L'intimité des stripteaseurs en images

Par Julie Baret le 29/04/2016
Jan Rattia stripteaseurs photographie

TÊTU a interviewé le photographe Jan Rattia sur son travail "Tease", une fenêtre ouverte sur la vie quotidienne et intime de ceux qui se déshabillent dans les clubs…

Depuis deux ans, Jan Rattia traverse les États-Unis pour capturer des professionnels méconnus : les stripteaseurs. De Miami à Phoenix, de Washington à Atlanta en passant par la ville de New York, cet artiste vénézuélien et ouvertement gay s’est intéressé à la vie de ces hommes au-delà des paillettes de la scène. Nous l’avons interrogé sur son travail.
Est-ce que tu peux te présenter à nos lecteurs ?

Je m’appelle Jan Rattia. Je viens de Caracas au Venezuela. Je suis allé vivre aux Etats-Unis dès l’âge de 20 ans pour mes études, et j’y vis toujours aujourd’hui.

Jan Rattia stripteaseurs photographie
© Jan Rattia, "SelfPortrait", 2015, Chromogenic print, Courtesy of ClampArt, New York City

Quel a été ton parcours ?

Je fais des photos depuis que je suis très jeune et j’ai toujours baigné dans l'art en général. Mais j’ai aussi travaillé dans les affaires pendant plusieurs années avant de devenir artiste-photographe à plein temps.

Quelles ont été tes influences artistiques ?

C’est difficile de répondre brièvement à cette question… J’ai été principalement influencé par des artistes figuratifs qui soutiennent leur récit grâce à une utilisation très réfléchie de la lumière. Du Caravage à Robert Mapplethorpe en passant par Philip-Lorca diCorcia, et bien d’autres.

Concernant tes modèles ?

Bien que je travaille avec des modèles professionnels, je photographie principalement des personnes dont ce n’est pas le métier. Généralement les séances photos sont par conséquent plus longues et demandent plus de directives de ma part. Mais c’est quelque chose que j’apprécie parce qu’il se produit quelque chose d’inattendu durant le processus, et alors le moment devient très spécial pour le sujet et pour moi.

Jan Rattia stripteaseurs photographie
© Jan Rattia, "Bravo II", 2012, Chromogenic print, Courtesy of ClampArt, New York City

Quelle est ton approche créative ?

Ce qui m’intéresse c’est de créer une tension avec mes images, parfois grâce à la forme, parfois grâce au sujet. Parfois même une combinaison de ces deux approches.
J’essaie de prendre des photos qui livrent des histoires uniquement partielles, afin que le spectateur puisse lui-même remplir les blancs. Mais elles tournent généralement autour de sujets qui suscitent un intérêt personnel pour moi.
J’ai tendance à penser très longuement à ce que je veux photographier avant de prendre mon appareil photo.

Tu as photographié des strip-teaseurs. Est-ce que tu peux nous parler de ces hommes ? Qui sont-ils ?

Ce sont des amis, des maris, des pères, des petits-copains, des fils, des oncles, des collègues de bureau, des camarades de classe… Ce sont des gens comme tout le monde, et maintenant nombre d’entre eux sont mes amis.

Comment les as-tu rencontrés ?

J’ai un ami qui gère un club avec des danseurs, donc j’ai commencé à sympathiser avec eux, à connaitre leur vie privée et le parcours individuel de chacun. C’était fascinant.

Jan Rattia stripteaseurs photographie
© Jan Rattia, "Jake", 2012, Chromogenic print, Courtesy of ClampArt, New York City

Pourquoi avoir décidé de leur dédier un shooting ?

Je travaillais sur un autre projet et je cherchais un corps masculin musclé pour l’arrière-plan d’une photographie, donc j’ai demandé à mon ami de me recommander quelqu’un pour prendre la pose. Mais j’ai réalisé que j’étais sur le point d’utiliser cette personne comme un accessoire pour ma photo, alors je me suis interrogé sur mes objectifs et je l’ai invité à déjeuner avant le shooting. Et là je me suis vraiment intéressé à qui il était, et j’ai commencé à découvrir toute la complexité de ces gars-là, à découvrir leurs histoires personnelles en dehors de leur travail. Ça a commencé à germer à partir de là, alors je suis retourné au club et j’ai commencé à créer des images là-bas, dans les coulisses et chez eux dans leur intimité.

Quel est le message que tu as voulu faire passer à travers ces photographies ?

De nombreuses intentions traversent ces images. Je dirais qu’elles sont plus attrayantes et plus facile à digérer visuellement que conceptuellement. On a tous des idées préconçues sur le monde, et j’espère que ces photos en remettent certaines en question.

Quel est ton futur projet artistique ?

J’ai l’habitude de travailler sur plusieurs projets à la fois et de laisser le travail se prendre en charge par lui-même, comme ce fut le cas pour "Tease" qui a pris vie tout seul. A l’heure actuelle je m’intéresse à la création d’images combinant à la fois le réel et l’artificiel. Mon travail est principalement basé sur des portraits, donc on peut s’attendre à y voir encore d’avantage d’individus.

Depuis le 9 avril, Jan Rattia expose ses œuvres à New York dans la galerie Clampart ; son exposition « Jan Rattia : Tease » se tiendra jusqu’au 21 mai.
Retrouvez le travail de l’artiste sur son site officiel et son profil Instagram.

Jan Rattia stripteaseurs photographie
© Jan Rattia, "Angel", 2012, Chromogenic print, Courtesy of ClampArt, New York City

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© Jan Rattia, "Jordan", 2012, Chromogenic print, Courtesy of ClampArt, New York City

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© Jan Rattia, "Smoke and Mirrors", 2012, Chromogenic print, Courtesy of ClampArt, New York City

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© Jan Rattia, "Joe", 2012, Chromogenic print, Courtesy of ClampArt, New York City

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© Jan Rattia, "Leland", 2012, Chromogenic print, Courtesy of ClampArt, New York City

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© Jan Rattia, "Leland III", 2012, Chromogenic print, Courtesy of ClampArt, New York City

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© Jan Rattia, "Logan", 2012, Chromogenic print, Courtesy of ClampArt, New York City

Jan Rattia stripteaseurs photographie
© Jan Rattia, "Rod", 2012, Chromogenic print, Courtesy of ClampArt, New York City

 
Photo couverture : © Jan Rattia, "Bravo II", 2012, Chromogenic print, Courtesy of ClampArt, New York City.
 

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