Interview : Sara Hartman : "être gay dans les Hamptons c’est accepté. À Berlin c’est célébré !"

Par Julie Baret le 03/06/2016
Sara Hatrman interview

TÊTU a interviewé Sara Hartman, une jeune artiste américaine happée par la frénésie berlinoise, pour la sortie de son premier EP aux délicieux arômes pop.

Sara Hartman a fait ses armes derrière le micro des cafés et des restaurants des très prisés Hamptons. Puis elle a traversé la moitié du globe pour s’installer à Berlin et s’atteler à produire ses propres compositions : une pop profonde et mélodieuse, mêlée à une voix puissante et enchantée. Une véritable perle musicale qui lui permet d’être repérée par les plus grands artistes. A 19 ans, elle accompagne déjà Ellie Goulding lors de sa tournée européenne, puis X Ambassador sur leur tournée US. Fin avril, la jeune femme a sorti un premier EP qui s’annonce comme la promesse de nous faire monter en orbite : Satellite.
Bonjour Sara ! Est-ce que tu peux te présenter à nos lecteurs ?

Je suis Sara Hartman. J’ai 20 ans, je chante, et j’écris des chansons. Il y a environ un an j’ai emménagé à Berlin pour poursuivre ma musique, et maintenant je peux explorer le monde pour la partager !

Tu viens des Hamptons. En France on connait ce lieu grâce aux films et séries télé comme une destination pour les riches New-Yorkais qui partent en vacances. A quoi ressemble cet endroit dans la vie de tous les jours ? Au-delà des paillettes et des écrans de télévision ?

C’est assez surréaliste de grandir dans les Hamptons. Je ne m’en suis pas vraiment rendue compte jusqu’à ce que j’en parte ! Un jour, alors que je travaillais dans un magasin de jouets sur Main Street à Sag Harbor, Usher est venu jouer avec les marionnettes ! C’est inondé des gens les plus célèbres et les plus riches des quatre coins du monde de juin à septembre, mais après la fête du travail, ça devient une petite ville. Quand j’y grandissais, les gens qui y vivaient à l’année travaillait d’arrache-pied tout l’été pour 1) Surmonter l’hiver et 2) Ouvrir la voie au luxe pour lequel les Hamptons sont si célèbres.

Sara Hatrman interview
Crédit photo Jennifer Stenglein

Un grand nombre d’habitants se plaignent des vacanciers - je veux dire, parfois ils sont vraiment terribles - mais c’est vraiment grâce à eux que tout le système fonctionne. C’est un endroit vraiment unique en son genre, et je continue de penser que c’est un des plus beaux que je connaisse.

Là-bas tu t’es fait de l’argent en chantant et en jouant dans les cafés et les restaurants. Qu’est-ce que tu tires de cette expérience ?

Jouer dans les restaurants et les bars c’était comme un camps d’entraînement pour moi. J’ai BEAUCOUP appris ! J’ai appris à attirer l’attention des gens, tout comme à jouer en bruit de fond. J’ai appris à installer tout mon équipement. J’ai appris comment chanter quand je voulais que les gens écoutent vraiment les paroles. J’ai appris à tisser un réseau avec d’autres musiciens. Et j’ai appris à chanter « Sitting On The Dock Of The Bay » (qui est une chanson que quelqu’un va inévitablement vous demander de jouer tout en mâchant ses mots). Il y a eu beaucoup de concerts difficiles, mais c’est à cette époque je suis tombée amoureuse de la musique.

Après ça tu es partie à Berlin. Comment apparaît la capitale allemande à travers les yeux d’une américaine ?

Je suis vraiment tombée amoureuse de Berlin. Quand je rentre de tournée et que je vais sur mon balcon, je sens que je suis à la maison. J’ai l’impression d’être au printemps, avec les fleurs de Berlin. Et tout d’un coup, sorti de nulle part, tout le monde est dehors en train de boire de la bière, de fumer et de rire depuis les tables des cafés en terrasse. C’est une ville riche en histoire, mais qui a aussi cette énergie jeune et créative qui pousse les choses au-delà des frontières. C’est une ville incroyable.

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C’est là que tu as rencontré Tobias Kuhn, le producteur de ton premier disque. Tu peux nous raconter cette rencontre ? Ce qu’il s’est passé ensuite ?

J’ai rencontré Tobias, brièvement, avant d’arriver à Berlin, mais je n’ai vraiment appris à le connaitre que lorsque l'on a commencé à travailler ensemble, en mai de l’année dernière. Je lui ai joué quelques chansons et il est immédiatement allé à la programmation. C’est vraiment un génie et je suis tellement heureuse d’avoir travaillé avec lui sur cet album. Les premières chansons qu’on a terminées ensemble c’était « Satellite » et « Monster Lead Me Home ». Je me souviens, on se regardait à la fin de chaque session du style « on doit continuer ! » Et on a fini par faire un album entier ! Il y a un équilibre délicat entre les éléments acoustiques et électroniques dans la production. Toby m’a ouvert son monde berlinois, c’est grâce à lui que j’ai rencontré les membres de mon groupe et la plupart de mes amis, ici, à Berlin.

Tu as joué en première partie d’Ellie Goulding et d’X Ambassador. Qu’as-tu appris de ces grands artistes ?

Voir Ellie tout déchirer chaque soir durant sa tournée a définitivement été une source d’inspiration pour moi. Son groupe et elle donnaient tout au public, et il leur rendait bien. Regarder cet échange d’énergie à un si haut niveau était vraiment magique. J’avais des papillons dans le ventre avant les concerts, et la voir mettre la pâtée m’a aidé à me lâcher sur scène.
X Ambassador se produisent avec la même intensité ! C’était très émouvant pour moi de jouer avec eux et je remercie ces deux artistes incroyables de m’avoir donné la chance d’ouvrir leur show.

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Crédit photo Jennifer Stenglein

Quelle a été ta meilleure expérience live ?

 Il y en a eu tellement ! Je ne pourrais jamais oublier la tournée d’Ellie Goulding à Zurich, quand pour ma chanson « From Other Side Of The World » - qui est déjà une chanson particulière pour moi car je l’ai écrite pour ma petite sœur qui me manque tellement – les gens ont commencé à sortir leur lampe torche de leur poche et à les déplacer de gauche à droite.
Puis le Delirium Tour s’est achevé et je me rappelle être au bord de la scène, comme si je me tenais au bord du monde, à voir de plus en plus de petites lumières se balancer d’avant en arrière dans la foule. Ils n’avaient même pas entendu la chanson avant ! Ça me donne des frissons rien que d’y penser.

Maintenant tu livres un premier enregistrement qui est une superbe compilation de compositions pop. Qu’elles ont été tes sources d’inspiration ?

L’inspiration pour cet album c’est en grande partie mon déménagement de New York à Berlin. C’est comme une sorte de journal intime sur l’excitation et la terreur extrême que j’ai connu durant les premiers mois, à être dans une nouvelle ville, à l’autre bout du monde, loin de ma famille et de mes amis. Je me sentais seule, mais profondément inspirée. Il y avait beaucoup de choses et j’ai mis tout ça dans la musique !

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Aujourd’hui tu parles à un média gay. Quelle posture défends-tu au regard des questions LGBT ?

Je crois que nous sommes tous des êtres humains et qu’on mérite d’être traité comme tel. Tu aimes qui tu aimes et tu es qui tu es, et c'est quelque chose dont tu ne dois jamais avoir honte. Je suis une grande supportrice et une grande amoureuse de la communauté LGBT.

Toi qui a vécu dans les Hamptons et à Berlin, est-ce que tu vois une grande différence entre ces deux endroits en ce qui concerne l’attitude envers les personnes LGBT ?

De mon point de vue, dans les Hamptons, être gay c’est accepté. A Berlin, c’est célébré ! Mon frère de 18 ans a fait son coming-out au lycée dans les Hamptons. Il a été accepté et aimé, mais c’est seulement quand il m’a rendu visite à Berlin pour l’été que je l’ai vu devenir lui-même sans retenue. Je dois dire que ça m’a tiré une larme de joie.

Qu’est-ce que tu penses des lois anti-gay qui ont été votées dans certains États américains, comme le Mississippi et la Caroline du Nord ?

Ça me fait mal au ventre. Les humains sont des êtres humains et ils méritent d’être traités comme tel. Je sais que les choses sont plus compliquées que ça, mais j’ai grandi avec cette règle et jusqu’à présent ça ne m’a attiré aucun problème. Je recommande à tout le monde d’essayer.

Sara Hatrman interview
Crédit photo Jennifer Stenglein

Et que penses-tu des artistes qui ont décidé d’annuler leurs concerts dans ces État afin d’en dénoncer les lois, et des autres artistes qui au contraire y ont joué pour montrer leur soutien à la communauté LGBT vivant sur place ?

Je ne suis pas la plus grande fan de l’annulation des concerts. Mais je soutien vraiment le sentiment.

Pour finir, est-ce que tu aurais un petit mot pour nos lecteurs ?

Continuez d’être incroyablement vous-même, je suis impatiente de retourner en France !

Ces derniers jours, Sara Hartman a fait vibrer les scènes du Pop Up Label à Paris, et de l’Europavox à Clermond-Ferrand. Elle s’envole désormais pour une tournée européenne dont vous retrouverez toutes les dates ici. Pour écouter ou télécharger ses chansons, rendez-vous sur son site officiel ou sur son compte Soundcloud.
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Pour en savoir plus :

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Crédit photo couverture Jennifer Stenglein