Aujourd'hui a lieu la Gay Pride 2016 de Jérusalem, un évènement assombri par la mort d’une adolescente l'an passé et par les propos de certains rabbins.
Ce jeudi 21 juillet, des milliers de personnes investiront les rues de Jérusalem pour célébrer la communauté LGBT depuis la capitale d’Israël. Organisée par la Jerusalem Open House for Pride and Tolerance, une association de lutte contre l’homophobie, cette quinzième édition de la Gay Pride - ou Marche pour la fierté et la tolérance - résonne pourtant tristement.
En effet, le défilé succède à la précédente édition qui s’était achevée dans une violence inouïe : un ultra-orthodoxe – condamné à perpétuité depuis – s’était jeté dans la foule muni d’un couteau et avait poignardé sept personnes de la parade. Parmi les victimes, la jeune Shira Banki avait trouvé la mort à seulement 16 ans. C’est en hommage à cette victime innocente que défilera la Gay Pride 2016 de Jérusalem, sur l'appel de ses parents lancé via Facebook :
Défiler à la gay pride de Jérusalem n’est pas seulement [l’occasion de] manifester un soutien à la communauté LGBTQ ; c’est également [l’occasion de] soutenir les idées de tolérance et de l’égalité pour tous. Pour nous, cela signifie aussi résister à la violence comme moyen de résoudre tout différend.
Shira n’était pas membre de la communauté LGBTQ – elle croyait que tout être humain a le droit d’être traité comme tel, indépendamment de son orientation sexuelle. Nous méritons tous d’être traités avec respect, certainement pas par la violence ou un manque de respect.
Le président Rivlin condamne la haine et l'homophobie
Le président Reuven Rivlin s’est lui-même rendu à la rencontre de la famille de Shira Banki dimanche déclarant que « Shira a été assassinée pour le droit de chaque femme et de chaque homme de s’exprimer et de vivre sa sexualité librement » et que « la beauté et l’innocence ont été tuées sur l’autel de la haine ».
Le président israélien en a profité pour condamner les propos homophobes de certains rabbins de premier plan qui le « blessent profondément », clamant que « l’incitation à la haine contre la communauté LGBT et tous les soutiens que reçoit cette incitation doivent cesser ».
Le président fait notamment référence aux positions d’Eyal Karim, candidat au poste de grand rabbin de l'armée israélienne, ou encore à celles du rabbin Yigal Levinstein qui qualifiait les homosexuels de « déviants » la semaine passée. En France, c’est l’ancien rabbin de France, Joseph Sitruk, qui faisait polémique en juin en décrivant l’homosexualité comme une « abomination » le jour de la Pride Parade de Tel-Aviv.
Plus récemment, le chef de Lehava – une organisation d’extrême droite - a annoncé que le jour de la Gay Pride 2016 de Jérusalem « apparaîtra toute la saleté de la société, le fond du baril de l’humanité, dont le seul but est de répandre leur saleté et de souiller la ville sainte », prévoyant même une contre-manifestation à la parade.
Des mesures de sécurité renforcées
Face à cette menace, des mesures supplémentaires ont été prises pour protéger les participants : la police sera déployée en grand nombre, seules les personnes inscrites sur liste par la Jerusalem Open House for Pride and Tolerance pourront entrer dans la parade et ceux qui souhaitent la rejoindre en cours de route devront passer un contrôle de sécurité.
Des mesures qui ne semblent pas suffisantes aux yeux du consulat américain à Jérusalem qui, parallèlement, a exhorté ses ressortissants à peser les risques d’un tel rassemblement :
Le consulat américain conseille à ses citoyens participant au défilé de faire preuve de prudence et d’être conscients que les rassemblements de grandes foules peuvent être une cible pour les criminels, les terroristes et les individus motivés par des croyances nationalistes et politiques.
Il y a peu, le maire de la ville a également renoncé à sa venue au prétexte de ne pas vouloir heurter les religieux du pays, comme l’indique i24 News...
La Gay Pride 2016 de Jérusalem partira à 17 heure (heure locale) du parc de la Cloche de la Liberté pour rejoindre le Parc de l’Indépendance en centre-ville.
Pour en savoir plus :
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Crédit photo couverture Andrew Ratto/Flickr
