ItalieEn Italie, l'Assemblée approuve (enfin) un texte qui pénalise les actes LGBTphobes

Par Nicolas Scheffer le 06/11/2020
Italie

 L'Assemblée a voté en faveur d'une proposition de loi qui pénalise les actes LGBTphobes et sexistes. La loi doit encore passer devant le Sénat pour être approuvée définitivement. Une première pour le pays transalpin.

L'Italie a approuvé en première lecture une loi anti-discriminations. La chambre basse a en effet voté ce mercredi 4 novembre en faveur d'un texte qui fait des violences contre les personnes LGBT+ et les femmes, des crimes de haine. Dans les faits, cela signifie que les personnes qui sont poursuivies pour LGBTphobies seront condamnées plus sévèrement. Car aujourd'hui, il n'existe aucun texte en Italie qui punit explicitement les discriminations et discours de haine contre les personnes LGBT+.

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La loi a été adoptée à l'Assemblée italienne à 265 voix pour, et 193 contre. Le Sénat, où la coalition au pouvoir détient une faible majorité, doit maintenant l'approuver. Le texte renforce la loi anti-discrimination qui prévoit qu'une atteinte en raison de la couleur de peau ou la religion encourt jusqu'à quatre années de prison, indique Openly de la Thomson Reuters Foundation. Le texte doit également instaurer une journée contre les LGBTphobies le 17 mai, indique Courrier international.

"Un grand pas en avant"

"C'est un grand pas en avant contre les discriminations, la haine et la violence", a jugé le rapporteur de la proposition de loi, Alessandro Zan, un parlementaire ouvertement gay. "C'est une première victoire après des années de batailles. Passons maintenant rapidement au Sénat", a réagi l'association LGBT+ Arcigay, l'une des plus importantes du pays.

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Le parti démocrate de centre-gauche a soutenu la proposition de loi. L'opposition d'extrême droite et l'Église catholique ont dénoncé le texte, arguant que les protections qui existent déjà sont suffisantes. Le groupe "Pro-vie et Famille" a déclaré que la loi rendrait les personnes LGBT+ "plus égales que les autres", dans une allusion à la dystopie de George Orwell. L'épiscopat italien a averti que cette nouvelle loi pourrait remettre en cause l'idée que la famille est l'union d'un homme et d'une femme.

Plus de 100 crimes de haine chaque année

Alessandro Zan a dû justifier que cette loi n'empêcherait pas la liberté de s'exprimer et assuré qu'elle ne faisait que punir ceux qui incitent à la haine. Les associations LGBT+ dénoncent une homophobie latente en Italie. Ces associations déplorent depuis longtemps que les attaques homophobes et transphobes sont condamnées moins sévèrement que les actes de racisme. Chaque année, Arcigay enregistre plus de 100 crimes de haine et de discrimination.

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Depuis les 25 dernières années, plusieurs tentatives pour mieux encadrer légalement les LGBTphobies ont échouées. L'adoption de nouveaux droits a souvent été confronté à l'opposition de l'Église catholique et de groupes conservateurs, notamment l'union civile, finalement votée en 2016 après des débats houleux.

 

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