coming outPourquoi cette internaute est-elle la "lesbienne la plus détestée d’Égypte" ? (vidéo)

Par Julie Baret le 01/09/2017
Dalia Al-Faghal lesbienne la plus détestée Egypte

Depuis qu'elle a relayé sa vie de couple sur Facebook, Dalia Al-Faghal et sa famille sont la cible de menaces de mort. Mais elle continue de témoigner.


"Salut, je m'appelle Dalia. Et je suis la lesbienne la plus détestée d'Egypte". En prononçant ces paroles devant les reporters de Buzzfeed, la jeune femme au cheveux court qui pose sur un fond rose réprime un sourire. L'expression l'amuse, surement par son déterminisme. Comment peut-on techniquement devenir "la lesbienne la plus détestée" d'Egypte ? Pour elle, il n'a fallu qu'un post sur Facebook. À ses amis sur digital, Dalia Al-Faghal partageait mi-juillet une heureuse nouvelle : son père homophobe, qui l'a longtemps rejeté à cause de son homosexualité, l'a finalement félicité pour sa relation de couple avec une femme.

Ça a été jusqu'à ce que les gens voient mon post, et là c'est devenu dingue.

Des internautes se ruent sur son post publié en anglais et en arabe. Beaucoup l'insultent et la menacent de mort. Son père n'est pas épargné et reçoit lui aussi des menaces similaires. Certains médias se passent le flambeau et Dalia se voit prêter un passé inventé de toute pièce, comme quoi elle aurait grandi en Europe alors que la jeune femme vient en réalité d'Arabie Saoudite. Elle est soudainement propulsée comme étant la première femme d'Egypte à avoir fait son coming-out.


Mais dans le flots d'insultes et de menaces contre elle et son entourage, Dalia compte aussi plusieurs message d'encouragement. "J'avais vraiment besoin de ce soutien", confie-t-elle aujourd'hui. Solidarity with Egypt LGBT, organisme qui s’emploie à dénoncer les exactions commises en Egypte, lui offre une tribune pour dénoncer le harcèlement qu'elle a vécu, de même que l'intrusion dans sa vie privée.

Ça me tue quand des bigots, des haters et des opposants aux droits humains m'attaquent et attaquent les personnes LGBT sur leurs propres plateformes. Si ça vous dégoûte de voir ou de lire des choses sur nous, si vous vous foutez de qui on tombe amoureux ou d'avec qui on couche, voici la sortie.

Guide à l'usage des jeunes LGBT

Dalia Al-Faghal a quitté l'Egypte il y a trois ans et vit désormais à San Francisco pour son travail. Sa petite-amie est diplômée d'Harvard et suit un doctorat (le prestigieux PhD américain) à Stanford.

"Maintenant je suis queer de la tête aux pieds", écrivait la jeune femme cet été sur Facebook. Pourtant plus jeune, elle a eu beaucoup de difficulté à passer l'étape du coming-in : l'acceptation à soi-même. Elle a confié à Cairoscene qu'elle était allée jusqu'à outer d'autres filles pour distraire l'attention d'elle-même, et qu'elle suivit une thérapie de conversion à l'âge de 17 ans, "laquelle n'a pas vraiment marché." De ses péripéties elle tire pour Buzzfeed des conseils avisés à la génération qui suit :

J'aimerais dire aux jeunes queer du Moyen Orient et d'Afrique du Nord que faire son coming-out n'est pas la seule chose. Vous devez vous trouvez un entourage qui vous soutiendra et, si vous n'en avez pas, essayer de trouver des gens avec qui vous avez des points communs sur Internet. Soyez fort et pensez de manière positive car il y a des gens qui seront là pour vous.

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Couverture : crédit photo Dalia Al-Faghal/Facebook