"Translúcidas" à la Maison Européenne de la Photographie

Au fil des portraits, c’est l’âme humaine, nue, fragile, qui nous est livrée.

C'est ainsi qu'est décrite l'exposition de Paolo Titolo par la MEP (Maison Européenne de la Photographie). Mariela Castro, qui l'a initié aux questions LGBT, explique que "translucide" qualifie le ressenti des personnes qu'elle rencontre dans le CENESEX (Centre national d'Education Sexuelle) à La Havane. Ainsi écrit-elle : "Translucides mais pas invisibles !" C'est bien le but de ces photos : rendre visibles celles qu'on ne montre jamais. Paolo a donc rencontré les volontaires, une par une, dans leur intimité.

Nous publions ici quelques-unes de ses photos ainsi que des extraits de l'interview croisée entre lui et sa femme réalisée par TÊTU.

En tant que communauté, les femmes trans restent marginalisées, les gens les regardent encore comme un phénomène de cirque. Quand j’ai commencé à travailler sur Cuba en 1994 j’ai fait des photos dans un show de travesties. Aujourd’hui, plusieurs personnes qui le souhaitent ont pu se faire opérer grâce à la politique qui a été mise en place à Cuba.

Il y a peu de crimes transphobes à Cuba, pour deux raisons : l’ouverture des Cubains et le travail du CENESEX. Un travail qui a pour objectif la lutte pour les droits des minorités sexuelles. Quand on travaille pour les droits des gays on le fait aussi pour les trans et aussi pour les femmes. A la différence d’autres pays, comme le CENESEX s’occupe des trans, la société les identifie à la communauté LGBT.

A la base je voulais faire un travail beaucoup plus provoquant. Je voulais les entourer de cadres travaillés dorés comme si c’était le portrait de reines ou de princesses. Je voulais montrer qu’elles n’étaient pas déguisées, dans leur quotidien, avec leur garde-robe, leurs outils quotidiens. Finalement mon travail je crois exprime cette fierté.

Nous avons fait une très grande exposition à la Havane pendant les journées de lutte contre l’homophobie. Elles étaient toutes là, l’expérience était magnifique car elles se retrouvaient intégrées. Le seul souci que j’avais c’était leur opinion d’elles sur la photo. Elles se sont senties devenir les protagonistes d’un événement artistique.

 
Dans le catalogue qui accompagne l'expo, Paolo Titolo dédicace ses photos : "A mes enfants Gabriela, Lisa et Paolo pour qu'ils aient une vie sans préjugés".