LGBTphobieSelon cette enquête, le racisme serait endémique chez les gays

Par Jérémy Patinier le 26/06/2017
racisme

Malgré les appels à l’ouverture et à la tolérance des LGBT à leur encontre, il semblerait que le discours change lorsqu’il s’agit de l’appliquer aux personnes d’origines étrangères et de toutes les couleurs de peau.

 

Un rainbow qui a dû mal à intégrer toutes les couleurs

Dans une société multiculturelle assumée comme l’Angleterre, toutes les personnes se définissant comme « arabe » disent avoir été victimes de racisme au sein de la communauté LGBT. Dans cette enquête menée par le magazine en ligne The Fact Site (spécialisé sur la santé des hommes gays) auprès de 850 hommes gays, 7 Noirs sur 10 font le même constat, comme 86% des personnes originaires d’Asie du Sud (Inde et alentours), 81% des personnes originaires d’Asie du Sud Est (Thaïlande / Indonésie) et d’Asie de l’Est (Chine / Japon / Corée), quand 78% des hommes gays métis disent déjà avoir connu le même problème. Les latinos sont aussi 30% à l’affirmer.
Pendant ce temps-là, et c’est le plus improbable dans cette histoire : 49% des hommes gays blancs pensent que le racisme n’est pas un problème…
Dans son édito au Fact Site, le journaliste Stuart Haggas compare le fait d’appartenir à une communauté à un film d’horreur :

Quand on pense qu’une menace est passée, un serial killer barjo déboule de nulle part et menace de te vider de ton sang. Dernièrement, j’ai l’impression que la communauté LGBT vit de nouveau avec un couteau sous la gorge, non seulement en Russie ou en Egypte, mais aussi beaucoup plus près de la maison.

Dans l'enquête, Kane de Birmingham qualifie les personnes non-blanches de “citoyens de seconde classe” dans la communauté qui s’est elle-même longtemps qualifiée ainsi.  Il déclarait ainsi au magazine Fact Site, dans sa dernière édition :

La communauté LGBT traditionnelle passe son temps à dire au monde entier d'arrêter l'oppression, l'homophobie et les préjugés, mais néglige ses propres préjugés sur les personnes LGBT non-blanches, qu’elle traite comme des citoyens de deuxième classe et le plus souvent, les ignore…

...ou les caricature, serions-nous tentés de rappeler. Comme forcément plus séropositifs, forcément étrangers, forcément pas sérieux, ou alors totalement objectifiés, sexualisés, exotisés… Ce n’est certes pas nouveau, mais le problème est surtout que cela ne semble pas s’améliorer.
Peu de choses ont été faites pour lutter contre les racismes dans la communauté LGBT, personne ne semble y trouver un sujet. Pourtant, sur les applis (qui voient régulièrement défiler les mentions "no black", "no asian"…), à la porte des clubs gays et même à l’intérieur, le problème existe comme partout ailleurs.
 

Et chez nous ?

Portée par ses discours anti-étrangers et nationalistes, la candidate de l’extrême droite Marine Le Pen est très appréciée par la communauté gay, d’après des sondages réguliers qui la place en seconde place, comme dans le vote national. Ceux-ci voient dans la diversité un danger pour le respect de leurs identités. Si tous ses électeurs ne sont pas racistes (et inversement, tous ceux qui combattent la candidate frontiste ou ne votent pas pour elle peuvent très bien l'être), beaucoup ne comprennent pas pourquoi ces derniers abandonnent l'universalisme qu'ils mettent en avant quand il s'agit de leurs droits.
En 2016 a eu lieu la première Paris Black Pride pour offrir une visibilité à ces sujets. L'édition 2017 aura lieu les 14, 15 et 16 juillet. Les versions anglaise et américaine existent depuis plus de 10 ans. Des centres communautaires (surtout pour la santé) ciblent spécifiquement les personnes noires dans ces pays. En France, Paris Black Pride vient également de proposer une table ronde sur la santé des gays noirs, car la discrimination est un facteur supplémentaire de prise de risques. Cette population représente seulement 1% des dépistage du VIH de l'association Aides par exemple, mais 4% des résultats positifs. Il est plus qu'urgent que des campagnes spécifiques - sur la santé des personnes racisées LGBT... et donc également sur le racisme - naissent.
En France, SOS homophobie a créé l’été dernier le groupe de travail Racisme et Diversité ethnique (R.e.D.) et lancé en mars une enquête sur le quotidien des « LGBT racisés de France » pour en savoir davantage sur la « double peine » qu’ils subissent (à la fois la double discrimination ET le racisme au sein de la communauté LGBT). L’objectif ? Rassembler le plus de témoignages possibles de victimes comme de témoins des discriminations, avec une diversité maximum de répondant.e.s, de manière à être le plus représentatif possible, et pouvoir ensuite « en fonction des besoins, apporter présence, soutien, information, aide. »
Pour participer à cette étude, rendez-vous ici.
Les témoignages seront recueillis jusqu’au 31 décembre 2017. L’ensemble des récits sera ensuite analysé et compilé par SOS homophobie afin de produire un ouvrage de synthèse et de référence au printemps 2018.
TÊTU essaiera régulièrement de donner la parole et la place à toutes les personnes LGBT.
 
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