En Italie, la Chambre des députés a adopté hier la loi sur l'union civile homosexuelle. Une victoire en demi teinte pour la communauté LGBT italienne.
Les députés italiens ont adopté hier, mercredi 11 mai 2016, la loi "unioni civili" à une large majorité de 369 voix contre 193. Comme lors du vote au Sénat, fin février, le gouvernement avait posé la question de confiance à la Chambre des députés pour s'assurer d'un vote rapide de la loi. En effet, des débats interminables dans l'hémicycle voire des modifications du texte précédemment voté par la Chambre haute auraient pu repousser son adoption.
Ainsi, après des mois d'opposition politique et de contestation populaire, le Parlement italien a définitivement adopté une législation qui apporte un minimum de protection et d'égalité aux homosexuels italiens. L'Italie pallie ainsi une lacune législative qui en faisait l'un des derniers grands pays d'Europe de l'Ouest à n'accorder aucun statut aux couples de même sexe.
Un texte au rabais
Les unions civiles seront célébrées par un officier d'état civil et prévoient notamment le bénéfice de la pension de réversion, la délivrance d'un titre de séjour pour le conjoint étranger, le droit de visite à l’hôpital, le partage du nom de famille...
Cependant, le texte a été revu à la baisse sous la pression de l'opposition de droite et de l'Église catholique. Ainsi, pour s'assurer d'une majorité suffisante et maximiser les chances de voir le texte adopté rapidement, le gouvernement de Matteo Renzi avait abandonné l'obligation de fidélité au sein du couple et la possibilité d'adopter les enfants naturels de son conjoint. En outre, l'adoption par des couples homosexuels avait été d'emblée exclue du projet de loi.
La communauté LGBT italienne divisée
Hier en fin de journée, des milliers d'Italiens ce soit rassemblés dans les rues de Rome, notamment autour de la fontaine de Trevi, pour célébrer une avancée sociétale attendue depuis 20 ans par la communauté LGBT transalpine. Des bâtiments de la ville éternelle ont été illuminés au couleur de l'arc-en-ciel. La sénatrice Monica Cirinnà est également descendue dans la rue pour célébrer l'adoption du projet de loi qu'elle a si durement porté face à une opposition particulièrement pugnace.
Cependant, cette victoire laisse un goût amer à ceux qui auraient souhaité que la loi aille beaucoup plus loin. En effet, pour une partie de la communauté LGBT ce texte au rabais entretient la stigmatisation des homosexuels, citoyens de seconde zone à qui on refuse une pleine égalité.
L'Arcigay, la principale association italienne de défense des droits LGBT, résume parfaitement le sentiment ambiant : "le verre est encore à moitié vide".
