Marche des fiertésToulouse : les coûts de sécurité menacent la Pride 2017

Par Jérémie Lacroix le 23/03/2017
Pride de Toulouse

Comme en 2016, plusieurs Marches des fiertés françaises sont menacées, notamment à cause des coûts de sécurité. C'est le cas de la Pride de Toulouse.

Toulouse doit organiser sa Pride le 10 juin prochain. Or le collectif en charge de l'organisation de l'événement n'est pas sûr d'être en mesure de supporter les coûts de sécurité imposés par la Préfecture de Haute-Garonne. En effet, si cette dernière est favorable au défilé, elle souhaite - tout comme pour le carnaval qui aura lieu ce samedi - que le parcours soit restreint et ultra sécurisé face à la menace terroriste. En découle un augmentation des coûts (vigiles, barriérages, blocs de béton...) pour les organisateurs de l'ordre de 20.000 euros. Une situation intenable selon Louise Lourdou, présidente d'Act Up Sud-Ouest, qui s'est exprimée au micro de France Bleu :

Bien sûr, on nous soumet une proposition en nous disant : "Si vous suivez nos directives, vous aurez le droit de manifester". Mais pour nous, c'est une façon de nous empêcher de le faire étant donné que les contraintes financières sont beaucoup trop élevées. Ce n'est pas possible pour l'association Pride Toulouse d'y répondre.

De son côté, le directeur de cabinet du préfet, Frédéric Rose, assume la position de la préfecture et estime que "la sécurité est l'action de tous". Et d'ajouter :

Beaucoup d'actions sont faites à destination des élus, des associations (...). On les sensibilise au risque terroriste. L'État et la mairie demandent à ces organisateurs de mettre en place des mesures spécifiques de vigilance, de fouilles pour se protéger face à la menace terroriste.

Pas d'argent, pas de visibilité

Si une Pride statique place du Capitole est également envisagée - comme à Marseille l'année dernière -, elle ne règle pas la surcharge financière puisqu'il faudra payer les vigiles et dédommager Vinci, obligé d'évacuer le premier niveau du parking sous la place.
Dans un contexte sécuritaire tendu, cette situation met en lumière les difficultés auxquelles font face les petites associations et l'inégalité de ces dernières face aux exigences de la préfecture. En somme, les associations importantes peuvent supporter l'augmentation drastique des coûts de sécurité tandis que les plus modestes se retrouvent étranglées et incapables de mener à bien leurs missions. Cela crée une hiérarchisation des luttes alors que tous les combats sont importants.
En effet, la défense des droits LGBT semble toujours aussi nécessaire à l'heure où ces derniers sont régulièrement remis en cause, comme le souligne Laure Lourdou :

Il y a une dimension politique aussi. [La Pride] s'inscrit vraiment dans un contexte où les droits des personnes LGBT reculent. Depuis la Manif pour tous, on est de moins en moins considérés.

De fait, les associations cherchent - dans l'urgence - tous les moyens financiers et humains possibles pour les aider à maintenir une Pride jugée essentielle.
Pour plus d'informations sur la Pride de Toulouse : www.pridetoulouse.com