça lui passera." J'en étais certain.
Protéger son enfant
Cependant, Jon Talston finit par accepter pleinement le choix de sa fille de devenir homme, notamment grâce à son travail de journaliste qui lui a permis d'apprendre beaucoup sur le sujet et de se renseigner. Au regard de ce que vivent les transsexuel(les) au quotidien, ce père cherche avant tout à protéger sa fille, laquelle a déjà vécu beaucoup d'épreuves en perdant sa mère quand elle était enfant, et en changeant d'école :
Comme toujours, ma première réaction a été de protéger mon enfant, de m'assurer qu'elle n'était pas en danger et qu'elle était heureuse. (...) La vie est déjà bien assez dure comme ça. Mais avec toute cette ignorance qui suscite tant de peur, un rejet si viscéral de l'idée même de transsexualité, je crains que cela ne rende la vie de Maddy encore plus difficile.
Quand Jon Ralston entend les insultes dont Maddy peut faire l'objet, ou ne serait-ce que les commentaires de certains parents, il lui arrive de "bouillonner de rage". Il se dit que tous ces gens "finiront par comprendre, sauf ceux qui sont pleins de haine". Même si parfois, ce père qui se bat pour sa fille adorée admet avoir du mal à accepter et affronter tout cela.
Quand Maddy devient Jake
Mais le bonheur de sa fille passe avant toute chose. C'est ainsi qu'il voit les choses, surtout lorsqu'il réalise que ça ne "passera pas" comme il le pensait un temps. Car Maddy a entrepris depuis un an une démarche de changement de sexe :
L'année dernière, elle a commencé à parler de changer de sexe. Il y a environ six mois, elle a commencé à prendre de la testostérone, entamant sa transition pour devenir qui elle est réellement.
Puis, il a fait une démarche supplémentaire, administrative cette fois, mais non moins importante :
Cette semaine, elle s'est rendue au tribunal et a courageusement expliqué à un juge pourquoi elle voulait être un homme, et faire modifier son certificat de naissance. Après l'audience, quand c'est finalement devenu une réalité, quand il m'a appelé, je crois bien que je n'avais encore jamais entendu mon enfant aussi heureux. Et il voulait que les gens sachent.
Et au père de conclure sur ces mots emplis d'amour et de tolérance envers son enfant :
Quand je rentrerai à la maison dans quelques jours, je verrai pour la première fois une personne qui s'appelle officiellement Jake Ralston. Et s'il y a une chose dont je suis certain, c'est que je l'aimerai dès le premier regard.
Ce billet a été traduit et publié par le Huffington Post France.
