Un peu moins d'un an après la sortie au cinéma de son film L'Été nucléaire, le réalisateur Gaël Lépingle revient dans les salles avec Des garçons de province, beau récit sur le vécu gay hors des grandes métropoles.
En 2022, Gaël Lépingle nous surprenait avec L'Été nucléaire, qui racontait l'isolement forcé d'une bande d'ados à la suite d'un accident dans une centrale électrique. Le réalisateur fait son retour en salles ce 1er février avec le sobrement intitulé Des garçons de province, un récit sur de jeunes gays vivant dans des petites communes de France, mais aussi une histoire "très personnelle".
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"C'est très proche de mon propre vécu de jeune gay trente ans plus tôt, développe le réalisateur. J'avais envie de montrer des choses qui me manquaient dans le cinéma français. J'avais besoin de décentrer les représentations LGBT du côté urbain, branché, nocturne, qui sont majoritaires – et c'est compréhensible ! Mais il y a autre chose à montrer. En repassant par mes souvenirs, je me suis dit qu'être gay et avoir entre 15 et 20 ans dans de toutes petites agglomérations, c'est quelque chose qu'il faut montrer. On a finalement peu d'imaginaires qui y sont liés."
Nos vécus gays de province
Des garçons de province comporte trois parties. D'abord, l'histoire de Youcef (Yves-Batek Mendy), un jeune employé de restaurant noir et gay coincé dans une relation routinière, et qui va entrevoir la possibilité d'un avenir différent auprès de performeurs et de drag queens fraîchement débarqués dans sa bourgade. On fait ensuite la rencontre d'un ado (Édouard Prévot) qui déambule dans sa ville avec une paire de talons aux pieds, avant de découvrir Mathieu (Serge Renko), un instituteur et photographe amateur, proche d'un jeune escort (Léo Pochat).
Dans ce film plutôt intimiste, Gaël Lépingle aborde ce que ressentent de nombreux hommes gays vivant hors des grandes métropoles : la difficulté à exprimer ce qu'on ressent, la solitude, l'ennui… "Je ne parle pas seulement de la province en tant que région, mais en tant que temporalité, confie le réalisateur. C'est un temps propre qui n'évolue pas beaucoup, ou en tout cas pas à la même vitesse que les grands centres urbains. Et ça, c'est assez fascinant." Et d'ajouter : "La province est un espace où tout pèse : l'environnement, les transports en commun, le regard des autres... Ça oblige à beaucoup se projeter dans l'imaginaire et, dans le film, ça passe par le vêtement, le costume, le travestissement. C'est quelque chose qu'on peut faire à deux, tout seul ou en communauté."
Avec Des garçons de province, Gaël Lépingle, qui démontre sa capacité à mettre en scène les émotions avec justesse, explore des vécus peu représentés au cinéma. Une démarche importante, et un bon moment à passer avec ces personnages, qu'on habite ou non en province.
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Crédit photo : La Transverse
