Christiane TaubiraLe gouvernement Philippe est-il LGBT-friendly et féministe ?

Par Julie Baret le 17/05/2017
gouvernement Philippe

Une ambassadrice des Gay Games, quelques alliéEs, mais aussi des fantassins de la Manif pour tous... Drôle de composition pour le premier gouvernement du quinquennat Macron.

Interrompant les craintes d'un nouveau report d'annonce du gouvernement, Alexis Kohler, secrétaire général de l'Elysée, a annoncé la composition du premier gouvernement du quinquennat d'Emmanuel Macron, à 15 heure pile le mercredi 17 mai.

La parité oui, mais pas au sommet

Comme annoncé dans son programme présidentiel, Emmanuel Macron compose un gouvernement paritaire : huit femmes et huit hommes se partagent les 18 ministères, en plus des quatre secrétariats d'État également attribués selon la parité. Le gouvernement Philippe ne bouscule pas toutefois les portefeuilles historiquement attribués aux femmes comme la Santé (Agnès Buzyn), la Culture (François Nyssen), l'Enseignement supérieur (Frédérique Vidal) et le Sport (Laura Flessel).
Seule exception, Sylvie Goulard est nommée au ministère des Armées - qui récupère un titre à la symbolique belliqueuse, après avoir été celui de Défense plutôt que celui de la Guerre au sortir de la Seconde Guerre Mondiale. Elle est aussi la première femme à apparaître dans l'ordre protocolaire, bien qu'elle n'arrive qu'à la 5ème position, et la seule femme à occuper une fonction régalienne.
Les trois ministères d'État ont été confiés à trois hommes : Gérard Collomb à l'Intérieur, Nicolas Hulot à la Transition écologique et solidaire et François Bayrou à la Justice. Des nominations qui, additionnés au duo président-premier ministre, confirment une équipe dirigeante de tête exclusivement conjuguée au masculin.

Les Droits des femmes et la Famille portées disparues

En rebattant les cartes du gouvernement, Emmanuel Macron tire dans l'aile sociale des portefeuilles et supprime le ministère des Familles, de l'Enfance et des Droits des femmes, rompant au passage sa promesse, pas de ministère "plein et entier des Droits des Femmes".

Déjà progressivement déclassé sous la présidence de Hollande - ministère des Droits des femmes de plein exercice confié à Najat Vallaud-Belkacem en 2012, remplacé par un secrétariat d'État aux Droits des femmes en 2016 puis dissout dans le ministère des Familles et de l'Enfance  -, l'égalité femmes-hommes perd à nouveau le symbole du ministère plein pour être reléguée dans un secrétariat d'État sous tutelle du premier ministre Edouard Philippe (et donc de l'arbitrage de ses financements). La direction en est confié à Marlène Schiappa, blogueuse et chroniqueuse féministe, entrepreneuse et présidente du réseau "Maman travaille", également adjointe à la mairie du Havre.
La communication a elle aussi disparue, probablement fondu dans le ministère de la Culture. On pourrait dresser le même constat pour le Sport qui perd son suffixe de Jeunesse. Pareil pour la Ville, le Logement et l'Enfance par exemple...

Plusieurs alliés - et même une marraine

Si ce n'est un Christophe Castaner, qui n'a pas hésité à moquer l'homophobie de Christine Boutin dans un tweet de 2014, et Mounir Mahjoubi, ancien président du Conseil National du Numérique et directeur de la campagne numérique d'Emmanuel Macron qui a déjà emprunté les six bandes arc-en-ciel imaginé par Gilbert Baker pour colorer son profil Facebook, le gouvernement Philippe ne brille par sa défense des valeurs LGBT-friendly (pour l'instant !).

À noter, malgré tout la nomination de l'escrimeuse olympique Laura Flessel. La nouvelle ministre des Sports est également la marraine de Paris 2018, les des Gays Games qui auront bientôt lieu dans la capitale française.

Seulement cinq députés de droite se sont abstenus lors du vote de la loi Taubira en 2013. Parmi eux, le premier ministre Edouard Philippe, mais aussi Bruno Le Maire, nommé ministre de l'Économie par le président, bien que l'homme de droite se soit présentes aux primaires de la droite et n'ai pas hésité à qualifier Emmanuel Macron "d'hommes sans conviction" il n'y a pas trois mois.
À l'inverse, le gouvernement Philippe ouvre volontiers ses portes au sombre souvenir de la Manif pour tous, à cause duquel Emmanuel Macron essuyait un bad buzz avant les élections, lorsqu'il affirmait dans L'Obs que le précédent quinquennat "avait humilié cette France là".

Darmanin, l'adjuvant anti-mariage pour tous

Gérald Darmanin vient d'être nommé ministre du Budget et des Comptes publics. Il avait voté contre l'ouverture du mariage et de l'adoption aux couples de même sexe en 2013 lorsqu'il portait encore l'étiquette UMP. L'année précédente, il qualifiait même ces unions de "néfastes réformes de société" dans un tweet :

Porte-parole de Nicolas Sarkozy en 2014, le député-maire de Tourcoing défendait ardemment la position de l'ancien président de la République consistant à abroger la loi Taubira, comme ce dernier l'avait martelé lors d'un meeting tenu devant Sens Commun, mouvement politique issu de la Manif pour tous afin de faire pression sur les décisions.

L'Intérieur tenu par un socialiste réac

Mais c'est surtout la nomination de Gérard Collomb à l'Intérieur qui inquiète. Si le maire socialiste de Lyon n'était pas député au moment du vote de la loi Taubira, il a toutefois exprimé cette réticence devant cette avancée sociale, avançant qu'il n'était pas certain que ses "amis homosexuels" (sic.) veuillent "obligatoirement se marier". Empruntant l'argumentaire de la Manif pour tous, il avançait ne pas craindre le mariage, mais les autres questions qui selon lui en découlait mais qui n'étaient pourtant pas porté par la loi Taubira, à savoir l'ouverture de la PMA et de la GPA (qu'il comparait à "une véritable industrie du portage d'enfants") auxquelles il est formellement opposé.
Durant ce même quinquennat, Gérard Collomb s'était aussi permis d'assimiler la réussite politique de Najat Vallaud-Belkacem à son apparence physique, se faisant immédiatement épinglé par le site Macholand.
 
Retrouvez la composition complète du gouvernement sur le site du Monde.
 

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