LGBTphobieHomophobie : plus compliqué qu’une simple homosexualité refoulée ?

Par Jérémy Patinier le 25/01/2017
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L’homophobie est un ensemble de préjugés, d’a priori et de comportements envers des personnes homosexuelles ou supposées telles. Mais pourquoi certains individus développent plus que d’autres cette aversion ? Et si c’était un peu plus compliqué qu’une simple homosexualité refoulée ?

Homophobie : Attitude, sentiment, malaise ou aversion envers les personnes homosexuelles ou envers l’homosexualité en général. Cette attitude se traduit souvent par des réactions de rejet, d’exclusion et d’hostilité. Les victimes en sont les homosexuel-le-s, mais plus largement les personnes dont l’apparence ou le comportement dérogent aux représentations traditionnelles de la féminité et de la masculinité.

Homosexualité refoulée ?

Souvenez-vous : dans le film American Beauty de Sam Mendes, un ancien marine ultraconservateur éructe à qui veut l’entendre son dégoût pour l’homosexualité, pour ensuite essayer d’embrasser son voisin en déroute, Lester Burnham (Kevin Spacey), avant de l’abattre, humilié par son refus. Ce tragique et étrange paradoxe n’est pas qu'une scène de cinéma; de nombreux événements et faits divers témoignent de la même contradiction entre la violence du verbe et des actes et les appétits du corps :

  • Le tueur d’Orlando était connu de nombreux homosexuels, pour ne citer qu’un cas tragique.
  • On a recensé de nombreux cas de prédicateurs ou de politiciens homophobes pratiquant ou ayant pratiqué le sexe avec d’autres hommes.
  • On se souvient de cette étude d’universitaires géorgiens qui avaient testé l’excitation d’hommes homophobes et non-homophobes devant des films pornos gays : 80% des premiers avaient vus une augmentation de la taille de leur sexe confirmer cette théorie.

Les personnes homophobes ne font-elles que trahir leur propre attirance enfouie pour les personnes du même sexe ? Une étude de 2012 confirme que l'homophobie est plus répandue chez ceux qui éprouvent effectivement cette attirance et qui ont grandi avec des parents autoritaires qui ont réprimé ces désirs. Ils et elles essaieraient de se conformer à une très forte injonction à la binarité et à l'hétérosexualité. D'où une homophobie plus prégnante dans les milieux traditionalistes comme ceux dont sont issus la plupart des soutiens de La Manif pour tous, par exemple.

Dans le Journal de la Santé en 2008, la psychologue Martine Teillac expliquait la provenance de l'homophobie. Elle revenait particulièrement sur l’histoire des homosexuels, qui pouvait expliquer en partie la prégnance des discriminations envers eux aujourd’hui :

C’est le reflet de la société dans laquelle nous évoluons. Il faut avoir en tête que ce n’est que depuis 1968 que l’homosexualité est sortie de la liste des maladies mentales. Et que les actes homosexuels ont été dépénalisés par la loi du 4 août 1982 : c’est donc hier. Il y a dans la société européenne une homophobie larvée, à tel point que l’Union Européenne a dû légiférer contre les actes non seulement racistes et antisémites, mais aussi homophobes, et rappeler cela à tous ses Etats.

L’homosexualité a été réprimée par la loi. Il en reste donc quelques traces dans le discours et dans le regard que certaines personnes peuvent porter sur les homosexuels. Il est impossible de ne pas être imprégné par les valeurs qu'une société et sa/ ses religions véhiculent. Bible et Coran condamnent l'homosexualité.

De la misogynie et de la haine du trouble

Ce n'est pas l’homosexualité - ou le "désir du même que soi" - qui est refoulée, mais davantage l’ambivalence de l’identité de genre, qui crée le trouble en soi, et donc des réactions angoissées : homophobie et transphobie ont les même origines. Les personnes les plus stigmatisées sont les lesbiennes qui "ne font pas assez femme" et les gays "efféminés". On les assimile à la passivité, c'est-à-dire de manière consciente ou inconsciente au féminin.
L’homophobie est cette tentative d'éradication de tout imaginaire féminin afin de demeurer, d'être ou de devenir un "vrai homme". C’est donc la misogynie qui est à la base des réactions homophobes. On rencontre le même schéma avec les attitudes transphobes, bi-phobes ou lesbophobes : rejet d'une fluidité des genres et peur de la non-binarité.
A LIRE :

Et bien sûr, un "traitement" existe : HOMOPHOBIOL !

Crédit photo couverture : American Beauty