Thérapies de conversion interdites à Malte, une première en Europe

Par Jérémie Lacroix le 07/12/2016
thérapies de conversion

Le Parlement maltais vient d'interdire à l'unanimité les thérapies de conversion visant à changer l'orientation sexuelle ou l'identité de genre d'une personne.

Hier, Malte a fait un pas de plus vers une plus grande justice et tolérance vis-à-vis de la communauté LGBT. En effet, après avoir retiré, le lundi 5 décembre, la transidentité de la liste de maladies mentales, le Parlement a voté à l'unanimité pour l'interdiction des thérapies de conversion. Tout professionnel de la santé mentale ou tout autre personne qui tentera "de changer, de réprimer ou d'éliminer l'orientation sexuelle, l'identité de genre ou l'expression de genre d'une personne" s'exposera à des poursuites judiciaires. Des amendes pouvant atteindre 10,000 euros voire des peines de prisons d'un an pourront être prononcées suivant la gravité des faits.

Une pratique assimilable à la torture

Les thérapies de conversion sont des traitements pseudo-scientifiques visant à changer l'orientation sexuelle ou l'identité de genre d'un "patient". Depuis des années, ces dernières sont jugées inefficaces, dangereuses voire potentiellement mortelles, comme en témoignait un adolescent suisse il y a quelques mois. L'ONU, qui a retiré l'homosexualité de la liste des maladies mentales en 1990, considère même que ces thérapies sont assimilables à de la torture (chocs électriques, injections de vomitif...), au même titre que les stérilisations forcées ou que les examens anaux.
Quelques pays (Chine, Brésil) ou Etats américains (New York, Illinois, Californie) ont banni les thérapies de conversion ces dernières années dans le sillage du retrait de l'orientation sexuelle de la liste des pathologies mentales. Néanmoins, ces traitements sont encore pratiqués dans certains pays tels que la Suisse ou le Royaume-Uni qui réfléchissent à légiférer sur la question. Bien que cela puisse paraître pour le moins étonnant, Malte devient ainsi le premier pays européen à officiellement interdire les thérapies de conversion. Même si ces dernières sont moins pratiquées en Europe qu'aux Etats-Unis, cette décision s'inscrit dans une volonté affichée de défense des droits LGBT et de la dignité humaine.
En France, il n'existe aucune donnée officielle quant à de telles pratiques probablement pour deux raisons : premièrement car les thérapies de conversion se font généralement dans la clandestinité - rappelons ici que la France a déclassifié l'homosexualité de la liste des maladies mentales dans la foulée de la décision de l'ONU; deuxièmement car ces thérapies vont souvent de paire avec un fondamentalisme religieux que l'on retrouve moins en France qu'aux Etats-Unis par exemple.
TÊTU a récemment rencontré la ministre maltaise des Libertés civiles, Helena Dalli qui nous a expliqué le travail entrepris par son gouvernement dans la défense des droits LGBT.
 
Photo couverture : capture du film Orange Mecanique de Stanley Kubrick