Vivre en couple protégerait de la dépression

Par Jérémie Lacroix le 28/04/2016
vivre en couple meilleure santé mentale

Un sondage mené au Royaume-Uni auprès de la communauté gay a démontré que vivre en couple et gagner en années favoriseraient une meilleure santé mentale.

Le sondage intitulé "Stonewall Gay and Bisexual Men’s Health" (littéralement Stonewall : santé des hommes homosexuels et bisexuels) a été commandé par l'association de défenses des droits LGBT : Stonewall. Il s'agit de la plus grande association de défense des droits LGBT du Royaume-Uni et d'Europe. L'association a mandaté la London School of Hygiene & Tropical Medicine afin de mettre au point le questionnaire soumis aux sondés.
5800 hommes âgés de 16 ans et plus ont répondu au questionnaire, lequel s'intéresse à la santé en générale et plus spécifiquement à la santé mentale. Sujet hautement actuel puisque cette année, le thème de la journée internationale de lutte contre l'homophobie et la transphobie est "Santé mentale et bien-être". En effet, on savait déjà que du fait du rejet, de la discrimination, de l'intolérance, de l'homophobie... les personnes LGBT étaient plus exposées aux troubles mentaux. Cependant, on avait l'habitude de considérer la communauté LGBT dans son intégralité, sans analyser d'autres déterminants tels que l'âge, l'ethnie, le revenu... Ce sondage vise donc à étudier les variations au sein de cette minorité sexuelle.

Les jeunes sont une population plus à risque

6% des jeunes de moins de 26 ans déclarent avoir tenté de se suicider, contre 1% des plus de 45 ans. La probabilité qu'ils souffrent de dépression est elle aussi doublée.
D'après le Dr Ford Hickson de la London School of Hygiene & Tropical Medicine, ces résultats pourraient s'expliquer par le fait que :

Les hommes sont plus capables de gérer l’homophobie avec l’âge ou s’ils vivent dans des zones privilégiées.

L'étude démontre également que les hommes homosexuels et bisexuels seraient plus sujets à la dépression et à l'anxiété que le reste de la population masculine. Cependant, ce sont encore une fois les jeunes qui sont le plus exposés puisqu'ils auraient 2 fois plus de risques d'être dépressifs que ceux de plus de 45 ans.
En outre, l'étude met en lumière d'autres facteurs à risque comme l'origine. Ainsi, les homosexuels et bisexuels noirs auraient 5 fois plus de risques de tenter de se suicider que leurs homologues blancs, et 2 fois plus de risques d'être dépressifs.

Étudier les variations pour mieux adapter les politiques de santé publique

D'autre facteurs jouent sur la santé mentale des individus : le niveau d'éducation et de revenus. Ainsi, un homme homosexuel ou bisexuel avec un faible niveau scolaire et un faible niveau de revenus aurait plus de risques d'être dépressif ou de tenter de se suicider, qu'une personne ayant un niveau de revenus et d'éducation élevés. Certaines zones géographiques seraient également plus à risque en termes de santé mentale. Ainsi, il a été constaté que les hommes homosexuels et bisexuels vivant à Londres auraient moins de risques de développer des troubles mentaux que ceux vivant dans le reste du pays.
Enfin, le sondage a révélé que les hommes homosexuels et bisexuels vivant en couple étaient moins sujets aux troubles mentaux que les célibataires. En effet, ils auraient 50% moins de risques d'être dépressifs, soulignant que ce constat ne ce reproduisait pas pour ceux qui vivent en colocation.
Au-delà de révéler les variations au sein de la communauté homosexuelle et bisexuelle masculine, cette étude vise à mieux axer les politiques de santé publique à destination de ceux qui en ont le plus besoin. C'est en tout cas ce qu'appellent de leurs voeux les scientifiques qui ont mené l'étude.