"My.Kali" va bien, merci

Par Jérémie Lacroix le 02/08/2016
My.Kali rumeurs

Le e-magazine LGBT jordanien, My.Kali, publie nouvellement en langue arabe ; une révolution qui ne va pas sans quelques heurts et rumeurs...

Nous vous relations fin mai la passionnante histoire du e-magazine LGBT jordanien, My.Kali, lequel s'apprêtait à publier pour la première fois en langue arabe. En effet, My.Kali, l'un des premiers magazine LGBT du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, paraissait jusqu'à présent en anglais. Ce choix délibéré du fondateur, Khalid Abdel-Hadi, s'expliquait par la volonté de ne pas trop attirer l'attention sur le magazine naissant, lui laissant ainsi le temps de prendre sereinement son envol. Cependant, après neuf années d'existence et une demande croissante pour une version en arabe - notamment par toute une frange du lectorat ne parlant pas anglais - My.Kali a fait une petite révolution et marqué à nouveau l'histoire LGBT du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord en publiant en arabe dans sa version en ligne de mai/juin.

Ce lancement a été très bien accueilli, comme nous l'a expliqué Khalid Abdel-Hadi :

Nous avons reçu plein de retours positifs et ça a été un bon succès, surtout parmi le lectorat étranger ne parlant pas anglais et qui ne pouvait pas profiter de notre contenu jusqu'à présent. Nombreux sont ceux à avoir exprimé leur enthousiasme à voir My.Kali publié en anglais et en arabe. À l'inverse, certains étaient inquiets des réactions que cela pourrait engendrer.


En effet, bien que l'homosexualité ne soit plus pénalisée en Jordanie depuis 1952 - ce qui en fait l'un des rares pays du Moyen-Orient à avoir adopté une telle législation - l'homosexualité est encore perçue comme immorale par 97% des Jordaniens, selon le dernier sondage global sur la perception de l'homosexualité à travers le monde publié en 2013 par le think tank américain Pew Research.
My.Kali a donc essuyé plusieurs critiques notamment sur les réseaux sociaux. Le magazine a été accusé pêle-mêle de vouloir "saper les traditions et la culture jordanienne" (notamment lors d'une couverture de 2009 où Khalid Abdel-Hadi portait un keffieh jordanien sur son torse nu), de "chercher à répandre l'homosexualité" ou encore de "se plier à un agenda étranger et occidental". Certains détracteurs allant même jusqu'à accuser My.Kali d'être publié sur papier sans être enregistré auprès de la Commission des médias et de l'audiovisuel (l'équivalent du CSA), laquelle a publié un communiqué pour confirmer que le magazine LGBT n'était pas officiellement enregistré et que des poursuites seraient engagées s'il s'avérait que ce dernier était publié sur papier.

Des critiques qui ont poussé My.Kali à publier à son tour un communiqué sur sa page Facebook pour rappeler son "indépendance", sa "dimension collaborative" et son "peu de moyens pour faire vivre le magazine en ligne". Car comme l'explique également Khalid Abdel-Hadi :

Le magazine n'a jamais été imprimé et n'a pas l'intention de paraître sur papier ou de devenir un organe de presse officiel en Jordanie. Être publié sur papier va à l'encontre de l'identité originelle de My.Kali.

Cependant, comme si ces critiques ne suffisaient pas, la presse LGBT étrangère s'est récemment emparée de l'affaire, la déformant jusqu'à l'excès. Et de relayer que l'équipe de My.Kali serait victime de menaces de mort suite à la parution d'une version en arabe, forçant à nouveau le magazine à publier un communiqué sur Facebook :

... My.Kali n'a pas reçu de menaces de mort comme rapporté dans la presse internationale. Il y a eu quelques commentaires négatifs postés sur des pages Facebook locales, lesquelles ont été dramatisées pour faire la une.

Malmené par ces critiques et ses propos déformés, le fondateur de My.Kali a souhaité pouvoir rétablir sa vérité pour que son magazine ne soit ni instrumentalisé, ni enfermé dans une identité :

My.Kali n'est pas que LGBT mais inclusif pour tous. (...) Notre plateforme collaborative s'intéresse à d'autres aspects que la dimension LGBT. On s'intéresse à l'art alternatif, à la nouvelle scène musicale, aux droits des femmes, à la liberté d'expression et à plein d'autres problématiques auxquelles fait face la société dans son ensemble. Cette dimension inclusive aide à construire des ponts de compréhension et d'acceptation et à promouvoir la tolérance parmi ceux qui ne se définissent pas comme LGBT.

Suivez l'actualité du magazine le site web de My.Kali ou sur Facebook.
Pour en savoir plus :
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