SantéLes 10 chiffres qui vont vous donner envie d’aller vous faire dépister du VIH

Par Jérémy Patinier le 20/07/2017
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De quand date votre dernier dépistage ? Quand il s'agit de connaître son statut sérologique, deux comportements surgissent : trouver une bonne excuse pour le remettre à plus tard, ou le déni. Ne pas se sentir concerné est la première embûche, surtout lorsqu'on se croit séronégatif. En tant que population gay, à fort taux de VIH, nous sommes tous concernés.

Que ce soit l'occasion d'un test de routine pour prendre l'habitude, le prétexte d'amener un ami qui ne s'est jamais fait dépister (et ils sont nombreux) ou le moyen de lever un doute sur des prises de risques récentes (sans que le virus ne manifeste de symptômes), il n'y a pas de mauvaises raisons pour faire un dépistage ! Aujourd'hui, l'épidémie stagne et c'est un problème : cela veut dire que les contaminations continuent. Alors que si tout le monde se faisait dépister, plus de gens seraient traités, et rapidement leur virus deviendrait intransmissible (lire plus d'informations à ce sujet ici). Ces 10 chiffres devraient vous en convaincre.
 

Près de 3 000 gays chaque année sont contaminés en France

Depuis 2010, près de 6 000 personnes découvrent leur séropositivité chaque année. En 2015, la majorité des personnes diagnostiquées se déclaraient hétérosexuelles (54%). Malgré cette proportion plus importante chez les hétérosexuels, les hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes (HSH dans le jargon scientifique) représentent le seul groupe pour lequel le nombre de diagnostics ne diminue toujours pas. Le fait qu’il soit très minoritaire en nombre dans le pays fait que l’incidence (le taux de VIH dans une population) est dramatiquement élevé.
 

Environ 128 000 personnes vivaient avec le VIH en France en 2013.

Parmi elles, près de 95% des personnes dépistées sont sous traitement et deviennent indétectables : le virus est alors intransmissible.

 

25 000 personnes non-diagnostiquées

Environ 25 000 personnes sont non-diagnostiquées au VIH, dont 40% de gays ou bi. La moitié de ces contaminations se concentrent, selon les études, en Ile-de-France, en PACA et en Rhône-Alpes. Mais en proportion du nombre d’habitants, c’est dans les DOM-TOM que la situation est la plus préoccupante. En Guyane, en Guadeloupe et en Martinique la prévalence est la plus forte. 40 % des personnes porteuses du VIH dans le monde (plus de 14 millions) ne connaissent pas leur statut. Nombre d’entre elles sont des personnes exposées à un risque élevé d’infection par le VIH. Elles se heurtent souvent à des difficultés pour accéder aux services de dépistage existants. Alors qu'en France, nous n'avons aucune excuse pour ne pas y accéder (sauf la peur de savoir !) !
Les 10 chiffres qui vont vous donner envie d’aller vous faire dépister du VIH

De 7 à 17% de séropositifs dans la communauté gay en France

À Paris, Montpellier, Lille, Nice et Lyon, la prévalence (nombre de cas sur une période donnée) est en moyenne de 14% de séropositifs dans le groupe HSH. Ce nombre monte jusqu’à 17% à Nice et à Montpellier. À l’inverse, la ville de Lille affiche un chiffre relativement bas avec 7%.
 

Les infections augmentent chez les jeunes

Entre 2003 et 2013, le nombre de découvertes de séropositivité VIH dans ce groupe a fortement augmenté (+157%) chez les 18-24 ans.
 

Les HSH se dépistent tous les 3 ans en moyenne  

Malgré les recommandations de se faire dépister tous les ans, tous les HSH ne le font pas et c’est un frein vers la chute du nombre de contaminations : le délai moyen entre l’infection et le diagnostic de séropositivité au VIH reste de trois ans pour les hommes gays et les femmes hétérosexuelles, quatre ans pour les hommes hétéros, autant que pour les usagers de drogues. Pire encore, le délai entre l’infection et le début du traitement est trop tardif pour tous les groupes vulnérables : près de quatre ans chez les HSH et les femmes hétéros, huit ans chez les personnes usagères de drogues !

2017

Etre séropositif en 2017 ne veut pas dire mourir. Ils vivent, font du sport, sont dans votre entreprise ou votre club de bridge, peut-être même dans votre famille. Mais le fait de devoir vivre avec une maladie incurable, et parfois de devoir cacher son statut sérologique, peut entraîner de graves dépressions et avoir des conséquences sur l’estime de soi. La qualité de l’accompagnement médical, notamment psychologique, est alors très importante. Les discriminations peuvent également être sociales, comme nous l'expliquions ci-dessous.

Un résultat en 30 minutes

Le test rapide est réalisé par prélèvement d'une simple goutte de sang au bout de votre doigt.  L'obtention du résultat demande un délai de 30 minutes ! Ce test est totalement fiable, mais ne donne un résultat qui ne prend pas en compte les 3 derniers mois.
En cas de prise de risque inférieure à 3 mois, il vous est fortement recommandé d’effectuer un autre test, avec une prise de sang « classique ». Ce test est également très fiable, mais ne donne un résultat qui ne prend pas en compte les 6 dernières semaines. 
Si vous avez pris un risque dans les 48 dernières heures, il faut recourir au TPE : le Traitement Post-Exposition, un mois de médicaments qui empêcheront l'installation du VIH.
 

20€ l’autotest, et même gratuit !

L’autotest VIH accessible sans ordonnance se présente sous la forme d’un kit permettant de détecter dans le sang les anticorps produits après une infection par le virus du sida. Le test est réalisé à partir d’une goutte de sang et le résultat est obtenu en l’espace de 15 à 30 minutes. Ce sont les mêmes « tests rapides » qu’utilisent les associations de lutte contre le VIH. Ils sont donc absolument fiables.  D’après une étude réalisée par les pharmaciens, sur les 100 000 vendus en 2016, il s’agissait d’un premier dépistage du VIH pour 40% des utilisateurs d’autotests. La région Ile-de-France, présidée par Valérie Pécresse, a annoncé le financement de 10 000 exemplaires gratuits.
 

« 90/90/90 »

Le compte-à-rebours a été lancé par l’ONUSIDA pour atteindre l’objectif des « 90/90/90 » dès 2020 : 90% des personnes séropositives dépistées, 90% de celles-ci sous traitement, 90% de ces dernières avec une charge virale indétectable. Ils visent même 95/95/95 en 2030 afin d’enrayer l’épidémie. Si tout le monde se dépiste, se traite et devient indétectable,  c’est aussi la « charge » collective qui sera allégée.
 
> Trouver un lieu de dépistage gratuit : http://www.aides.org/depistage-vih-sida
 

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