Spray au poivre contre les trans : le nouveau dérapage de la Caroline du Nord

Par Julie Baret le 13/05/2016
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En Caroline du Nord, les élèves pourraient bientôt être armés de spray au poivre pour se défendre. Oui mais de qui ? Des pervers sexuels ? Non non, seulement des trans…

Armez-vous les enfants ! De vilains transsexuels pourraient s’en prendre à vous durant votre pause pipi ! Vous savez ces individus qui affrontent les préjugés, les discriminations et le rejet pour se sentir enfin eux-mêmes dans leur propre corps. Ces personnes qui viennent d’être honteusement attaquées par la loi HB 2 en Caroline du Nord, laquelle leur refuse l'accès aux toilettes correspondant à leur apparence. Depuis, les personnes trans, qui ont lutté pour être enfin reconnues comme homme ou femme, sont contraintes d’utiliser des sanitaires contraires à leur genre vécu, mais conforme à leur acte de naissance.
Sauf que ce ne sont pas les transsexuels que les législateurs de cet Etat désirent aujourd’hui protéger (non bien-sûr, une personne née homme mais apparaissant comme femme n’a aucune chance de se faire aborder voire agresser en utilisant des toilettes pour hommes…), mais bien les élèves du secondaire.

Le spray au poivre comme arme de défense aux toilettes ?

En effet, en Caroline du Nord, le Conseil de l’Education du réseau scolaire de Rowan-Salisbury – qui englobe le comté de Rowan et la ville de Salisbury – a jugé favorable l’utilisation de sprays défensifs, comme le spray au poivre, dans les enceintes des lycées.
Cette autorisation, dont la décision finale sera prise plus tard dans le mois, pourrait être mise en vigueur dès l’automne. Or Chuck Hughes, l’un des membres du conseil d’Education, soutient cette réforme car il la juge utile contre les étudiants transgenres qui utiliseraient les toilettes correspondant à leur identité de genre, dans le cas où la loi HB 2 serait abolie. Il a ainsi déclaré dans le Salisbury Post :

Selon la manière dont les tribunaux se prononcent sur les questions des toilettes, cela peut être un outil utile pour les étudiantes qui vont aux toilettes, sans savoir qui pourrait rentrer.

Or Chuck Hughes a du sentir qu’il était allé trop loin, puisqu’il est depuis revenu sur cette allégation, en soulignant qu’il regrettait ce "commentaire lunatique et inapproprié", et que c’était des "pervers ‘hétéros’" dont il se préoccupait…

Le président du Conseil rectifie le tir

Le président du Conseil de l'Education de Rowan-Salisbury, Josh Wagner, s’est lui-même prononcé contre cette ligne de pensée. Pour faire amende honorable, il a affirmé dans le Huffington Post que la discussion tenue au sein du Conseil n’abordait nullement le point soulevé par Chuck Hughes, mais bien la sécurité des élèves en général, et en particulier des filles sur le chemin de l’école.
Une polémique qui vient renflouer le lots de controverses soulevées par la loi HB 2 aux Etats-Unis. Le ministère de la Justice américaine a d’ailleurs engagé des poursuites contre la Caroline du Nord et sa loi de "discrimination parrainée par l’Etat". Lundi 9 mai, l’Etat gouverné par Pat McCrory a à son tour annoncé qu'il poursuivrait le ministère en justice pour sa tentative d’annulation de la loi. Un véritable bras de fer juridique qui n’a pas encore trouvé de planche de salut…