LGBTphobieNadine Morano fait l'objet d'une plainte pour homophobie

Par Antoine Patinet le 04/07/2018
nadine morano

Un tweet outrageux de Nadine Morano sur la Marche des fiertés, daté du 1er juillet, a suscité un déluge de haine sur internet. Deux associations de lutte contre les discriminations homophobes ont porté plainte.

Elle n'a jamais tourné sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler, Nadine Morano. A la longue liste de ses dérapages, on peut désormais ajouter un tweet, publié le dimanche 1er juillet, lendemain de la Marche des fiertés parisienne.
L'ancienne ministre de Nicolas Sarkozy a posté sur le réseau social deux images : une photo de la marche de 2012, montrant deux hommes en jockstrap, et une photo de l'Assemblée nationale pavoisée aux couleurs de l'arc-en-ciel. Une décision politique qu'elle n'a pas l'air d'avoir appréciée. En légende, la députée européenne Les Républicains s'en prend violemment à La République en Marche. « Pauvre France décadente », écrit-elle, avant de demander du « respect » pour l'Assemblée nationale, et pour « les citoyens, qui n'ont pas à subir ces exhibitions ».

Des plaintes de deux associations

A la vue de ce tweet, plusieurs associations de lutte contre les discriminations ont bondi. Notamment Mousse et Stop Homophobie, qui ont déposé plainte mardi 3 juillet, contre l'ancienne députée de Meurthe-et-Moselle, pour injure homophobe et transphobe. Plusieurs internautes ont également effectué un signalement auprès du ministère de l'Intérieur pour « provocation à la discrimination ».
Chez les politiques, le député Franck Riester, ex-Les Républicains, a condamné fermement les propos de son ancienne collègue sur Twitter. Il était l'un des premiers cadres de droite à révéler son homosexualité, et milite désormais pour une droite plus progressiste, après son éviction du parti.

Quand Nadine Morano pompe Minute

Il faut dire que Nadine Morano a utilisé dans son tweet une image rendue célèbre par son utilisation en Une de l'hebdomadaire d'extrême-droite Minute. En juillet 2012, ils titraient « Mariage homo : bientôt, ils vont pouvoir s'enfiler... la bague au doigt », et « Sida : malgré les risques, ils vont vous donner leur sang ». 

L'hebdomadaire avait été poursuivi par l'association SOS homophobie pour injure et provocation à la haine devant le tribunal correctionnel de Paris. Ce dernier a condamné le « journal » à 4 000 euros d'amende et à 3 000 euros de dommages et intérêts, précisant que la décision concernait uniquement la couverture du magazine. 

Le tribunal a estimé que le « ils » du gros titre réduisait « l'ensemble des personnes homosexuelles à une pratique sexuelle » qualifiée par un « jeu de mot vulgaire sur la sodomie », et dont le caractère « réducteur, clairement méprisant et outrageant » constituait bien une injure. Ils ont également estimé que le sous-titre sur le sida constituait bien une provocation à la haine, en créant « un sentiment de rejet des personnes homosexuelles, présumées dangereuses et mortifères ». 
Après son célèbre « je ne suis pas raciste, ma meilleure amie est encore plus noire qu'une arabe », ou encore son « la France est un pays de race blanche », Nadine Morano nous prouve encore une fois sa maîtrise de la punchline outrageuse, et nous confirme son attrait pour les fake news. Un moyen comme un autre d'exister sur la scène politique quand on n'a plus de mandat national. Après tout, c'est ce cocktail gagnant qui a fait élire Trump...
 
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