Le RefugeNicolas Noguier et Frédéric Gal quittent la direction du Refuge

Par Nicolas Scheffer le 18/02/2021
Refuge

INFO TÊTU - Nicolas Noguier a présenté ce jeudi 18 février sa démission de la présidence du Refuge devant le Conseil d'administration de la fondation. Un départ qui survient après les conclusions redoutées du diagnostic du BCG.

Mises à jour 10/02/2021 et 26/05/21

C'est peu dire que ce rapport du BCG était redouté à Montpellier, au siège du Refuge. Ce diagnostic, mené par "un cabinet extérieur et indépendant", fait suite aux  révélations de Mediapart concernant une "prise en charge défaillante" des jeunes LGBT+ accompagnés par Le Refuge. Le Conseil d'administration a convenu de plusieurs mesures à mettre en place pour améliorer les conditions d'accueil des jeunes et le travail des bénévoles et salariés. Le président de la Fondation, Nicolas Noguier a présenté sa démission, et Frédéric Gal va quitter ses fonctions de directeur général.

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Démission

"Le Président de la Fondation, Nicolas Noguier, a présenté sa démission, dont le Conseil d’administration a pris acte" écrit l'organisation dans un communiqué. "Le Conseil tient à saluer l’action de celui sans lequel la Fondation n’aurait jamais pu exister, et a tenu à lui proposer symboliquement  un poste de Président-fondateur (non-exécutif), s’il l’accepte." Le Conseil d'administration précise qu'ils devront collégialement nommer un nouveau.elle Président.e, qui sera "chargé.e de recruter un nouveau.elle directeur.ice général.e."

Nicolas Noguier et Frédéric Gal étaient les principaux visés par l'enquête de Mediapart. Depuis le 22 décembre, et l'annonce du diagnostic, les deux hommes avaient décidé de se mettre en retrait de la direction, le temps de l'enquête.

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Nicolas Noguier "va certainement devoir assumer des poursuites judiciaires par la suite. Au sein du collectif, plusieurs personnes veulent déposer plainte", indique à TÊTU Yohann Allemand qui a initié le Collectif des jeunes et anciens bénévoles du Refuge. Il qualifie le départ des deux hommes de "première victoire". Cette mise en retrait était en effet préconisée par le collectif.

Après l'enquête, le maire de Montpellier avait  demandé à ses équipes de "surseoir au versement des subventions" accordées à la fondation. Alors président de la Dilcrah, Frédéric Potier a écrit au Refuge pour demander des explications.

Le président se ferait appeler "papa"

L'enquête de Mediapart a pointé un management très agressif à l'égard des bénévoles, des salarié·e·s et des jeunes. Plusieurs jeunes disent avoir été mis à la porte de l'association en raison de leurs différends avec la direction. Plusieurs des personnes interrogées critiquent le manque de professionnels encadrant les jeunes. Alors même qu'ils disent avoir alerté depuis plusieurs années et le passage de l'association en fondation.

Selon plusieurs témoignages, Nicolas Noguier se serait fait appeler "papa" par les jeunes et aurait fréquemment donné des "câlins" et des "étreintes". Un comportement jugé "malsain". Les dirigeants ont jusqu'alors assumé ces démonstrations d'affection. Ils disaient avoir voulu construire un lien de confiance avec les jeunes. Des personnes trans disent avoir été ridiculisées et régulièrement mégenrées.

Des excuses du Conseil d'administration

"Au nom de la Fondation, le Conseil d’administration souhaitait en premier lieu  présenter ses excuses et avoir une pensée pour toutes les personnes, jeunes, bénévoles,  salarié.e.s, qui ont pu se sentir blessé.e.s, mal accueilli.e.s, ou mal considéré.e.s. A toutes  celles-ci et à tous ceux-là nous leur affirmons avec force que nous ferons tout pour  regagner leur confiance" a tenu à répondre le Conseil d'administration dans son communiqué. 

Ils ont par ailleurs annoncé une ligne d'écoute mutualisée avec d'autres associations LGBT+, des formations pour les bénévoles et salariés, une "nouvelle charte du droit à l'image" pour les supports de communication, ainsi que la nomination d'un.e médiateur.rice pour faciliter une libération de la parole chez les bénévoles et les jeunes. Des mesures qui viennent directement palier les "dysfonctionnements" qu'a confirmé le diagnostic.

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Elisabeth Moreno, ministre déléguée en charge de l'égalité femmes-hommes, de la diversité et de l'égalité des chances a réagi dans la soirée. La ministre rappelle que "les dysfonctionnements révélés par d’anciens bénévoles et salariés, confirmés par l’audit conduit en janvier et dévoilés le 18 février 2021, sont graves et portent atteinte à une structure dont l’utilité est reconnue par tous. " Elle annonce "prendre acte" des décisions du Conseil d'administration, et "souhaite que les services de l'Etat puisse apporter la réponse adaptée" et insiste sur le "devoir d'exemplarité" d'une telle structure.

Crédit photo : Capture d'écran Instagram / Nicolas Noguier

[Mise à jour, 26/05/21] Droit de réponse de Nicolas Noguier

"TÊTU a publié, le 18 février 2021, un article dans lequel je suis expressément visé et que je ne peux laisser sans réponse. Je tiens à récuser les faits qui me sont imputés. L’association que j’ai fondée a pour objectif de venir en aide  aux personnes en souffrance et rejetées par leurs proches. En  aucun cas je n’aurais pu tolérer des comportements  discriminants ou de harcèlement en son sein. 

Les propos tenus concernant un « comportement malsain » que j’aurais eu à l’égard de membres de l’association constituent des accusations mensongères. Je tiens à renvoyer le lecteur à la réponse que j’ai apportée à l’article publié par TÊTU le 2 avril 2021."