Marlène SchiappaWauquiez, Collomb... Contre la PMA, les sorties nauséabondes reprennent

Par Julie Baret le 19/09/2017
Laurent Wauquiez Gérard Collomb PMA sorties nauséabondes

De part et d'autre du centre politique, deux hommes s'époumonent au sujet de la procréation médicalement assistée pour toutes les femmes ; comme un vieux relent de la Manif pour tous...

Maintenant que Marlène Schiappa, en plein remaniement par ordonnance du Code du travail, a lancé la cartouche de la procréation médicalement assistée dans l'arène médiatique de Jean-Jacques Bourdin, les réactionnaires s'en donnent à cœur joie.
"Il ne faudra pas laisser traîner le débat de la PMA pour ne pas générer de l'homophobie", nous avait pourtant prévenue la secrétaire d'État chargée de l'égalité femmes/hommes et de la lutte contre les LGBTphobie, avant de lâcher le morceau en direct, un an avant le commencement des débats.
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"J'appelle à ouvrir les yeux : Sens commun est devenu le cœur des Républicains, quand la droite modérée s'est déportée sur Emmanuel Macron", nous alarmait Frédéric Lefebvre dans une tribune parue dans le Huff Post au début du mois.
Laurent Wauquiez, adjuvant de la Manif pour tous qui brigue maintenant la présidence du parti Les Républicains, a lancé la première hostilité :


Sans surprise, il ramène sous son manteau la rhétorique de Sens Commun, et après avoir pollué le débat en invitant la gestation pour autrui aux côtés du don de sperme, il avance une réécriture de la loi Taubira. Dans une interview pour Valeurs actuelles à paraître jeudi et citée par Le Monde, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes rappelle sa volonté de revenir sur les "lois socialistes", comme il le déclarait en janvier :

On voit bien que la loi Taubira a ouvert une mécanique sur laquelle il est évident qu'il faut revenir. Il ne s'agit pas de démarier les couples de même sexe et le sujet n'est pas la notion de mariage, comme l'a exprimé François Fillon pendant la campagne présidentielle, mais bien de fixer des lignes rouges pour empêcher toute marchandisation et toute remise en cause de la filiation.

Un brouillage des pistes tactiques qui lui permet d’amocher la loi Taubira - et donc d'ouvrir la porte à son abrogation - sur le pan de la filiation. Or, nulle trace de procréation médicalement assistée ni de gestation pour autrui dans le texte de Christiane Taubira; ce que Wauquiez appelle les "dispositions qui conduisent à la GPA et à la PMA", c'est tout simplement le rapport de filiation entre un enfant et un couple homo : "revenir de l'adoption plénière par des coupes de même sexe à une adoption simple (NDLR : où l’adopté conserve tous ses liens avec sa famille d’origine)", voilà ce que propose le favori à la présidence des Républicains. Soit de rendre révocable la paternité des homos, comme le proposait en son temps de campagne François Fillon.
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Autre bord, mais même tirade. Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb - dont on se rappelait, avant son arrivée au gouvernement Philippe, le refus de marier les couples de même sexe - donne de l'écho au discours de l'opposition en déclarant au « Grand Jury » RTL/Le Figaro/LCI :

Vous le savez, qu'on ne retrouve pas à un moment donné des gens qui, parce que vous êtes dans le même endroit et que vous recueillez beaucoup [de dons], puissent se retrouver cousins, dans les mêmes lieux, sans le savoir... (sic)

Si on résume, la PMA pour les couples hétéros, légale aujourd'hui et limitée à un maximum de dix dons par donneur, ne pose pas de soucis. Par contre, si les femmes seules et lesbiennes s'y mettent aussi, c'est toute la population qui risque soudain la consanguinité. Une absurdité remarquée sur les réseaux sociaux :


Une sortie attendue de la part de la droite dure, mais qui surprend de la part de l'homme de gauche. Certains politiques du gouvernement composé autour d'Emmanuel Macron se retrouvent dans cette position incongrue de devoir défendre, au nom de l’exécutif, un cheval de bataille autrefois farouchement combattu. À l'instar du Premier ministre Edouard Philippe, qui cosignait en 2013 une tribune indiquant qu'il était "résolument" opposé à la PMA, du ministre de l'Économie Bruno Le Maire, opposé de longue date à l'ouverture de la procréation médicalement assistée, ou encore du ministre de l'Action et des Comptes publics Gérald Darmanin, qui avait déposé un amendement visant à interdire la PMA aux couples de même sexe lors des débats parlementaires sur la loi Taubira.
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Couverture : montage photo - crédit photo Sens Commun/Flickr et La ville de Montréal/Flickr