IsraëlDon du sang : Israël réintègre les gays, la France prône toujours l'abstinence

Par Adrien Naselli le 12/01/2018
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Israël a annoncé l'ouverture du don du sang aux gays sans délai d'abstinence. Pendant ce temps, en France, le Conseil d'État a retoqué la demande de plusieurs associations LGBT.

Les Services d'urgence médicales en Israël (Magen David Adom) ont annoncé l'ouverture du don du sang aux hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH). Selon The Times of Israël, c'est une coalition d'associations LGBT, associées à l’Israel AIDS Task Force et à la députée Meirav Ben-Ari, qui a permis ce changement. Cette dernière est connue pour avoir fait un enfant avec son meilleur ami gay en 2016 et l'avoir révélé dans les médias israéliens.
Auparavant, une année d'abstinence était nécessaire en Israël pour prétendre contribuer au don du sang, comme c'est le cas en France. La coalition, qui a jugé cette précaution « inadaptée et pas réaliste », a réussi à faire changer la donne. Les services de santé du MDA expliquent ainsi avoir mis au point un système de "double-test" qui implique d'analyser une deuxième fois le sang des HSH avant infusion, après avoir été "conservé dans un congélateur spécifique pendant quatre mois". Le ministère de la Santé israélien a accepté de tester ce dispositif pendant deux ans.

Pendant ce temps, dans l'Hexagone

Le 28 décembre dernier, le Conseil d'État a retoqué la demande d'un particulier et d'associations LGBT concernant l'ouverture du don du sang en France. Mousse, Stop homophobie, Idaho France et Élus locaux contre le sida avaient décidé de s'unir contre le refus du ministère de la Santé d'abroger la disposition de l'abstinence pour les HSH. Dans son communiqué, le Conseil d'État développait :

Selon les travaux de l’Institut de veille sanitaire, la prévalence de porteurs du VIH est environ 70 fois supérieure chez les hommes ayant eu des relations sexuelles avec des hommes que celle constatée au sein de la population hétérosexuelle. [...] En outre, 62 % des donneurs réguliers dont le don a été trouvé contaminé par le VIH, en dépit d’une sérologie auparavant négative, étaient des hommes ayant eu des relations sexuelles entre hommes, qui n’avaient pas respecté la contre-indication existante.

Et de conclure : "Le ministre des Affaires sociales et de la Santé s’est fondé non sur l’orientation sexuelle mais sur le comportement sexuel et n’a pas adopté une mesure discriminatoire illégale". Les HSH doivent donc toujours respecter un délai d'abstinence de douze mois pour pouvoir se rendre sous les tentes de l'Établissement français du sang. Le 1er décembre dernier, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, réaffirmait d'ailleurs à TÊTU son ambition de conserver le délai d'abstinence :

TÊTU : Quelle est votre position sur l’ouverture du don du sang aux HSH ? Que pensez-vous de cette abstinence d’un an requise et raillée par une écrasante majorité de personnes ?
Agnès Buzyn : Je le comprends, cela dit c’est maintenant réglementaire. Je propose d’évaluer cette disposition au bout d’un an. Je comprends l’émoi que ça a pu susciter : c’était une forme de demi-mesure, mais on ne peut accepter qu’il y ait des contaminations par le don de sang. Il ne faut pas oublier que chaque année des personnes sont contaminées par le VIH par le don de sang. Le sujet reste donc sur la table, et j’assumerai les décisions qui seront prises dans un sens ou dans l’autre, soit de réduire le temps soit de le conserver. Pour moi il n’y a pas d’idéologie derrière ça, il y a des faits.

Une réponse qui a déclenché la stupéfaction et la colère de l'association Homodonneur : elle qualifie de "fake news" les propos d'Agnès Buzyn et lui écrit, dans son communiqué "bonne année" du 1er janvier 2018 :

Vous êtes allée jusqu’à affirmer des inepties indignes d’une ministre de la Santé : non, il n’y a pas chaque année plusieurs contaminations par le don du sang, chère hématologue de formation !

Plus que trois mois au Royaume-Uni

Comme le rappelle The Times of Israël, les législations sur le don du sang ont beaucoup évolué ces dernières années : après l'attentat homophobe d'Orlando, la Food and Drug Administration aux États-Unis avait été pointée du doigt par des gays se désolant de ne pas avoir pu donner leur sang à leurs amoureux et amis blessés. L'agence de santé avait alors promis de réétudier la question.
Au Royaume-Uni, le délai d'abstinence d'un an a été revu à la baisse à l'été 2017, et les HSH ne doivent plus observer qu'un délai de trois mois entre un don du sang et leur dernier rapport sexuel.
 
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Photo de couverture : Don du sang au centre EPIDE de Cambrai © EPIDE Officiel