Marche des fiertésLa Pride d’Istanbul encore violemment réprimée par la police

Par Philippe Peyre le 26/06/2017
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Les organisateur·rice·s ont décidé de maintenir l'événement, dimanche 25 juin, interdit la veille par les autorités turques. Les marcheur·se·s ont dû affronter les tirs des forces de police venues les disperser.

Trois ans maintenant que la Pride d’Istanbul est interdite. Trois ans que les militants LGBT la maintiennent. Trois ans qu’elle est le théâtre d’une violente répression de la part des autorités. Dimanche 25 juin, au lendemain de la Marche parisienne, c’était au tour des Stambouliotes de défiler fièrement. Seulement, la veille, les autorités locales ont pris la décision d’interdire le rassemblement, avançant une volonté de préserver “l’ordre public” et la “sécurité des touristes”, après des menaces émanant de groupes conservateurs et d’extrême-droite.

Nous n’avons pas peur, nous sommes là, nous ne changerons pas. Vous avez peur, vous changerez et vous vous y habituerez

Telle a été la réplique des organisateur·rice·s de la Pride d’Istanbul qui ont fait savoir leur détermination dans un communiqué à la suite de l’interdiction. Une volonté assumée de braver l’interdiction et de défiler coûte que coûte.
Bien décidés à faire entendre leur voix, des petits groupes de personnes ont gagné la célèbre place Taksim, dans le centre ville d’Istanbul et ont immédiatement fait face aux forces de police réunies en nombre. Un journaliste de l’AFP présent sur place a même relevé que les policiers étaient plus nombreux que les participants. Des policiers qui ont tiré des balles en caoutchouc pour tenter de disperser le groupe d’une quarantaine de manifestants, rapporte l'agence de presse. Quatre personnes ont été interpellées, toujours selon l'AFP. De son côté, l'association organisatrice fait état d'une vingtaine de personnes LGBTI+ en garde à vue. Sur les réseaux sociaux, de nombreux témoins et individus directement impliqués ont partagé les violentes images de la répression policière.

Une Pride interdite depuis trois ans

2014 s’inscrit comme la dernière année où des dizaines de milliers de personnes ont pu défiler sereinement dans le cœur d’Istanbul pour la Pride. La série noire a démarré en 2015 lorsque les autorités ont interdit la manifestation en raison de sa concomitance avec le ramadan. On se souvient des images d'Hande Kader, la jeune femme trans qui s'était interposée entre la police et les manifestants cette année-là, et qui fut assassinée en août 2016. Pour la Pride suivante, en 2016, c’est l’argument sécuritaire qui a été brandi, dans un pays marqué par des attentats meurtriers menés par l’État islamique ou des séparatistes kurdes. Cette année, c’est à nouveau la sécurité qui est avancée, avec l’extrême-droite radicale en toile de fond.
Autant d’interdictions face auxquelles les organisateur·rice·s n’ont pas cédé. Ces dernier·ère·s ont, chaque année depuis 2015, maintenu la manifestation et affronté à chaque fois une violente répression de la part des forces de l’ordre : gaz lacrymogènes, balles en caoutchouc, interpellations… Un déferlement de violence dans un pays où l’homosexualité n’est pas pénalement réprimée mais où l’homophobie reste très répandue.

#NousMarchons

Malgré l'interdiction de se rassembler et le déferlement de violence de la part de la police, de nombreux manifestant·e·s ont été invité·e·s à lire le communiqué de presse rédigé par Istanbul LGBTI+, l'association organisatrice, en réponse à cette répression, d'après le média turc Gazete YoculukSous le #Yürüyoruz (#NousMarchons), de nombreux petits groupes ont ainsi partagé des vidéos d'eux pour exprimer leur soutien. "Les droits de l'homme, ceux de toutes les personnes, sans discrimination, et la protection de la paix sociale seront atteints", assure le communiqué.
Couverture : Istanbul Pride 2017 - crédit photo Twitter
 
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