LGBTphobieUn survivant de la purge anti-gay en Tchétchénie kidnappé par son propre père

Par Marion Chatelin le 17/07/2018
Tchétchénie

Un jeune homme de 20 ans, rescapé des camps anti-gay en Tchétchénie, s'est fait kidnapper par un groupe d'individus, parmi lesquels son propre père, dans une rue de Saint-Petersbourg, en Russie, vendredi 13 juillet 2018. Il aurait été retrouvé par la police, contactée par les associations de défense des LGBT+ en Russie. Une information rapportée par le journal russe Novaïa Gazeta. 

À 20 ans, Zelimkhan Akhmadov a déjà dû endurer détention et torture à plusieurs reprises. Son crime ? Être homosexuel. Il aurait été torturé et forcé par les autorités tchétchènes à délivrer le nom d'autres personnes LGBT+. Sa famille aurait, quant à elle, été encouragée à commettre un « meurtre d'honneur », soit tuer ce garçon, accusé de leur faire honte. Des faits toujours plus terribles, confirmés par une association russe de défense des droits LGBT+, Russian LGBT Network, qui devraient alerter la communauté internationale sur le sort des gays en Tchétchénie, une République de la fédération de Russie.

« Aidez-moi »

Après avoir réussi à s'échapper des camps en Tchétchénie, Zelimkhan Akhmadov, rejeté par sa famille à cause de son homosexualité, prend la fuite direction la Russie. Il est recueilli par l'association Russian LGBT Network et placé dans un foyer sécurisé de Saint-Petersbourg en avril 2018. Un calme de courte durée. Vendredi 13 juillet, alors qu'il sortait les poubelles, cinq personnes, parmi elles sont propre père et un officier de police, le capturent et le forcent à rentrer dans une voiture. Selon le site d'information russe Novaïa Gazeta, des témoins de la scène l'auraient entendu appeler à l'aide, et le jeune homme aurait réussi à envoyer un SMS à l'association Russian LGBT Network dans lequel il écrit : « Aidez-moi ».

« La honte de la famille »

Toujours selon le site Novaïa Gazeta, un ami du jeune homme aurait alerté l'association de défense des LGBT+ russes, avant de se rendre dans un commissariat de la ville pour remplir une déclaration d'enlèvement. Saisie du dossier, la police aurait mené des recherches, avant de retrouver le jeune homme et son père quelques heures plus tard, et de les conduire au commissariat. Dans un communiqué publié sur son site, l'association Russian LGBT Network donne de plus amples détails : « Le père a menacé son fils, en lui disant qu'il était la honte de toute la famille ». Et d'ajouter : « Tout le clan a reçu des menaces de mort parce qu'ils ont un gay dans leur famille ». Pire encore, le père a par la suite demandé à son fil de faire une vidéo dans laquelle il dément son homosexualité et nie avoir été persécuté en Tchétchénie. Zlimkhan Akhmadov a refusé.

Avis de recherche

Un avis de recherche aurait été lancé par les autorités tchétchènes, dans le but de ramener le garçon de force dans son pays. Selon l'association russe de défense des droits LGBT+, cette tentative de kidnapping ne serait pas une première, puisque le jeune homme aurait échappé à cinq tentatives précédentes. Il serait depuis placé sous protection.
Dans un communiqué publié sur le site de l'organisation non gouvernementale Freedom House, le directeur des programmes européens et eurasiens, Marc Behrendt, a dénoncé un fait « loin d'être rare ».

« La persécution des LGBT+ tchétchènes est loin d'être terminée. Comme tant d'autres, Zelimkhan a fui la Tchétchénie après avoir été détenu et frappé par les autorités locales à cause de son orientation sexuelle. Vu le manque cruel d'investigations, qui devraient être menées par les autorités russes, Freedom House relaie la résolution prise par l'assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe et encourage la communauté internationale à demander une investigation indépendante sur les atrocités commises par les autorités tchétchènes. »

Depuis les premières annonces d'une « purge anti-gay » publiée par Novaïa Gazeta en 2017, quelques 200 hommes bisexuels et homosexuels auraient été détenus par les autorités tchétchènes. Parmi eux, 26 auraient été tués dans des camps de concentration.
 
Crédit Photo: Creative Commons.